Des différences fondamentales entre les 2 textes soumis au choix des communistes
Deux choix sont proposés aux communistes pour le devenir de leur Parti. Le 39° Congrès du PCF n'est pas mineur puisqu’il concerne les fondamentaux du PCF, tels que la théorie qui sous-tend ses analyses depuis sa fondation, le marxisme ; la conception même du Parti Communiste Français, les axes principaux de son projet, la transition vers le communisme, le rapport entre le social et sociétal, et bien sûr la stratégie de rassemblement envisagée.
S’il y a nécessité à faire la critique du texte alternatif, ne tordons pas le fond de ce qui est exprimé, bien qu'il faille débusquer certaines formules floues.
“L’AMBITION COMMUNISTE POUR DE NOUVEAUX JOURS HEUREUX”, la Base commune du Conseil National du PCF propose une analyse marxiste de la crise systémique du capitalisme, qui se décline en une imbrication de crises (économique, sociale écologique, sociale, sanitaire). Elle en donne le fondement, dans la suraccumulation du capital, caractéristique du mode de croissance de la productivité du capitalisme, et en décrit les développements actuels : inflation, chômage et pénuries de main d’œuvre, pénuries de produits, dictature des marchés financiers, choix de la récession par les banques centrales. On regrettera d’ailleurs le caractère touffu, ardu, de la base commune, et un plan complexe qui oblige à chercher dans divers endroits les développements relatifs à une même thématique. Une réécriture avec un texte plus ramassé et des textes annexes serait sans doute souhaitable.
Mais aussi quelques idées fausses … sur l'étatisme : Certains prétendent offrir dans un “État fort” refuge et solution à cette crise. Mais un État fort pour qui ? Comment ? En réalité, cette crise ouverte depuis le début des années 1970 et qui persiste à travers les reprises suivies de rechutes est aussi une crise de l’intervention économique de l’État. Elle est même devenue crise des réponses étatiques que les dominants ont prétendu apporter à la crise du CME.
Une analyse de la crise systémique du capitalisme - son soubassement dans la logique du capital, qui s'exprime au cœur de la production, - ses développements actuels et la nature des politiques de soutien au capital - les axes de transformation qui vont servir de base aux propositions concrètes.
“URGENCE DU COMMUNISME”, le texte, dit alternatif, évoque souvent le capitalisme, mais fait l’impasse totale sur le Capital ! ... Impasse sur son rôle, sa logique, les pouvoirs du Capital ne sont pas traités. La crise du capitalisme est nommée, mais pas décrite. Cette impasse est significative de l’état d’esprit de ses auteurs et donc des choix de rupture avec les fondamentaux du Parti Communiste Français !
Cette “URGENCE DU COMMUNISME” ne porte aucune analyse du mouvement du Capital et ses effets (délocalisations, financiarisation, inflation...) et reste muet au sujet des politiques économiques mises en œuvre (banques centrales, politiques publiques, etc.).
Cette alternative, soumise au choix des communistes, renvoie plus profondément à plusieurs questions de fond : par son effacement dans le texte à une sous-estimation de l'adversaire le Capital, pour même l'oublier... En effet, comment pourrait-on combattre efficacement un adversaire puissant, organisé, sans connaître sa stratégie ?
Ainsi, les auteurs et signataires de cette alternative se refusent de considérer que sous le capitalisme et la pression qu'exerce le capital dans tous les domaines de la vie, l'économie, c'est politique. Pourtant s’il y a urgence de Communisme, le détour par l'analyse économique est une condition nécessaire pour concevoir les leviers du changement et valider des propositions de transformation.
Les auteurs du texte se défendront peut être sur ce point en invoquant leur souci de faire court. Ils diront certainement que “Le texte de proposition du CN rassemble une large palette d'éléments en 7 chapitres qui vont du bilan depuis le dernier congrès, à des appréciations sur la situation de la France et du monde, notre programme, notre stratégie, les échéances à venir et le parti.”
