En Auvergne-Rhône-Alpes, la culture se rebiffe contre Laurent Wauquiez

Publié le par Front de Gauche Pierre Bénite

En Auvergne-Rhône-Alpes, la culture se rebiffe contre Laurent Wauquiez

Dans une lettre ouverte rendue publique ce 24 mai, des responsables d’institutions dénoncent les baisses de subventions massives décidées par la Région. Un dossier épineux dont pourrait avoir à se saisir la nouvelle ministre de la Culture.

Trop, c’est trop. L’onde de choc provoquée par les baisses de subventions massives de plus d’une centaine de lieux ou événements culturels en Auvergne-Rhône-Alpes n’en finit pas de faire des vagues et de s’étendre. Dans la Région et au-delà.

À la veille d’une commission permanente du conseil régional où seront officiellement validées les coupes budgétaires, une soixantaine de responsables d’institutions impactées par ces décisions dénoncent un coup de force dans une lettre ouverte rendue publique.

Si elle est adressée à la vice-présidente déléguée à la Culture et au Patrimoine, Sophie Rotkopf, c’est bien Laurent Wauquiez qui est visé. Les auteurs de la lettre mettent en cause « une méthode inacceptable » et une « absence totale de dialogue » à l’égard d’acteurs culturels dont beaucoup avaient même reçu des garanties de maintien de leurs financements. Une hypocrisie doublée d’une méconnaissance – réelle ou supposée – du rôle et de la place de ces institutions culturelles à l’échelle de l’ensemble du territoire et pas simplement du lieu où elles sont implantées.

Dans cette affaire où la culture est clairement devenue l’instrument d’un règlement de compte politique, les responsables d’établissements culturels ont tout intérêt à jouer profil bas dans l’espoir de récupérer tout ou partie de leur subvention. Il n’est donc pas anecdotique de voir qu’un grand nombre d’entre eux ont pris le risque de signer ce texte commun.

Une lettre à laquelle se sont également joints d’autres structures régionales épargnées par les baisses de subventions ainsi que nombre de responsables culturels d’autres Régions. On y trouve notamment la plupart des metteuses en scène de la jeune génération à la tête de scènes nationales dispersées sur tout le territoire comme Pauline Bayle, Chloé Dabert, Maëlle Poésy ou Julie Deliquet, mais aussi des personnalités comme Muriel Mayette-Holtz, Stanislas Nordey ou Robin Renucci.

Une solidarité qui a le mérite de rendre ce bras de fer plus visible et de le sortir du seul cadre régional. Et un dossier épineux dont devrait se saisir la nouvelle ministre de la Culture.

En effet, le conseil régional Auvergne-Rhône-Alpes a mis en émoi de grandes institutions culturelles en réduisant brutalement leurs subventions. Au moment où se tient un casting de choix réuni par Littérature Live (ex-Assises internationales du roman) à Lyon du 16 au 22 mai. On y  a croisé le dernier prix Goncourt, Mohamed Mbougar Sarr, l’écrivain coqueluche du moment, Nicolas Mathieu, mais aussi Philippe Sands, Maylis de Kerangal, l’Irlandaise Jan Carson, l’Anglais Robert Macfarlane, l’Australien Richard Flanagan ou la Tchèque Lenka Hornakova-Civade.

Cette année, le festival renoue avec le plaisir pour le public de rencontrer quelques-uns des cinquante auteurs français et étrangers tous présents en chair et en os et plus seulement par écran interposé. Les lecteurs apprécieront ces retrouvailles.

Les animateurs de la Villa Gillet, organisatrice du festival, auront plus de mal à en goûter toute la saveur. Et pour cause, le 11 avril dernier, au premier jour de l’ouverture de la billetterie, un mail de la Région AuRA avertissait la directrice, Lucie Campos, que la subvention de 350 000 euros dont bénéficiait la Villa était supprimée.

Pour celle qui a imposé son empreinte à la tête de ce haut lieu de rencontre et de diffusion de la littérature contemporaine, c’est un monde qui vacille. La Région est un des fondateurs de la Villa créée il y a 25 ans, elle avait confirmé son engagement financier pour 2022 et restait son premier financeur aux côtés de la ville de Lyon et de la Métropole.

Malgré cette annonce brutale? le festival a été maintenu. Par respect pour les auteurs invités. Pour le travail des mille deux cents lycéens de la région qui étudient les textes de certains de ces écrivains qu’ils rencontreront au cours du festival. Parce qu’il est trop tard pour arrêter un festival qui mobilise tant d’énergie. Au-delà, plus rien n’est écrit. « La Villa Gillet avait pour vocation d’être un lieu qui compte pour les écrivains contemporains et à l’échelle de la région. C’est la mort de ce projet tel qu’il a été pensé et conçu », regrette amèrement Lucie Campos.

Mince consolation, la directrice de la Villa Gillet a, elle, été officiellement informée de ces coupes claires, quand d’autres responsables d’institutions culturelles phares de la deuxième région de France l’ont appris en lisant la presse.

C’était le 22 avril dans le quotidien Le Progrès. La vice-présidente (LR) du conseil régional en charge de la Culture, Sophie Rotkopf, y détaillait la liste des lieux ou des événements qui verraient leurs subventions amputées ou supprimées. Et elle est longue. Outre la Villa Gillet, on y trouve l’Opéra de Lyon ponctionné de 500 000 euros, la Biennale d’art contemporain de 253 000 euros, le Festival Lumière de 100 000 euros, ou encore la Comédie de Saint-Étienne et le TNP de Villeurbanne.

Vraiment de quoi se rebiffer face à de tels diktats imposés sans discussion aucune !

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