Fin novembre à Migennes, 700 personnes ont manifesté contre la fermeture annoncée de l’entreprise Benteler à Migennes.
C'est le jeudi 18 novembre, que la direction du groupe allemand a annoncé que le dernier repreneur possible, Mutarès, n’a pas été retenu ! Un véritable cataclysme pour les 400 salariés de l’entreprise et leur famille, pour la filière automobile et pour l’Yonne.
Depuis, les salariés résistent, luttent et ont bloqué l’usine pendant une semaine.
A l’occasion des manifestations, des élus se sont exprimés, certains craignant véritablement la destruction du tissu économique local dans un département affaibli, d’autres ont souligné les dégâts qu’entraînent les choix capitalistes notamment des groupes de l'automobile qui multiplient les délocalisations fondées sur la recherche de rentabilité !
Pour les salariés de l’usine BENTELER et pour la CGT, la lutte continue !
Le temps presse pour les salariés qui se sentent oubliés du gouvernement. "Que fait le ministre des Finances, Bruno Le Maire ? Que fait Agnès Pannier-Runacher, ministre de l'Industrie ?", interroge un militant syndical. "Au moment où on nous parle tous les jours de relance et de réindustrialisation, on est en train d'être massacrés", s'insurge-t-il.
La situation de Benteler peut être amenée à se reproduire dans d'autres départements. "La crise des semi-conducteurs va générer des conséquences qui seront pires que la crise de 2008", craint un élu, estimant que "les constructeurs automobiles cherchent à internaliser tout ce qui était confié à la sous-traitance et aux équipementiers".
Les élus-es communistes de la Région Bourgogne Franche Comté ont fait connaitre leur refus de la fermeture de cette entreprise industrielle avec une déclaration que nous reproduisons ci-dessous
"A la surprise générale, la direction de Benteler a annoncé la fermeture du site de Migennes, produisant des pièces mécaniques pour l’automobile et employant 400 personnes. Elle invoque un déficit de rentabilité lié à la crise sanitaire et à celle des semi-conducteurs, mais c’est bien la concrétisation d’un projet de délocalisation des productions vers des pays à bas coût qui est à l’œuvre et qui concerne en réalité l’ensemble de la filière automobile.
Benteler, MBF Aluminium, Stellantis, … , les destructions de capacités productives s’accélèrent dans notre région, avec des conséquences dramatiques pour les salariés, leurs familles, et nos territoires.
Les constructeurs français sont en fait engagés depuis plusieurs décennies dans des stratégies visant à augmenter leurs marges et verser toujours plus de dividendes aux actionnaires privés, qui ne se sont jamais aussi bien portés. Ils n’hésitent pas à couper le robinet des commandes et transférer les fabrications de pièces, avec la complicité de l’Etat, actionnaire de Renault, et de la BPI (Banque Publique d’Investissement), présente dans le capital de Stellantis. Quant au gouvernement, il a mis en place un plan de relance de la filière automobile, qui s’avère être un plan d’accompagnement des suppressions d’emploi.
Il y a pourtant besoin en France d’une filière automobile pour répondre aux besoins de déplacement des familles et des salariés, à la hauteur de l’urgence climatique, avec des véhicules adaptés aux budgets populaires, plus légers et plus écologiques, favorisant la diversification des technologies (thermiques, hybrides, électriques).
Les chaînes de production sont chargées à 140% à l’échelle de la planète et à 70% en France. On peut donc produire plus ici, en créant des emplois et en développant la formation, si ce n’est plus la logique de rentabilité immédiate qui oriente les grands choix stratégiques.
Avec ses 55000 emplois directs dans l’automobile, implantés dans tous les départements, la région Bourgogne-Franche-Comté est au cœur des enjeux sur le devenir de la filière industrielle. Il s’agit d’en faire une grande question politique et citoyenne.
Les élus communistes et républicains de Bourgogne-Franche-Comté s’engagent.
Nous apportons notre soutien total aux mobilisations des salariés pour préserver les emplois et les savoir-faire, particulièrement à Migennes où il s’agit de gagner le maintien du site et ses 400 emplois.
Nous demandons que le gouvernement prononce un moratoire sur toutes les suppressions d’emploi : il faut sécuriser tout de suite les salariés car la vie des familles et des territoires n’a pas à être dépendante des opérations financières des groupes.
A l’échelle régionale, nous proposons une grande conférence réunissant les salariés, les élus locaux, les donneurs d’ordre et toute la chaîne de sous-traitance, les organismes de recherche, les banques, pour travailler à un plan de développement des activités automobiles dans le pays et dans notre région.
Cette conférence pourrait déboucher sur une proposition de charte de sous-traitance avec des engagements pluriannuels de commandes, de prix, et de soutien technologique, sur un plan de formation massif pour tous les salariés afin de répondre aux besoins nouveaux liés à la conversion écologique des productions.
Nous considérons enfin que l’évolution du parc automobile vers la décarbonation doit faire l’objet d’un débat public sérieux. La décision de la fin du moteur thermique à l’horizon 2035 en Europe a été prise sans discussion démocratique et peut s’avérer non seulement irréaliste mais également contre-productive au regard des ressources et des émissions de carbone.
Les mobilités face au défi du réchauffement climatique sont un sujet bien trop sérieux pour être laissé aux mains de quelques grands groupes et de leurs relais technocratiques.
Nous appelons les citoyennes et citoyens de Bourgogne-Franche-Comté à faire irruption dans le débat et dans les batailles des salariés pour conserver leurs emplois."