Témoignages d'Ukraine pendant la guerre, à méditer...
Quelques témoignages sur la vie en Ukraine pendant le guerre...
Marian est sergent dans l'infanterie motorisée. Blessé par un obus, il est en permission de récupération. Les dernières avancées dans le Donbass et la reprise de plusieurs villes dans l'Est motivent les troupes. "Je voudrais leur dire 'bravo les gars !'", mais il nuance aussitôt les avancées de cette contre-offensive : "A quel prix ?". Ce que Marian a vécu sur le front depuis le mois de juillet lui fait vraiment peur, il raconte "les morts partout" : "Parfois, on voit traîner par terre un bras, un pied, un crâne", décrit-il. Il poursuit en expliquant qu'il n'y a plus beaucoup de gars dans son unité. Trop d'entre eux "sont morts", blessés comme lui, ou portés disparus. Alors, il rêve d'une armée ukrainienne plus efficace, avec moins de pertes humaines.
Irpin ville dans les environs de Kiev. Après les destructions dues aux bombardements, les habitants d'Irpin s'attèlent à la reconstruction de leur ville. Une tâche immense avant l'hiver qui arrive. Au mois de mars, la ville d'Irvin prés de Kiev, était bombardée sans cesse, placée au cœur d'intenses combats entre Russes et Ukrainiens pour la prise de la capitale. Presque sept mois après, les immeubles sont éventrés et des débris jonchent les rues. Mais peu à peu la situation change, des immeubles commencent à être rasés, d'autres sont retapés. Le plus souvent, ce sont les habitants eux-mêmes qui reconstruisent leurs habitations. Il y a une véritable urgence à entreprendre certains travaux, sinon un seul hiver suffira à rendre les immeubles définitivement inhabitables. Olena, la présidente du syndicat de copropriété de 270 appartements, se sent un peu esseulée face à la tâche immense de la reconstruction et ne comprend pas que la mairie d'Irpin ne puisse pas les aider à réunir les fonds nécessaires. "Nous faisons tout, tous seuls", lance-t-elle, fataliste. Mais elle tente de faire face avec courage.
Comme les médias ukrainiens s'organisent. Ils ont bouleversé leurs programmes pour suivre au plus près l’évolution du conflit. A la radio publique, les émissions sont faites dans des studios improvisés dans des abris au sous-sol. Les Russes, quand ils arrivent, la première chose qu'ils font, c'est de couper l'électricité, couper Internet, couper la télé. Mais les ondes de la radio n'ont pas de frontières ! C'est relativement facile d'avoir la possibilité d'écouter de la radio. Et on a eu cette histoire d'une femme à Boutcha qui a passé le 9 mars allongée sur le plancher de son appartement : il y avait les tirs, les bombardements. Elle avait les écouteurs sur les oreilles et elle écoutait quelques vers de la poésie de Taras Chevtchenko, un poète iconique. Et elle a écrit que c'était quelque chose qui lui a permis de survivre à cette expérience. Mais on est à l'automne et l'hiver arrive, avec des doutes sur la production d'électricité en Ukraine, et sur les conditions de vie des prochains mois.
Economie. L'économie ukrainienne souffre énormément des effets de la guerre, avec une contraction de son PIB de 35 % attendue pour 2022, a estimé la Banque mondiale. Un effet dévastateur qui devrait durer du fait "de la destruction de la capacité industrielle, des dommages sur les terres agricoles et de la baisse de la main-d'oeuvre alors que plus de 14 millions de personnes ont été déplacées", détaille la Banque Mondiale. Selon une estimation de début septembre, les besoins pour la reconstruction et la reprise économique atteignent pour l'instant près de 350 milliards de dollars, "ce qui représente plus de 1,5 fois la taille de l'économie ukrainienne avant la guerre" et cette somme est en constante augmentation. L'Ukraine est au bord du gouffre ! L'effet de la guerre se fera sentir sur les pays d'Europe et d'Asie centrale, où la récession serait de l'ordre de 0,2 %. Et 2023 ne serait pas mieux avec une prévision de 0,3 % avec "une activité économique qui restera profondément déprimée tout au long de l'année prochaine". "Les plus touchés seront les pays qui dépendent moyennement ou fortement de l'importation de gaz pour le chauffage, l'industrie ou la production d'électricité ainsi que les pays fortement connectés au marché européen de l'énergie", insiste la BM, qui souligne que "ces pays doivent se préparer à des restrictions de gaz". "Le chevauchement de crises, entre la guerre ukrainienne, la pandémie et la hausse des prix alimentaires et de l'énergie sont des rappels douloureux que les Etats doivent se préparer à gérer des chocs massifs et inattendus", a souligné la vice-présidente pour l'Europe et l'Asie centrale à la BM. Attention aux mouvements sociaux, car il n'est pas certains que les populations restent spectatrices et subissent sans réagir.
A suivre...