Salaires : fortes mobilisations en Allemagne !

Publié le par Front de Gauche Pierre Bénite

Après l'expiration de l'obligation de paix dans la nuit de vendredi à samedi dernier, des militants syndicaux de l'industrie métallurgique et électrique ont réagi avec force à l'offre totalement insuffisante des patrons du secteur. De la Bavière à la côte, ils ont partiellement arrêté la production et des milliers de personnes ont participé à des manifestations organisées par IG Metall.

 

Le responsable de la région sud-ouest d'IG Metall et négociateur, Roman Zitzelsberger, a dressé le bilan suivant : "C'était un début réussi, qui a fait sentir aux employeurs le mécontentement des salariés. Et ce n'était que le début". A IG Metall Berlin, Brandenburg, Sachsen a tiré un bilan tout aussi positif de la première journée de grève d'avertissement de son district, au cours de laquelle environ 1600 métallurgistes ont cessé le travail à Berlin pendant une ou plusieurs heures. La négociatrice d'IG Metall, Irene Schulz, a été claire : "Nous n'avons pas besoin du conflit. Mais nous pouvons le faire s'il est nécessaire".

 

Les collègues apprennent tous les jours en faisant leurs achats que leurs finances sont au pied du mur. "Les prix à la consommation ont augmenté en octobre plus rapidement que jamais auparavant dans l'Allemagne unifiée", annonçait "tagesschau.de" la semaine dernière. Selon l'estimation provisoire de l'Office fédéral de la statistique, le taux d'inflation était de 10,4 pour cent ce mois-ci.

 

Comme ailleurs en Europe, alors que de plus en plus de personnes ne savent plus comment financer les besoins vitaux tels que le chauffage et la nourriture en raison de la hausse extrême des prix, de grands groupes réalisent des bénéfices records. Par le passé, cette évolution était généralement péniblement dissimulée par le slogan "Ensemble face à la crise" et le chant du "partenariat social". Face à la guerre et à la crise, on renonce parfois à un tel folklore.

 

Les négociations collectives actuelles dans l'industrie métallurgique et électrique en sont un bon exemple. Pendant six semaines, lors de vingt-trois réunions de négociation, la revendication d'IG Metall d'une augmentation de salaire de 8,0 pour cent sur une durée de douze mois a été tout simplement ignorée par le capital. Ce n'est que peu avant l'expiration de l'obligation de paix que Gesamtmetall a présenté une provocation plutôt qu'une offre.

 

C'est une déclaration de guerre contre les travailleurs et leur syndicat. Trois ans d'"abstinence de grève" due à la pandémie semblent avoir nourri la croyance erronée du côté du capital que les syndicats ne sont plus aptes et disposés à lutter contre le travail.

 

Les négociations collectives du service public fédéral et communal se profilent également à l'horizon. À partir de janvier 2023, ver.di négociera pour 2,5 millions d'employés. Le syndicat demande une augmentation de salaire de 10,5 pour les éducateurs, les éboueurs, les chauffeurs de bus et les pompiers - et au moins 500 euros.

 

Dierk Hirschel, économiste en chef de ver.di, explique que la mise en garde contre une spirale prix-salaires est une ineptie économique : "De fortes augmentations de salaires et de traitements sont le meilleur moyen de lutter contre la hausse du coût de la vie. Les économistes libéraux voient naturellement les choses différemment. Les revendications tarifaires élevées de ver.di et IG Metall sont une occasion bienvenue de mettre en garde contre la menace d'une spirale prix-salaires".

 

Pour l'année en cours, on s'attend à une augmentation des salaires conventionnels de 3 pour cent à l'échelle de la République. Cela signifie une perte de salaire réel de 5 pour cent. "Il n'y a aucune trace de pression sur les salaires et les prix. De plus, il n'y a pas d'automatisme entre la hausse des prix et celle des salaires. Ce sont toujours les entrepreneurs qui sont responsables des prix".

 

Outre la lutte dans les entreprises, une pression supplémentaire sera nécessaire au niveau politique dans la situation actuelle. Il est impossible de prévoir dans quelle mesure les prix de l'énergie et des denrées alimentaires vont continuer à augmenter dans les prochains mois. D'ores et déjà, les augmentations de salaires actuellement réclamées ne pourront pas compenser à elles seules les pertes de salaires réels.

 

C'est pourquoi des manifestations telles que celles organisées récemment pour:

  • un nouveau forfait sur les prix de l'énergie,
  • un plafonnement du gaz et de l'électricité,
  • un moratoire sur les résiliations de bail pour protéger les locataires,
  • une taxation des bénéfices excédentaires
  • et, last but not least, un système fiscal plus juste,

comme le réclame la DGB, sont des mesures judicieuses pour atténuer les conséquences les plus graves de la crise et de l'inflation.

 

Mais si l'on veut que la lutte contre la crise aille au-delà du simple traitement des symptômes, il faudrait également identifier et nommer les véritables causes. Il s'agit de la guerre par procuration en Ukraine et de la guerre économique contre la Russie et des sanctions qui y sont liées.

 

Article publié sur le Blog "La vie est à nous" : https://lavieestanous.over-blog.com/2022/11/allemagne.uz-dkp.les-travailleurs-sont-prets-a-faire-greve.html

Publié dans Luttes sociales, Europe

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