Le texte “URGENCE DE COMMUNISME” est indéniablement plus ramassé, il se veut “... comme conçu pour permettre au débat de s'ouvrir en présentant les arêtes de ses choix. Il ne traiterait pas de tout, ne serait pas un programme, se concentrerait sur les questions stratégiques.”.
Cette argumentation n’est pas recevable. En effet, l'originalité du Parti Communiste Français, c'est précisément la cohérence que lui donne l'analyse marxiste renouvelée qu'a produite le PCF, avec la commission économique, qui permet une articulation à la fois radicale et concrète des objectifs sociaux qui correspondent aux attentes, des moyens financiers et des changements de pouvoirs à réaliser pour y parvenir.
Au sujet de la vision du communisme, il y a débat au PCF sur le chemin qui mène au communisme, entre la conception d'une transition, appelée historiquement socialisme, où se construisent de nouveaux rapports sociaux, dans une confrontation avec les rapports capitalistes, et celle d'un “déjà-là du communisme” dans la société actuelle. Le texte alternatif défend clairement cette deuxième conception.
En ce qui concerne l’urgence du communisme deux prémisses sont posées : la première fait accord entre les deux textes, c’est “La mise en mouvement populaire est au cœur de notre conception communiste”. La seconde est moins évidente avec la distinction, pour les alternatifs, entre luttes immédiates et perspectives de société qui s’efface au profit d’un questionnement de sens qui envahit le quotidien. C'est indéniable !
Mais objectivement, les luttes immédiates ne peuvent trouver de solutions véritables que dans la perspective d'une nouvelle société. Cette conscience s’acquerrait-elle spontanément dans les mobilisations ? Si tel était le cas, aurions besoin à nous interroger perpétuellement sur la question de la “politisation des luttes” et à leur convergence sur des objectifs transformateurs.
Ce qui traverse le texte alternatif, c'est le “déjà là” de la conscience et des actions pour changer le monde, comme il est dit ainsi : “Des engagements divers et massifs envahissent le champ de la politique hors des formes traditionnelles ou institutionnelles.” ... “La conscience du rôle central des services publics et la protection des biens communs pour relever les défis de l’Égalité et de la transformation écologique.” ...
Pourtant, constat à l’appui, que ce n’est pas le cas dans le réel comme avec la bataille contre la privatisation des TER dans les régions concernées.
Autre perle avec “Le niveau des salaires fait son retour et un front syndical unique s’oppose clairement à tout report de l’âge légal de la retraite. Le sens du travail est une aspiration de masse.”. Mais ce ressenti ne conduit pas spontanément à la conscience des actions à mener contre le capital quoiqu’en disent les alternatifs avec “Les luttes démocratiques des Gilets Jaunes, loin des oppositions stériles parfois attisées dans les médias, sont convergentes avec les luttes menées dans les quartiers populaires.”
Au final, avec le mouvement des gilets jaunes c’est que le patronat a été mis hors des radars, ainsi que toutes les contradictions liées à une insuffisance de conscience politique. Ils ont d'ailleurs été aspiré majoritairement par le vote Le Pen à la présidentielle comme aux législatives !
“URGENCE DU COMMUNISME” développe l'idée que “ça baigne” du côté de la conscience et des luttes pour le changement ! C'est pourquoi il est possible de remettre le communisme à l'ordre du jour, comme un fruit mûr à cueillir. Les difficultés actuelles du mouvement social, des syndicats sont d'ailleurs ignorées. Le terme de syndicat ou de syndicalisme n'apparaît pas dans le texte....
Les signataires alternatifs font à la base commune du CN le reproche “d'étapisme”, thèse qu’elles et ils développeraient ainsi : “Le texte alternatif pose ainsi la question : “Aujourd’hui les impasses systémiques du capitalisme financier et mondialisé ainsi que les besoins de partage pour assurer l’avenir de la planète change la donne et donnent une nouvelle actualité à l’idée d’un monde commun, de biens communs. En tant que combat pour l’émancipation humaine, le communisme rivé aux luttes sociales et contre toutes les formes de domination retrouve toute sa pertinence” (p 43) ou encore “nous avons besoin pour cela d’un parti étroitement impliqué dans les luttes populaires et les grands mouvements de l’époque pour y faire cheminer des idées transformatrices sans attendre ni les renvoyer aux calendes grecques, jusqu’à atteindre des points de rupture révolutionnaires. (P 41)” ...
