Après les propos du président de la Commission de la Défense et des Forces Armées à l’Assemblée nationale lors de sa visite chez Verney Carron

Publié le par Front de Gauche Pierre Bénite

Vendredi, 9 décembre 2022, les nouveaux dirigeants de Verney-Carron ont rencontré la presse pour présenter leur projet de développement en présence du député de la Loire, Quentin Bataillon et du député du Rhône, Thomas Gassilloud, président de la commission de la Défense nationale et des forces armées à l’Assemblée nationale.
 

Verney Carron, racheté il y a quelques mois par Cybergun et dont les dirigeants estiment
que c’est aujourd’hui la "seule entreprise à pouvoir désormais armer la France". Le président de la Commission de la Défense, M. Gassilloud était là pour soutenir une démarche de développement et l’annonce d’un futur investissement dans des nouveaux locaux, affirmant la nécessité pour la France de pouvoir fabriquer ses propres armes pour assurer sa souveraineté stratégique en cas de conflit majeur.

 

A la lecture de ces mots, les Stéphanois et encore plus les ex-salariés de la MAS ont dû se demander s’ils rêvaient. Ils ont dû se remémorer les slogans et revendications des «Manuchards » qui luttaient contre la fermeture de la MAS en mettant en avant la nécessité de conserver en France, des compétences et savoir-faire pour répondre aux besoins de nos armées dans le domaine des armes et munitions de petits calibres.
 

M.GASSILLOUD, en venant visiter Vernay Caron, savait-il qu’il y a seulement 20 ans, il aurait suffi de traverser la rue, non pas pour trouver un emploi comme le dit si bien M.MACRON, mais pour trouver 2.200 salariés travaillant pour la défense nationale et héritiers de ceux qui, depuis 1769, équipaient les forces armées françaises ?
 

Imaginait-il que du pistolet de cavalerie An XIII jusqu'au Famas G2 en passant par le Chassepot, le Lebel, le PA MAS 9mm, le FSA MAS 49 etc. ce sont des millions d'armes qui
ont équipé l'armée française, et qui ont fait la renommée de Saint-Etienne ?

 

Doit-on lui rappeler les décisions brutales prises par ses prédécesseurs et notamment le vote d’un certain 9 décembre 1989 où le ministre de la Défense M. Chevènement, aujourd’hui soutien affiché de M. Macron, faisait voter la Loi qui amènera le GIAT sur la voie de la privatisation et avec elle la fermeture de la Manu en 2000, malgré la lutte exemplaire des Manuchards et de la CGT ?
 

Combien de fois avons-nous été moqués lorsque nous revendiquions le maintien de notre Manu pour conserver notre indépendance et notre souveraineté dans le domaine des armes de petit calibre ?

 

Combien de fois avons-nous écouté que les armes de petits calibres n’étaient pas stratégiques et que nous pouvions très bien les acheter sur étagères étrangères ?
 

2.200 salariés avec des savoir-faire et un attachement profond à leur mission ont été bradés, maltraités, avec des conséquences sociales et humaines bien souvent terribles.
 

Tout ça pour entendre aujourd’hui ce député, président de la Commission de la Défense
nationale et des Forces Armées à l’Assemblée nationale nous expliquer la nécessité de reconstruire ce qu’ils ont détruit.

 

Nous avons beaucoup de respect pour les salariés de Verney Carron qui représentent le must dans l'arme de chasse et qui sont des professionnels reconnus. Nous avions, y compris au moment de la casse de notre Manu, fait des propositions pour coopérer sur certaines fabrications en mettant notamment notre canonnerie au service des industriels de l’arme de chasse.
 

Verney Carron est un grand nom qui a, tout au long de ces années, participé à faire de Saint-Etienne la ville des armes. Et ce n’est pas pour rien si Cybergun, entreprise née en 1983 qui fabriquait alors des répliques de pistolets tirant des billes en plastique de 6 mm, a jeté son dévolu sur cette entreprise de renommée internationale. Bien évidemment les annonces de recrutements mis en avant ne peuvent que satisfaire les défenseurs de l’emploi que nous sommes, mais les ambitions du PDG de cette entreprise nous interrogent au moment où nos forces armées perçoivent depuis 2018, le HK 416, remplaçant du FAMAS, que la France a préféré acheter sur étagère allemande au lieu de développer une nouvelle arme en France.
 

L’équipement des forces est ainsi réalisé pour au moins trente ans et on voit mal la visibilité que pourrait donner le gouvernement actuel à l’entreprise Verney Carron, d’autant plus que les compétences et le savoir-faire, que ce soit en bureau d’études ou en fabrication, pour répondre à des besoins militaires ne se reconquièrent pas du jour au lendemain.
 

Alors oui, après cette visite du président de la Commission de la Défense à l’Assemblée nationale et à la lecture des articles qui en ont rendu compte, des générations de Manuchards se sont retournés dans leur tombe et ceux qui sont toujours là ont eu un sentiment de colère face au gâchis que représente encore aujourd’hui la fermeture de la Manufacture Nationale d’Armes de Saint-Etienne.
 

Alors que la question se pose maintenant de reconquérir la maîtrise sur notre industrie de défense, plus que jamais la CGT affirme que les armes ne sont pas des marchandises comme les autres, que leur fabrication relève d’une fonction régalienne de l’Etat et qu’elles doivent échapper à la loi du profit.

 

Communiqué du Syndicat CGT des Retraités Travailleurs de l’Etat St-Etienne et son Agglomération

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article