Intervention de Jean Marc Durand au CN du PCF des 2 et 3 juillet 2022
Nous sortons d’une séquence électorale importante comme l’a dit Fabien Roussel dans son introduction ce matin. En faire un bilan est nécessaire pour avancer. J’y viens rapidement.
Présidentielle : on a bien fait de décider d‘une candidature communiste. Elle a permis une vraie visibilité du Pcf et son retour dans le jeu politique et médiatique, phénomène qui se confirme.
Mais nous avons eu des trous. C’est sur le comment faire, quels moyens et quels pouvoirs mobiliser, ce qui est essentiel pour convaincre de la validité de nos objectifs et donner à voir nos différences sur le fond avec les autres forces de gauche sans que cela constitue une barrière pour les rassemblements à construire. Et nous avons aussi subi le coup de poker de Mélenchon.
Notre résultat à la présidentielle a eu des conséquences directes sur les législatives. Le parti n’a pas pu présenter de candidats.es sur 90% du territoire national. D’où une situation politique difficile pour le parti avec des camarades quelque peu désorientés, surtout dans les FD privées de candidatures.
Résultat : un bilan contrasté. En positif on retrouve un groupe à l’Assemblée nationale et nous sommes à nouveau visibles mais nous ressortons avec un parti fragilisé et déstabilisé. Un sentiment accentué chez les camarades par plusieurs faits post électoraux. Une gauche qui ne crève pas le plafond, une abstention massive particulièrement aux législatives - le total des voix de gauche de la « Nupes » aux législatives est inférieur de 47% au total de gauche au premier tour de la présidentielle – et l’entrée en force du RN à l’Assemblé Nationale, évènement politique majeur mettant en évidence l’interconnexion entre racisme (préférence nationale) et social.
Ce moment, il nous faut l’analyser en mettant dans le coup et en réflexion un maximum de communistes dans les FD. Cela pourrait se concrétiser dans une assemblée nationale des délégués de section.
Si une telle initiative n’est matériellement pas possible, on devrait néanmoins appeler à la tenue dans chaque FD d’une AG départementale pour poser une analyse et en dégager des pistes pour l’avenir, cela en présence d’un.e membre de la direction nationale. Ce serait en outre une bonne entrée en matière pour lancer un travail collectif en vue du 39ème congrès dont le calendrier proposé est intéressant même s’il devrait intégrer un Conseil National en septembre.
En tout cas, rien ne justifie la campagne haineuse contre Fabien dans les médias, pas plus que de retrouver des comptes-rendus du C E N dans une certaine presse. Cela ne trompe personne, en fond d’écran, le cœur de cible c’est le 38ème congrès.
Or, aujourd’hui rien ne serait pire qu’un retour à l’avant 38ème congrès. Nous avons au contraire besoin de pousser, d’approfondir, d’avancer sur toutes les novations dont il est porteur et qui pour une part ont été trop mises en sourdine depuis 4 ans maintenant.
Car pousser les feux du 38ème congrès c’est le moyen de dépasser les penchants conservateurs comme liquidateurs qui peuvent nous traverser.
C’est le moyen d’affronter la nouvelle phase de crise qui va frapper dur - économique, sociale, climatique, démocratique et de régime - avec les risques de guerre et d’entrée en récession sous les coups de boutoir d’un capital avide. Et donc d’apporter des réponses à la hauteur pour le parti, le pays, l’Europe et le monde.
C’est enfin le moyen de travailler en positif le rassemblement à gauche, de l’union, ce qui concerne la « Nupes ».
Une union qu’il faut faire échapper aux conceptions anciennes, type collectifs antilibéraux où le mode de fonctionnement revient à prendre des décisions de sommet en contournant en fait la démocratie avec la règle du consensus. Il nous faut en effet construire le rassemblement à partir de l’action sur le terrain et de l’intervention des salariés et de la population sur des objectifs précis, radicaux et de transformation permettant un débat ouvert entre forces de gauche sur les contenus et de créer les conditions d’une union efficace.
D’où le besoin que le Pcf prenne des initiatives de mobilisation et d’action ouvertes à toutes et à tous (citoyen et forces de gauche). Par exemple à la rentrée dans le prolongement de notre travail à partir de la résolution proposée.
Enfin alors que notre résolution propose de ramener la TVA à 5,5% sur l’essence il faudrait en faire de même pour l’électricité et le gaz qui ont déjà une TVA à 5,5% sur l’abonnement, et que la Belgique applique depuis mars.
Cela à mettre en relation avec nos propositions quant aux moyens de production d’électricité. Un prix de l’électricité qui comme Patrice Bessac l’a dit ce matin pèse non seulement lourd dans le budget des ménages mais aussi dans celui des collectivités locales.