Après la puissante action des enseignants et parents d'élèves du 13 janvier, il faut repenser totalement l'école

Publié le 17 janvier 2022 par Front de Gauche Pierre Bénite

La mobilisation et l'unité exceptionnelles du jeudi 13 janvier, des enseignants et des parents d’élèves a conduit le ministre de l’Education nationale à bouger… un peu. Il a dû reconnaître que sa gestion de la pandémie et ses protocoles étaient inopérants bien qu’il ait affirmé le contraire les heures précédentes, lors de ses dogmatiques réponses aux parlementaires.

Il doit admettre qu’il n’y a pas suffisamment de masques FFP2, que la stratégie des tests est intenable et que de nombreux enseignants et personnels d’encadrement manquent pour remplacer ceux testés positifs ou malades. Si des classes sont restées ouvertes avec de nombreux élèves absents, c'est avec une prise de risque pour la santé des enfants et des enseignants.

Mais Blanquer refuse encore de répondre aux revendications syndicales en matière de conditions de travail et de rémunérations. Ses protocoles ont mis le feu aux poudres et généré un mouvement de masse sans précédent depuis très longtemps. Les personnels de l’éducation et beaucoup de parents ne supportent plus le mépris et les boniments du Ministre, qui a été le directeur de l’enseignement scolaire de Mr Sarkozy.

Depuis 2017, 60 000 postes d’enseignants ont été supprimés. Depuis qu’il est ministre, il n’a fait que de la communication visant à esquiver les conséquences d'une telle purge et les problèmes fondamentaux posés au profit d'une idéologie très droitière.

S’il a fini par être démasqué, mais il reste beaucoup à faire pour démontrer que sa politique de formation est une des plus passéistes que la France ait connue depuis longtemps.

Comme le rappelle Patrick Le Hyaric dans sa lettre de la semaine: "quand les classes sont surchargées, les chauffages défaillants dans les écoles, les enseignants non remplacés, d’autres en stress et burnout, ce ministre nous inonde de ses bonnes paroles : « nation apprenante », « vacances apprenantes », « école ouverte », pour camoufler une politique éducative ne cherchant qu’à favoriser ceux qu’il appelle « les plus méritants », avec un œil en permanence sur l’évolution du CAC 40."

Il n'a cessé de jouer l’école privée contre l'école de la République, tout en testant la possibilité pour les entreprises du numérique de remplacer les enseignants. Mr Zemmour propose lui aussi plus de cadeaux à l’école privée qui est selon lui « une alternative efficace au public gangrené ».

Macron vient d'affirmer qu’il fallait laisser les directeurs gérer leur établissement de manière autonome et permettre aux établissements d’adapter leurs programmes aux territoires dans lesquels ils sont dispensés. Zemmour est sur la même ligne en prônant pour les enseignants des « primes et la progression au mérite ».

Les communistes se doivent de mettre en débat et d’agir en faveur d’un projet moderne pour l’éducation comme le propose Fabien Roussel candidat communiste à la présidentielle, avec une part beaucoup plus importante de la richesse nationale qui permette de mettre fin à la ségrégation scolaire, aux décrochages massifs d’élèves qui quittent l’école sans diplôme, au mal-être enseignant en revalorisant leur travail et en les associant aux défis de l’enseignement et de l’éducation.

Le puissant mouvement de jeudi dernier doit être saisi pour repenser l’école et l’enseignement de ce siècle comme le suggère Marine Roussillon dans son article du 11 janvier.

Notre pays ne peut plus supporter les manques d'effectifs enseignants qui nuisent à la qualité de l'enseignement et détruisent les hommes et les femmes chargés de former les citoyens de demain ou que l’enseignement de certaines matières comme les mathématiques soient ravalées au rang d’options choisies essentiellement par des élèves issus des milieux les plus favorisés. Ni non plus qu’on ne trouve plus personne pour enseigner certaines disciplines à partir d’un certain niveau car ceux qui détiennent les diplômes pour le faire vont dans le privé pour gagner beaucoup plus que dans l’Education nationale.

Il faut donc instaurer le débat avec les enseignants, les parents d'élèves et les jeunes eux-mêmes pour faire vivre les propositions communistes mises en débat par Fabien Roussel notamment à Vénissieux le 3 décembre dans le cadre de sa campagne et pouvoir ainsi faire vivre dans les urnes les suites politiques à la grande journée de lutte du 13 janvier.

Pour une école des Jours Heureux

texte : 14 propositions pour l'école

1️⃣ Augmentation du temps scolaire : 27h en primaire, 32h au collège et au lycée, avec la possibilité de passer à 36h pour les lycéens ayant des options. L'augmentation du temps scolaire doit se faire sans augmenter le temps de travail des enseignants, déjà surchargés : plus de maîtres que de classes en primaire, temps de concertation et de travail en équipe inclus dans le service de l'ensemble des personnels d'éducation.

2️⃣ En finir avec les devoirs ou les cours particuliers qui envahissent le temps libre et la vie familiale : tout le travail scolaire doit se faire en classe.

3️⃣ Instauration dans les programmes scolaires de la logique des 3 tiers : 1 tiers d'enseignements littéraires et sciences humaines et sociales, 1 tiers scientifique et technique, 1 tiers culturels, artistiques et sportifs.

4️⃣ Réduction des effectifs : pas plus de 15 élèves en petite section de maternelle, 20 en maternelle et en primaire et pas plus de 25 dans l’enseignement secondaire.

5️⃣ Recrutement d’enseignantes et d’enseignants : 90 000 tout de suite. Rattrapage des salaires (+30% et dégel du point d’indice) et la mise en place de dispositifs de pré-recrutement aux niveaux Bac et Bac+2, sous statut de la fonction publique, pour une entrée progressive et sereine dans le métier.

6️⃣ Gratuité de tout ce qui est nécessaire pour réussir à l’école, garantie par un fonds national pour la gratuité scolaire.

7️⃣ Reconstruction de la médecine scolaire, des RASED, recrutement d’AED et recréation du statut de MISE, recrutement d’ATSEM, d’AESH, d’assistantes sociales et de CPE, de personnels administratif. 90 000 postes, au minimum.

8️⃣ Titularisation des accompagnants scolaires bien trop précaires et création de statuts pour les nouveaux métiers de l’éducation.

9️⃣ Revalorisation de la formation des enseignantes et enseignants : reconstruction de la formation initiale et continue.

1️⃣0️⃣ Élaboration démocratique des programmes scolaires, en incluant tous les acteurs de l’éducation et pas seulement les services du ministère.

1️⃣1️⃣ Retour à la possibilité de passer le bac pro en 4 ans au lieu de 3 par la création de CAP pour toutes les filières.

1️⃣2️⃣ Droit aux loisirs pour tous: séjours, sports, culture, équipements d'accueil, transports gratuits, à des tarifs accessibles pour toutes les familles.

1️⃣3️⃣ Grand plan national de construction, de rénovation ou d’équipement des locaux scolaires.

1️⃣4️⃣ Baccalauréat reconnu comme diplôme national garantissant l'accès à une formation choisie dans le supérieur : abrogation de la réforme du lycée et de Parcoursup.