Pierre-Bénite, le maire mobilise la ville pour recruter les futurs abonnés d'un fournisseur privé d'électricité. Les communistes sont en désaccord !
Comment faire baisser le prix de l’électricité payé par l’usager ?
Cette exigence est au cœur des mobilisations pour que le gouvernement agisse en baissant les factures. Il le peut, il en a le pouvoir.
Il semble que ce soit aussi une préoccupation du maire de Pierre-Bénite comme l’annoncent le journal municipal et le Progrès. Monsieur Moroge se serait-il converti au social avec une proposition qui en surprend plus d’un. Essayons d’y voir plus clair.
Les libéraux, de l’extrême droite aux sociaux démocrates sont inquiets de voir en France, de nombreuses luttes sur les salaires, le pouvoir d’achat ou l’emploi soutenues par les communistes. Ces luttes confirment la chute importante du moral des Français au plan économique, leur recherche de solutions remettant en cause la gestion du capital dans les entreprises et les institutions. Comment les libéraux peuvent-ils les désamorcer tant elles leur font peur, à 6 mois des élections présidentielle et législatives ?
Monsieur Moroge est de ceux-ci.
Il n’ignore pas les colères dues au recul du pouvoir d’achat rogné par l’augmentation des factures des énergies. Celles du gaz (+ 57 % depuis le 1er janvier), de l’électricité (+10 % en 2020 et + 10 % prévus en 2022) et celle des carburants. Ces hausses sont terribles d’autant que la France est devenue un pays de bas salaires, particulièrement à Pierre-Bénite où résident de nombreux ouvriers, employés et techniciens.
Le projet du maire est d’inviter les habitants à adhérer à un groupement d’achats qui négocierait avec un fournisseur leur octroyant des baisses du prix de l’électricité, et celui du gaz ensuite. En fait, il s’agit du recrutement de futurs abonnés mis à la disposition d’un fournisseur privé d’électricité.
Tout adhérent au groupement d’achat aura un nouveau fournisseur qui pourra lui proposer des prix inférieurs au tarif réglementé d’EDF. Cela peut apparaître attractif à toute personne attachée à son porte-monnaie. Pourtant, il faut regarder plus loin que le bout de son nez.
Choisir un des 48 fournisseurs alternatifs privés existant en France, entraîne automatiquement la sortie du régime des tarifs réglementés gérés par la puissance publique avec EDF, et l’impossibilité d’y revenir. La fin de ces tarifs réglementés permettant la libéralisation complète de l’électricité orchestrée par la commission européenne avec la caution des gouvernements successifs notamment depuis la loi NOME de Sarkozy.
L’enjeu majeur est donc la pérennité ou pas des tarifs réglementés d’électricité. Nous sommes favorables à leur pérennité, car ils permettent à 28 millions de personnes d’en bénéficier encore aujourd’hui et de mettre des limites au marché pour imposer sa loi et ses prix.
C'est pourquoi, les communistes sont opposés à ce projet et appellent les habitants à ne pas y adhérer et à exiger l’abrogation de la loi NOME. Il aurait été plus juste et plus efficace que Monsieur Moroge se prononce pour la hausse des salaires, le blocage des prix de l’énergie comme Fabien Roussel député, secrétaire national du PCF le demande au Président de la République.
Les libéraux ayant des pouvoirs dans les régions, les métropoles et les villes font pression sur les populations pour qu’elles abandonnent maintenant les tarifs réglementés et anticipent leur fin probablement prévue fin 2023 tant pour l’électricité que pour le gaz. C’est ce que fait le maire de Pierre-Bénite, qui ne craint pas d’être en totale contradiction avec sa demande du retrait du projet Hercule qui démantèle EDF encore majoritairement détenue par l’État.
L’association « Que Choisir » montre dans une étude récente que si le fournisseur alternatif ne parvient pas à capter un nombre suffisant de consommateurs, il augmentera ses prix au dessus du tarif réglementé, ou il disparaîtra, abandonnant ses abonnés à la jungle des autres fournisseurs privés.
