Présidentielle et législative, intervention d'Evelyne Ternant au CN du PCF le 14 avril

Publié le par Front de Gauche Pierre Bénite

Présidentielle et législative, intervention d'Evelyne Ternant au CN du PCF le 14 avril

Présenter une candidature communiste a été le bon choix. Certes, il n'y a pas lieu d'entonner une marche triomphale, mais si nous nous étions effacés une troisième fois de cette élection qui, contre notre gré, est centrale dans nos institutions, je pense que nous en serions à l'heure du Requiem pour le parti.

Cette campagne nous a réinstallés dans l'espace politique national, elle a rendu heureux beaucoup de camarades, avec une incarnation par Fabien d'un parti chaleureux, combatif, qui parle simple et vrai aux classes populaires. C'est une semence qui lèvera. Que Fabien soit remercié pour son engagement courageux et la fierté qu'il nous a donnée d'avoir un candidat de qualité.

La mécanismes pervers consubstantiels à cette élection ont joué a plein: on le doit à la violence du quinquennat, l'arrogance du candidat-président, la poussée de l'extrême droite, aux médias et sondages qui prédisent, martèlent, façonnent et incitent au vote réflexe. On nous a volé le débat et le choix démocratique sur les projets.

J'en tire deux premiers enseignements :

1-Mettre davantage en cause le présidentialisme et l'existence de cette élection, conçue dès l'origine pour marginaliser les partis politiques et faciliter les aventures personnelles. Le système politique tel qu'il est aujourd'hui, permettra-t-il jamais à la gauche, à supposer qu'elle gagne un jour cette élection, d'arriver au pouvoir sur des bases saines ? Nous avons un problème institutionnel majeur que nous ne traitons pas à hauteur des obstacles qu'il dresse contre notre conception du changement de société.

2-Nous interroger sur ce qui pourrait nous permettre de résister aux vagues de vote dit utile : le point d'ancrage me paraît être la force de l'adhésion à un projet. Il y a besoin de faire grandir et partager la prise de conscience que seul un projet révolutionnaire peut commencer à résoudre les immenses défis actuels. Un projet qui met au centre les pouvoirs décisionnels des salariés et des citoyens, qui avance sur la sécurité d'emploi ou de formation, qui se donne la maîtrise de la monnaie et des secteurs stratégiques par la nationalisation, un projet qui se construit dans les luttes et pas dans la délégation de pouvoirs.

Le qualificatif de «pôle de gauche radicale» attribué aux 22% de voix portées sur Jean-Luc Mélenchon est discutable.

D'abord parce-que il y a eu agglomérat de votes de nature différente, qu'il faudra analyser, ensuite et surtout, parce que le programme de l'Avenir En Commun (qui n'est pas le motif du vote pour les 50% de ses électeurs) n'est pas «radical». Il y a beaucoup à dire sur sa cohérence et son réalisme, dans la mesure où il affiche des objectifs sociaux et écologiques qui ne peuvent pas être réalisés dans le cadre politique proposé: un changement de pouvoirs économiques qui n'est qu'à la marge et ne touche pas au cœur les logiques du système capitaliste financier globalisé.

Or, les dirigeants de LFI sont en train de nous dire que les discussions et alliances sur les législatives ne peuvent se faire que derrière leur programme, et dans le rapport de force électoral issu du premier tour de cette élection présidentielle, la plus perverse qui soit, instrumentalisée par ceux-là même qui prétendent vouloir une 6ème république.

Le CN d'aujourd'hui doit clairement refuser une telle approche dans ses discussions avec LFI.

Dire NON à l'injonction de se ranger le doigt sur la couture du pantalon derrière un programme qui n'est pas le nôtre, NON à une proposition de proportionnalité qui aboutirait à l'effacement du parti communiste dans 90% des circonscriptions. L'objectif d'avoir un groupe à l'assemblée est un enjeu majeur dont chacun a pleinement conscience, mais il ne peut pas se faire à n'importe quel prix.

Nous devons rédiger et publier un pacte d'engagements communs à proposer à l'ensemble de la gauche et au pays, un pacte de contenus, portant haut la barre des attentes sociales,  des droits nouveaux et des moyens financiers.

Le premier message à envoyer aujourd'hui aux fédérations, c'est de mobiliser sur un vote sans ambiguïté le 24 avril, qui est loin d'être évident pour certains de nos camarades.

C'est ensuite de lancer au plus vite la campagne communiste des législatives dans un maximum de circonscriptions, sans attendre les résultats des négociations.

 

 

Publié dans Présidentielle 2022, PCF

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