Réflexion intéressante de Michel Strulovici
Fin tacticien, Jean Luc Mélenchon l'est sans conteste. Il reste l'un des meilleurs élèves de son maître, François Mitterrand. Ainsi, dans cette continuation de la guerre par d'autres moyens , la politique , il sait transformer les défaites en victoire et lancer des nuages (« gazeux ») pour masquer son offensive.
Car, le leader (maximo) des Insoumis sait pertinemment qu'il ne pourra, dans les conditions actuelles du rapport des forces, devenir Premier ministre. Donc l'opération « troisième tour » couvre d'autres motivations. De celles qui engage l'avenir de la politique dans notre pays.
Il s'agit d'amener à son terme l'opération boa constrictor qui étouffe ses alliés à en mourir. Et comme le torero dans l'arène politique il est près de réussir l'estocade, tant les taureaux sont à terre.
Sous couvert d'unité populaire, il organise là, tout bonnement la disparition des « disparités » idéologiques qui courent, à gauche, notre pays depuis la Révolution française. Car la volonté hégémonique des Insoumis par le chantage aux sièges de députés, est d'éliminer tous les concurrents, de profiter de ce moment de déséquilibre pour tordre le bras à l'Histoire, au nom de l'unité. ( Remarquons en passant que le mot même de « gauche » est de moins en moins utilisé par les Insoumis et ce n'est pas un hasard).
Si l'opération réussit , alors, le populisme de Chantal Mouffe aura vaincu pour un temps. Alors la société ne sera explorée, dans ses ressorts que comme un ensemble constitué par un « eux » et un « nous ». Alors il sera légitime à gauche de dénoncer « oligarques, élites » et pourquoi pas « l'établissement » comme cela se pratique chez les populistes de droite. Au lieu et place d'une analyse de classes et de leur alliance pour transformer notre pays.
Une victoire pour un temps car l'expérience prouve que le populisme de gauche sert de tremplin à un populisme de droite qui se sent particulièrement à l'aise avec l'utilisation de la détestation et du bouc émissaire. C'en est même un marqueur clé de son imaginaire collectif.
La volonté de Jean Luc Mélenchon , donc, n'est pas tactique mais bien stratégique. Il souhaite, au nom de l'unité, son contraire, l’hégémonie totale, la disparition de ces scories de l'histoire : les partis politiques.
Car, à mon sens, l'union suppose des rassemblements de groupes divers, d'opinions diverses, de rêves particuliers, d'imaginaires différents, sinon cela s'appelle le totalitarisme.
Aussi la « une » de L'Humanité du jour, avec un Jean Luc Melenchon en majesté, en choque beaucoup. Est-elle l'un des signes de l'opération en cours , celle du Grand remplacement du marxisme par un post-marxisme populiste.
Article publié sur la page Facebook de Michel Strulovici