Pour capter le plus grand nombre, les fournisseurs alternatifs sont donc prêts à toutes les promesses, sachant qu’au final, ils augmenteront leur prix au bout d’une année de contrat, voire deux ! Chacun connaît ça, avec les abonnements aux opérateurs téléphoniques ! La concurrence qui fait baisser les prix est une farce ! Le profit reste leur obsession.
Le consommateur supportera alors des hausses des prix au risque de ne plus pouvoir payer sa facture d’électricité. Ils sera protégé l’hiver avec l’interdiction des coupures, mais dès le printemps revenu, le fournisseur coupera autoritairement l’électricité. Il devra alors rechercher un autre fournisseur qui veuille bien l’accepter et qui lui imposera alors ses prix ! Telle est la loi de la jungle du libéralisme.
Rajoutons que ce procédé, est en rupture avec le principe d’égalité, entre les habitants d’une même ville car payant des prix différents du KW, et entre les citoyens de villes et régions différentes bien qu’ayant le même fournisseur d’électricité. C’est contraire au principe fondamental du Service Public qui gère les biens communs et qu’assurait EDF avant d’être en partie démolie par les mêmes libéraux.
Monsieur Moroge s’apprête donc à entraîner des habitants dans la galère. Il aurait été plus crédible en supprimant la Taxe de Consommation Finale d’Électricité (TCFE) de 6 % perçue entièrement par la ville (160 000 € par an en moyenne pour notre ville). C’est une taxe perçue par toutes les communes de la métropole adhérentes au Sygerly et qu'elles utilisent comme elles veulent.
Rappelons que le prix de l’électricité est indexé sur celui du gaz. Dès que le prix du marché du gaz augmente, il entraîne l’augmentation automatique de celui de l’électricité. N’importe quel fournisseur alternatif d’électricité appliquera cette hérésie inventée par les libéraux. Le groupement d’achat de Monsieur Moroge ne nous en protégera pas !
Au niveau national, le surcoût de la rente à l’électricité renouvelable du capitalisme vert, soumis à la TVA de 20 %, représente une facture annuelle de 10,8 milliards d’€ pour les usagers. En baissant la TVA à 5 %, l’économie pour les usagers serait de 4 milliards. C’est ce que proposent les communistes.
Ils proposent aussi une réduction à 5 % de la TVA de la consommation domestique du gaz, de celle de l’électricité et de l’abonnement. Et la suppression de l’obligation faite à EDF de vendre à bas prix son électricité à ses concurrents qui découle de la loi NOME de Sarkozy qui contraint EDF à vendre 25 % de son énergie à 42 € alors que son coût est de 49 € ! Une perte qui oblige EDF à augmenter ses prix.
Concernant l’envolée des prix des carburants due à la spéculation des compagnies pétrolières (Total Énergie a fait au 3ème trimestre 2021, 4,6 milliards de bénéfices contre 202 millions au même trimestre de 2020) nous proposons de taxer les super-profits de Total et des autres compagnies d’hydrocarbures à 33 %.
Enfin, nous considérons immoral de prendre en otage les habitants en les contraignant à subir les conséquences des politiques néolibérales menées depuis les années 2000 et amplifiées par Macron !
Nous appelons les habitants de Pierre-Bénite à déjouer ce piège et à agir pour des réponses qui s’attaquent aux causes de la crise, la loi du profit, la privatisation des biens communs et la libéralisation de l’énergie. D’autres solutions existent. Soutenez-les et exigez qu’elles soient mises en œuvre par les institutions de la République, notamment la pérennité des tarifs réglementés avec EDF comme seul fournisseur public et la possibilité pour tout citoyen d’y revenir quand il le souhaite.
Au moment où se tient la COP26, exigeons aussi une relance de la construction de nouveaux réacteurs nucléaires qui fournissent de l’électricité décarbonée par tous temps et offre une production pilotable dans un mix-énergétique à développer au sein d’un nouveau service public de l’électricité et du gaz, soucieux des enjeux de sécurité, de la protection du climat et de l’indépendance énergétique du pays.
Pierre-Bénite le 5 novembre 2021
Déclaration de la section du PCF de Pierre-Bénite