Festival de Cannes 2022. Tout le palmarès !
Clap de fin de la 75e édition, qui s’est achevée le 28 mai. Voici la liste des récompenses qui ont été décernées lors de la cérémonie de clôture.
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Palme d’Or
«Sans filtre», de Ruben Östlund
Grand Prix
«Close», de Lukas Dhont et «Stars at noon», de Claire Denis
Prix du Jury
«Les Huit Montagnes», de Charlotte Vandermeersch et Felix Van Groeningen et «Eo», de Jerzy Skolimowski
Prix de la mise en scène
Park Chan-Wook, pour «Decision to leave».
Prix du scénario
Tarik Saleh, pour «Boy from heaven»
Prix d’interprétation féminine
Zar Amir-Ebrahimi, pour «Holy Spider» (Les Nuits de Mashhad)
Prix d’interprétation masculine
Song Kang Ho, pour «Les bonnes étoiles»
Palme du court-métrage
«The water murmurs», de Jianing Ghen
Mention spéciale du court-métrage
«Lori», de Abinash Bikram Shah
Caméra d’Or
«War Pony», de Riley Keough et Gina Gammell
Mention spéciale de la caméra d’Or
«Plan 75», de Chie Hayakawa
Prix spécial du 75e festival
«Tori et Lokita», de Jean-Pierre et Luc Dardenne
Palme d’or d’honneur
Forest whitaker, Tom Cruise
Prix C.S.T. de l’artiste-technicien
Andreas Franck, Bent Holm, Jacob Ilgner, Jonas Rudels pour «Sans filtre» de Ruben Östlund
Prix de la jeune technicienne de cinéma, décerné par la C.S.T.
Marion Burger, pour «Un petit frère» de Léonor Serraille
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Palme d'or. Sans filtre, milliardaires de tous les pays, coulez !
Ruben Östlund remporte la palme d'or au Festival de Cannes avec Sans filtre. Le réalisateur suédois était déjà récipiendaire du prestigieux prix en 2017 pour The Square.
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Le cinéaste suédois ne nous épargne rien de la déchéance des milliardaires. © Fredrik-Wenzel/Plattform
Ruben Östlund affiche un goût affirmé pour la provocation, mâtiné de quelques saillies subversives qui tombent à pic. Sans filtre est un mix entre la croisière s’amuse ( The Love Boat) et Titanic, où les survivants apprendraient à jouer à Robinson Crusoé sur une île déserte.
Un film où l’on brocarde le monde de la mode (chic et toc) ; les nouveaux riches (et même les anciens riches) ; le patriarcat ; les classes dominantes (et les dominées). Vous l’aurez compris, ici chacun en prend pour son grade.
Dans cet univers impitoyable, tout se vend, tout s’achète, de la bague de fiançailles à 28 000 euros au paquet de bretzels qui s’échange contre une partie de jambes en l’air.
Des maximes marxistes tendance Groucho
Le capitalisme, selon Östlund, se porte bien… pourvu qu’on ne le sauve pas. Il le fait donc couler, littéralement, après une scène apocalyptique et jouissive où les convives vomissent tripes et boyaux tandis que le yacht tangue. Le réalisateur ne nous épargne rien de la déchéance de ces milliardaires.
Le clou du film étant cette scène d’anthologie entre le capitaine du yacht, américain et communiste, et un oligarque russe converti à l’ultralibéralisme qui s’envoient à la gueule des maximes marxistes tendance Groucho et de bonnes vieilles blagues qui circulaient sous le manteau au temps de l’Union soviétique.
La fin ?
Face au dénuement, les rescapés du naufrage tentent de faire société. Inversion des hiérarchies, comportements primaires, solidarités aléatoires, bref, rien de très joli là-dedans et on sent comme une panne d’inspiration dans ce qui aurait pu être une chute plus spectaculaire, plus corrosive.
Pour Östlund, le cinéma serait-il son arme de dissuasion massive contre l’abêtissement des masses ?
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Article de Marie-José Sirach publié dans l'Humanité