39ème congrès. Contribution de Gilles Pereyron

Publié le par Les communistes de Pierre Bénite

Contribution, en partant de mon histoire adhérent et militant au PCF depuis septembre 1975 et adhérent à la CGT depuis 1972, militant FNME CGT depuis 1981 ; seul élu communiste municipal pendant 19 ans sur liste gauche plurielle de 2001 à 2020. Ayant eu plusieurs responsabilités dans le PC. Adhérent et militant communiste dans l’entreprise EDF-GDF de Lyon. Communiste du Rhône.
 

Sur la question du rassemblement, deux propositions de base commune de débat nous sont proposées entre lesquelles nous seront appelés à choisir :
 

- « L’ambition communiste pour de nouveaux jours heureux », adoptée par le Conseil National, lors de sa réunion des 3-4/12/2022,
- « Urgence de communisme – Ensemble pour des victoires populaires » diffusée par un important groupe de camarades.

 

Suite à l’examen de ces deux textes, mon ressenti est le suivant :
 

1)- Avec des formulations différentes, ces deux textes semblent en accord sur :
 

- l’état de la crise du système capitaliste dominant dans le monde et en France,
- l’importance des luttes populaires sectorielles dans de nombreux domaines,
- l’absence d’une alternative politique réellement transformatrice et crédible dans notre pays,
- le constat de la défiance d’une grande partie de notre peuple à l’égard des organisations politiques et des institutions de la Vème République, se traduisant notamment par une abstention massive lors des diverses consultations électorales,
- le risque d’une prise de pouvoir d’une alliance dirigée par l’extrême droite, en tant qu’ultime secours pour le système capitaliste dominant

 

2)- La divergence importante entre ces deux projets semble porter sur la question du rassemblement populaire, bien que tous les deux le considèrent comme indispensable.
 

2.1) Le premier projet insiste sur :
 

« C’est dans les luttes et dans la bataille d’idées qu’une large majorité de notre société peut s’affirmer comme une majorité politique capable d’imposer démocratiquement des choix politiques ouvrant la voie à la construction d’une nouvelle civilisation ». D’où il découle pour notre parti la nécessité :
- de participer activement pour renforcer toutes les luttes,
- de mener avec force et détermination la bataille des idées,
- de promouvoir les participants à ces luttes en acteurs du rassemblement politique pour une alternative crédible.

 

2.2) Le deuxième projet indique :
 

« L’union des forces populaires, du peuple tout entier est constitutive de notre projet »,
« Le rassemblement ne se construit pas sur le plus petit dénominateur commun, mais à partir des urgences de transformation qui s’affirment dans la société », « Aujourd’hui, la question politique posée à la NUPES est de devenir le levier de construction d’une dynamique populaire majoritaire »,
« Sans intervention populaire, nous ne gagnerons ni la bataille de l’hégémonie culturelle, ni la bataille politique »,
Dans les élections futures de 2023 à 2027, « tous nos efforts seront tendus vers la victoire de l’union populaire ».

 

Pour me positionner par rapport à ces deux projets de base de débat pour notre congrès, je me suis remémoré les divers « rassemblements » qui ont conduit la gauche (avec ou sans notre parti au gouvernement) à accéder au gouvernement de notre pays et les résultats qui ont suivi.

 

Pour ce retour d’expérience sur le rassemblement de la gauche, je regarderai à partir mes 18 ans en 1972, année aussi d’adhésion à la CGT et mon adhésion au PCF 1975.
 

- Juin 1972, signature du programme commun de gouvernement PS, PCF, PRG
- 1981 : sur la base d’un programme commun de gouvernement, et une campagne du PCF pour actualisé ce programme, un président de la république, de gauche pour la 1ère fois, est élu. C’est aussi le 1er gouvernement depuis 1945 avec des ministres communiste.

 

- Résultat : sous la pression du capitalisme dominant en France et en Europe, deux ans après son élection, ce gouvernement de gauche abandonne les dispositions essentielles du programme commun. Grand débat dans le PCF sur le maintien ou non de ministre communiste. Malgré de nombreux appel d’action de la CGT pour peser sur les choix gouvernementaux, cette époque est aussi marqué par une grande difficulté à mobiliser les salariés au mois jusqu’en 1985. De nombreux d’adhérents à la CGT voulait donner du temps à la gauche et pas la gêné avec des actions et des grèves. Une des mesures adoptées par ce gouvernement de gauche est la remise en cause du financement de la protection sociale la CSG soutenu par le PS et la CFDT, fermement combattu par le PCF et la CGT mais jamais remis en cause lors des gouvernements successifs de gauche avec ou sans ministres communistes.


- Une date incontournable 1992 adoption du traité de Maastricht par référendum seul le PCF comme parti de gauche appelait à voter NON ; les dirigeants du PCF parlaient du NON de gauche ! le Oui obtient 51,04% soit 13 162 992 voix, le NON 48,96% soit 12 623 582 voix. On peut s’interroger ou sont passé c’est 12 millions de voix, et comment le PCF a valorisé et pris appui sur c’est 12 millions de voix étant le seul Parti de gauche ayant appelé au NON !


- 1997 : élection d’une majorité de gauche, dite « La gauche plurielle ». participation de ministres communistes au gouvernement JOSPIN, c’est le gouvernement qui a le plus privatisé, validé par notre présence au gouvernement. C’est le gouvernement qui a fait adopter les premières lois mettant en œuvre les directives européennes de déréglementation de l’électricité du gaz du rail début des privatisations de ces secteurs.