Ce qui précède amène à développer l’idée suivante : “c’est l’idée des “déjà là communistes” qui au sein du capitalisme par les luttes sociales et politiques imposent non seulement des fonctionnements en contradiction avec la logique capitaliste mais préfigurent une autre logique celle du communisme à l’image de la sécurité sociale. Avec pour objectif, par les luttes et l’action politique, l’élargissement de ces conquis de déjà-là communiste, rendant crédible et désirable le processus de transformation vers le communisme. Ce qui suppose de faire du sens de la réponse communiste un combat politique et écologique du présent.”
Autre interprétation des alternatifs : “Selon le texte du CN ce sont des avancées progressistes qui devraient donner envie d’aller plus loin, donc une phase progressiste puis la prise du pouvoir une phase où commence la transformation révolutionnaire de la société renvoyant la bataille sur le communisme après la prise du pouvoir. Et non un processus où le nouveau parvient à imposer au sein même du capitalisme des éléments de logique nouvelle jusqu’à les rendre dominants, permettant ainsi une prise du pouvoir.”
D'ailleurs les alternatifs répondraient ainsi à la base commune sur la société qui serait déjà communiste : “Une remarque, conquérir des “déjà-là communistes” ce n’est pas dire que la société est devenue communiste, c’est installer dans la société capitaliste des espaces de logique qui la contredisent et élever la confrontation sur le sens d’une réponse aux besoins.”
Puis vient ensuite la critique de la campagne présidentielle : “C’est à ce point vrai que lors de la campagne des présidentielles, on n’a pas parlé de visée communiste. Ainsi lors du meeting de lancement des présidentielles Fabien Roussel après avoir énoncé nos propositions déclare “j’entends déjà les cris d’orfraie des libéraux du Medef, des profiteurs de crise me dire “mais votre droit universel au travail, ces mesures que vous énoncez pour les jeunes, c’est du communisme ! Je leur réponds c’est la république sociale, ne soyez pas si pressés.” La question est bien posée en termes d’étape République sociale, avancée progressiste puis plus tard construction du communisme”.
Constatons que cette interprétation présentant les orientations du 38ème congrès est totalement erronée... Erronée car dans le projet de Sécurité Emploi Formation, un des piliers de la transformation, c'est bien un processus de transformation qui doit commencer dès maintenant, à partir des luttes, avec une confrontation de logiques, des victoires de sécurisation, et une transformation progressive. Le terme d'“étapisme” qui est accolé à notre conception du changement n'a pas grand sens. Nous savons bien que cette période de construction de rapports sociaux nouveaux est celle d'une confrontation, de logiques, qui peut même s’accompagner de revers et de reculs.
Oui, le communisme, tel qu'il a été défini par les fondateurs de notre courant de pensée et d'action, Marx et Engels, est un aboutissement en même temps qu'un cheminement, et cet aboutissement est une société sans classes, sans Etat, sans dominations. Le communisme du texte alternatif est essentiellement identifié à une société de “biens communs”, et pas à la société sans classes et sans Etat...
Le communisme n'était pas l'objet de la campagne présidentielle 2022, qui cherchait le rassemblement autour de grandes propositions pour sortir de la crise. Au delà du terme de “République Sociale” utilisé par Fabien Roussel dans un discours, sans doute réducteur, mais s'adressant aussi aux alliés républicains, le texte du Conseil National du PCF est sans ambiguïté sur le fait que le programme des jours heureux était bien un programme de transformation : “Il s’agit pour nous de continuer à porter un programme dynamique de dépassement des politiques capitalistes porteur de propositions radicales et crédibles. En mettant en cohérence les objectifs de satisfaction des besoins humains, les moyens financiers et politique d’y parvenir et le chemin de lutte permettant de faire gagner cette logique nouvelle comme nous l’avons fait avec le programme “la France des jours heureux”.
