Irlande. Le président Michael D. Higgins appelle à lever les brevets sur les vaccins
L’homme exerce la fonction de président de la République d’Irlande depuis 2011, mais comme ailleurs au sein de l’Union européenne (UE), en Pologne, en Italie, au Portugal ou en Allemagne, c’est un rôle largement honorifique, souvent cantonné au décorum et aux chrysanthèmes.
Dans un courrier envoyé à ses homologues non exécutifs de l’UE, Michael D. Higgins ne mâche pourtant pas ses mots. Devant les chiffres « lamentablement bas » de la vaccination contre le Covid en Afrique, il appelle l’Europe à arrêter de faire obstruction à la proposition d’une levée des brevets sur les technologies indispensables pour lutter contre la pandémie faite par l’Inde et l’Afrique du Sud à l’Organisation mondiale du commerce.
Selon ce travailliste, un changement de pied à Genève offrirait « une chance à l’Europe de prendre la tête du mouvement mondial et d’améliorer sa réputation planétaire ».
Higgins appelle également les Européens à participer au mécanisme, connu sous l’acronyme C-TAP, de mutualisation des savoir-faire, des connaissances, des brevets mis en place au sein de l’Organisation mondiale de la santé. Jusqu’ici, ce dispositif n’a pas connu un grand succès car il demeure boycotté par les multinationales pharmaceutiques et les grandes puissances occidentales.
« Pour l’Europe, c’est une question pratique, mais c’est aussi au nom de notre sens du devoir moral », lance-t-il.
Reste à espérer que les « exécutifs » à Bruxelles ou encore à Paris entendent, cette fois, la voix de la sagesse.
Thomas Lemahieu Article publié dans l'Humanité