 

Lors des votes au parlement, les parlementaires communistes ce sont abstenus pour ne pas mettre en minorité le gouvernement Jospin et nos ministres communistes. Premier gouvernement mettant en place le pack de stabilité de l’UE et les critères du déficit public qui ont conduit à la fermeture de lits dans les hôpitaux.
 

- Dans mon secteur 1998, le gouvernement Jospin ferme la centrale nucléaire de Crey Malville (accord gouvernemental PS et VERT) manifestation de la CGT contre cette fermeture soutenu par le PCF avec la présence du secrétaire général Robert Hue sur place pour soutenir les salariés, mais les ministres communistes restent au gouvernement. Comment interpréter cela ?

 

- 1999, et 2000 : les 2 premières lois sur l’ouverture à la concurrence de l’électricité et du gaz, comme je l’ai dit absentions des élus communistes. Le parti avec la liste bouge l’Europe veut faire croire aux militants de la FNME CGT que ce sont des directives de Gauche ! Je l’ai vécu, débat dans la FNME houleux entre communistes !
 

- Mars 2002 : Traité de Barcelone signé par le président de la république Chirac et le 1er ministre Jospin. Dans les conclusions de la Présidence du Conseil, les États sont encouragés à augmenter l'âge de la retraite de 5 années progressivement avant 2010 : « Il faudrait chercher d'ici 2010 à augmenter progressivement d'environ cinq ans l'âge moyen effectif auquel cesse, dans l'Union Européenne, l'activité professionnelle ». Pas un mot des ministres Communistes, et on reste !
 

- Résultat : le gouvernement de gauche avec les ministres Communistes« gère » sous la pression ultra-libérale des dominants en France et dans l’Union Européenne. Et à la présidentielle de 2002, le candidat premier ministre de ce gouvernement de gauche est devancé par le candidat du FN qui accède pour la première fois au second tour c’est un tsunami !
 

- 2005 : le PCF anime la campagne pour le NON au référendum concernant le projet de constitution européenne ultralibérale. Le NON l’emporte. Moins d’un an après, l’ensemble des parlementaires français réunis en Congrès à Versailles approuve le traité européen, reprenant en copier-coller la fameuse constitution, désavouant ainsi le verdict du référendum, avec une majorité de 90% dont environ les trois quarts de parlementaires de gauche (PS et Vert), à l’exception des parlementaires communistes.
 

- 2012 : élection d’un président de la république issu des rangs de la gauche qui avait proclamé au cours de sa campagne électorale : « Mon ennemi ?... C’est la finance ! ». Résultat : il gère docilement suivant les directives ultralibérales de la Commission Européenne. Sur la libéralisation du secteur de l’électricité et du gaz, il proclame qu’il abrogera la loi NOME (qui programme aussi la fin des TRV) s'il est élu, encore un mensonge de plus ! La situation économique et sociale du pays s’aggrave tellement qu’il renonce à se porter candidat à un 2ème mandat en 2017,...laissant la place à son jeune et très ultralibéral ministre des finances.
 

- 2018 : Augmentation de la CSG
 

Dans tous ces exemples, où notre parti a été soit soutien soit participant à ces gouvernements de gauche, ce qui a manqué c’est l’entrée en lutte du peuple de gauche pour faire respecter ses votes émis démocratiquement. Il a été avancé que nos représentants dans ces gouvernements de gauche avaient été victimes d’un phénomène de « délégation de pouvoir » du peuple de gauche. Il me semble surtout que l’ensemble de notre parti n’a pas eu la force d’entrainer le peuple de gauche dans le mouvement de lutte avec la puissance nécessaire et notre soutien ou le manque de position claire à laisser croire que nous validions les directives européenne que notre NON était une façade. D’où les résultats désastreux nous amenant à la situation actuelle.

 

Sur l’Union, Oui il y a très longtemps que nous la portons dans tous nos projets, mais nous restons sur l’Union pour l’Union, et la NUPES n’échappe pas à cela bien au contraire. 2 exemples : sur le financement de la protection sociale avec la CSG, et le secteur de l’énergie en pleine crise de l’électricité et du gaz à part les communistes peu de politiques portent le maintien et le retour des Tarifs réglementés de l’électricité et du gaz pour les usagers domestiques et professionnels et collectivité locales, pour la majorité des parti de la NUPES on reste bien dans les directives européennes du secteur de l’énergie.
 

J’en conclus que l’accent mis par le 1er projet de base de débat sur : « C’est dans les luttes et dans la bataille d’idées qu’une large majorité de notre société peut s’affirmer comme une majorité politique capable d’imposer démocratiquement des choix politiques ouvrant la voie à la construction d’une nouvelle civilisation » est très important. C’est pourquoi je voterai pour ce 1er projet.
 

Je sais que c’est un chemin difficile, pour avoir été militant politique à EDF entreprise Nationalisé, de 1981 à 2001, après nous n’avions plus de cellule d’entreprise une des conséquences de notre présence au gouvernement Jospin.

 

Avoir un PCF organisé dans les entreprises n’est pas choses facile mais me parait un lieu que nous avons abandonné depuis trop longtemps. C’est difficile, mais il n’y a pas de raccourci à ce chemin difficile.
 

Miscon, le 10 janvier 2023
Gilles Pereyron

Publié dans 39ème congrès

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