Comment articuler urgence écologique et urgence sociale ? par Frédéric Boccara

Publié le par Front de Gauche Pierre Bénite

En pleine recherche de la sobriété énergétique pour faire face au défi climatique et de la guerre, les enjeux de pouvoir d’achat face à une inflation galopante se posent en grand.

Pour relever les défis actuels, il faut une autre logique que celle du capital. Une révolution pour engager l’emploi, les services publics et les moyens financiers.

Frédéric BoccaraMembre du conseil exécutif national du PCF

Frédéric Boccara
Membre du conseil exécutif national du PCF

Alors qu’il s’agit de renforcer et conforter un mouvement social et une gauche qui font face à des droites qui pèsent 75 %, les défis écologiques, sociaux, mais aussi humains (paix, pleine émancipation féministe, racisme) et démocratiques sont profonds. Les réponses donc doivent être à la hauteur. Il ne suffit pas, par exemple, de corriger ce qui est fait en taxant plus les superprofits du CAC 40… Cela laisse ces entreprises polluer et ne pas augmenter suffisamment les salaires, licencier, délocaliser. D’ailleurs, même Élisabeth Borne se déclare en faveur d’une telle taxation ! Il faut des réponses radicales. La radicalité, ce n’est ni la brutalité, ni pousser au bout la logique existante de notre système. La radicalité, c’est prendre les choses à la racine : partout une autre logique que celle du capital.

Rompre avec l’austérité et agir sur les entreprises tout autrement.

Les objectifs écologiques et sociaux ne doivent pas être disjoints. Le social n’est pas un accompagnement de l’écologie, il en est le moteur indispensable pour inventer et mettre en œuvre les solutions, en changeant nos modes de consommation et de production. Il faut donc en même temps soutenir les revenus, embaucher et former, et développer les services publics. Cela nécessite de rompre avec l’austérité et d’agir sur les entreprises tout autrement.

Comment agir alors autrement sur les entreprises et les banques ?

L’État doit leur imposer une autre logique que celle du capital, à savoir la recherche de rentabilité financière, même amendée. Cette autre logique consiste à développer les dépenses pour les femmes et les hommes, à faire reculer les émissions polluantes, à économiser les coûts du capital et à partager les dépenses.

Pour cela, il faut d’une part changer toute la logique des aides publiques comme celle de la fiscalité et du crédit bancaire, avec des conditions écologiques et sociales, d’autre part se doter d’institutions nouvelles de suivi de ce que font les entreprises et les banques, sur la base d’une planification démocratique appuyée sur des pouvoirs des travailleurs et des populations.

Ce qui nous amène aux moyens financiers.

On l’a dit, il faut des moyens considérables, les profits actuels des entreprises n’y suffisent pas. Immédiatement, la gauche – comme le mouvement social – peut exiger de tout autres critères aux 160 milliards d’aides publiques et la création de comités démocratiques de suivi de ces aides. Elle peut requérir la même chose du crédit bancaire. Elle peut aussi imposer une fiscalité modulée qui emmène avec elle les forces de la création et de la croissance réelle : un taux de taxation des profits d’autant plus élevé que les entreprises cognent sur l’emploi et les salaires, délocalisent ou polluent ; et un taux plancher pour celles qui vont vraiment dans le bon sens.

Enfin, une partie importante des milliards de la BCE doivent servir à des pré-embauches dans les services publics : une formation rémunérée le temps d’apprendre son métier de soignant ou d’enseignant.

En définitive, il s’agit d’engager une véritable révolution. Il faut entrer dans cette bataille, à la fois radicale et graduelle. Pour une gauche révolutionnée.

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