ST Microelectronics Crolles en Isère, des exigences légitimes...
Le 21 juillet, la direction de STMicroelectronics lors d'un Comité Social et Economique (CSE) central a répondu aux interrogations des représentants du personnel. La plupart sont sans réponse, le projet étant en cours d’élaboration. Pour la CGT la direction n’a pas voulu livrer toutes les informations.
Il y a satisfaction que STMicroelectronics et l’Etat aient enfin décidé de développer en France de nouvelles capacités de production en semi-conducteurs, portant la production de 10 000 à 22 000 plaques d'ici 2026, mais contrairement à ce qui a été repris par de nombreux médias (voir les deux articles sur ce blog), il ne s'agit pas d'une nouvelle usine de production mais d'une extension de l’usine Crolles2 300mm.
Pour la CGT cette extension était déjà dans les cartons de ST Microelectronics (le projet « Gateway »). Ce partenariat permet donc d’accélérer le projet d’extension, de mutualiser les coûts et surtout d’obtenir un fort soutien financier de l’Etat.
Par ailleurs, la CGT alerte sur :
• La souveraineté dans les semi-conducteurs
Dans son allocution du 12 juillet, Macron a affirmé que le projet allait assurer une certaine souveraineté. Or, la production de Crolles n'est qu'une brique de la filière microélectronique, celle du « Front End ». Concernant la R&D, ST Micro maîtrise la technologie 28FDSOI, mais la direction assume d’avoir stopper le programme 14FDSOI. Il n’y aura pas de transfert de technologie entre ST Micro et GF qui maîtrise le 22FDx. Le 18FDSOI n’est maîtrisé que par Samsung, et le partenariat ST/GF/Soitec/CEA d’avril 2022 sur le 10FDSOI reste une coquille vide !
Concernant le silicium, la France n'en produit pas ! L'opportunité serait un circuit court d’approvisionnement. FERROPEM pourrait fournir du silicium haute pureté. Or, en mars 2022, le gouvernement a validé la fermeture du site de FERROPEM Château Feuillet !
Enfin, concernant le « Back End » ou assemblage et le test, la quasi-totalité de ces activités sont faites en Asie !
Ainsi, malgré les discours, la filière microélectronique actuelle est loin d’assurer une véritable souveraineté.
• Les aides publiques et leur conditionnalité
La direction de ST Mirco a refusé de donner la ventilation de l’engagement financier de chaque partie sur les 5,7 Md€ annoncés. L’Etat n’a pas communiqué sur le sujet et c'est dans la presse que l'on a su qu'il participerait à hauteur de 40%, soit 2,28 Md€ !
Pourquoi l’Etat ne fait-il pas le choix de prendre part au capital de l'entreprise plutôt que verser des aides publiques afin de s’assurer de la mise en œuvre, du contrôle et du suivi des objectifs liés à son engagement financier ?
Avec un tel montant de financement de la production, auquel s’ajoute 200 M€ d’aides publiques par an dont bénéficie déjà ST Micro pour la R&D, doit-on se contenter du seul engagement de créer 1000 emplois (=> 2,28 M€ par emploi crée !) ?
Enfin, quelles seront les retombées pour la France, quand ST Micro pratique l’évitement fiscal et ne paye pas d’impôt en France, et que GF qui va créer une filiale française avec une vingtaine de salariés, va certainement suivre la même voie ? Dans ce contexte, pourquoi donner de tels sommes à des entreprises privées qui ne payent pas leurs impôts en France, alors qu’il y aurait plus d’utilité sociale à développer les services publics ou notre système de protection sociale ?
• La politique sociale de ST Micro.
Avec 2,6% de budget, c’est la politique salariale au rabais de ST Micro pour 2022 alors que l'inflation sur un an atteint plus de 6% a fin juillet.
En 2020, les salariés n’ont pas été augmentés malgré les bons résultats de ST Mirco, ce qui a conduit en 2021, le PDG, Jean-Marc Chéry, à octroyer une augmentation de 3% à tous les salariés, en sus de la politique salariale annuelle.
Globalement, la politique salariale de ST Micro est une machine à inégalités qui s’accroissent au fur et à mesure que l’on monte dans la hiérarchie.
Pourtant cette année, la direction de ST Micro a vraiment un contexte favorable avec : +25 % de chiffre d’affaires en 2021 (10,181 Md$ -> 12,729 Md$), +80 % de bénéfices en 2021 (1,106 Md$ -> 2 Md$). Il est donc possible f'entreprendre un autre partage des richesses créées par le travail.
Pas surprenant que des salariés quittent ST Micro. Mais, n'ébranle pas la direction qui s’autosatisfait de sa politique sociale, faisant même l’éloge du dernier accord QVT sur le télétravail alors que, par exemple, elle doit être la seule entreprise du secteur à ne pas verser d’indemnité forfaitaire aux salariés en télétravail ...
L’un des objectifs du partenariat est de créer 1000 emplois. Comment embaucher et surtout conserver des salariés qualifiés avec cette politique sociale méprisante?
Na faudrait-il pas dans la perspective de ces 1000 emplois, mettre dès maintenant un plan de pré-embauches avec une formation rémunérée par ST Micro et l'engagement d'une embauche en CDI bien rémunérée à l'issue de la formation ? N'y a t-il pas là une perspective pour la jeunesse et les privés d'emploi ?
• La politique environnementale de STMicroelectronics
Les informations sont inexistantes alors que l’humanité traverse sa pire crise environnementale, les simples déclarations d’intentions ou globalisantes ne sont satisfaisantes. Pour tous les sites de ST Micro, la CGT demande à avoir des chiffres précis tant sur la consommation d’eau, d’énergie, de gaz..., que sur les rejets liquides ou gazeux.
Sur ce projet d’extension de l’usine de Crolles2 300mm particulièrement, la CGT demande une évaluation de l’impact environnemental afin de définir en amont du projet les investissements nécessaires afin réduire celui-ci au minimum.
N'est ce pas une voie à suivre pour le développement d'une industrie sûre et sécurisée dans notre pays, qui répond aux besoins des populations, assume sa responsabilité sociale par sa participation aux impôts et cotisations sociales, respecte l’environnement et reconnaît le travail des salariés.
Sources CGT Mircoélectronics