Le débat sur le communisme peut paraître byzantin, ou stratosphérique. Mais il faut prendre la mesure de ses incidences sur la conception du parti communiste, de son rôle dans le mouvement social, mais aussi sur la question du socialisme, le regard sur l'expérience soviétique, le rapport entre luttes sociales et luttes sociétales, et la nature du rassemblement à construire.
Pour ce qui est du rôle du Parti Communiste défini dans la Base commune du Conseil National nous avons un adversaire de classe, puissant, organisé, avec des relais politiques et médiatiques à large audience ; il y a une bataille d'idées à mener pour que les classes exploitées et dominées passent de la “conscience en soi à la conscience pour soi” ; il y a besoin d'un parti organisé, qui a une analyse, des propositions pour éclairer les luttes et les politiser. D'où l'importance de son organisation en entreprise.
Pour “URGENCE DU COMMUNISME” le communisme émergerait des luttes, des conquêtes historiques comme la Sécurité Sociale, il serait même reconnu par ses adversaires. Cette conception s’inscrit dans le prolongement optimiste du fruit mûr du communisme à cueillir, puisque beaucoup de monde fait comme Monsieur Jourdain avec la prose, du communisme sans le savoir, le rôle du parti est de s'immerger dans le mouvement social et sociétal, “d'être à l'écoute”, de suivre, et montrer en quoi dans ces mobilisations il y a du communisme. Une conception “mouvementiste” qui n'est plus celle d’une organisation qui mène un combat de classe difficile, idéologique, économique et politique contre le capital, avec ses propositions, fait valoir son originalité, se confronte avec les forces de gauche y compris dans les rassemblements. L'organisation du parti dans l'entreprise n'est plus un impératif.
Le supplément d'âme communiste dans les luttes, pour “aider” ne correspond pas aux exigences de la bataille politique. Ce qui frappe, c'est chez certains dirigeants signataires cette tendance à considérer que “l'herbe est plus verte ailleurs”, que nous ne comprenons pas grand-chose à la société d'aujourd'hui, que nous sommes décalés par rapport aux attentes et innovations qui viennent de la société, car encalminés dans des schémas du passé.
Dans cette conception d'un parti “éponge” qui se met au service des mouvements, la fonction pourrait très bien être réalisée dans le cadre d'une structures politique fédérée, avec un courant communiste au dedans, en abandonnant le principe d'une organisation autonome. Certains des signataires le pensent, en particulier parmi ceux qui avaient soutenu le texte “PRINTEMPS DU COMMUNISME” en 2018. Et dans un article publié par “Médiapart” le 30 décembre 2020 intitulé “Face au risque d’effacement, le PCF de 2020 cherche encore sa boussole” un des signataires disait : “pour rester fidèles au communisme, les cocos devraient avoir le courage de se dissoudre” !!!
Pour ce qui est de l'expérience soviétique, des analyses différentes s’opposent entre la Base commune du Conseil National du PCF et le texte alternatif.
Dans la Base Commune, l'analyse est équilibrée, et prend en compte les déterminants historiques et les contradictions de l'expérience.
Pour “URGENCE DU COMMUNISME”, il n'y a pas d'analyse des contradictions de l'URSS. Le refus absolu et définitif du terme socialisme, est lié à la fois à l'association principale de l'expérience soviétique à notre affaiblissement et à la conception du “communisme déjà là”. Ce qui revient à la critique de la base commune du CN développée par un des alternatifs : “Je voudrais souligner une chose, cette analyse est en-deçà de ce que le parti communiste disait précédemment, puisque nous disions dès le 22ème congrès en 1976 “le socialisme constituera une phase supérieure de la démocratie et de la liberté, la démocratie réalisée de la manière la plus complète”. Ce qui est d’une autre nature que “le refus de prendre en compte une aspiration montante”. Cette analyse est d'autant plus confuse que le texte du CN reconnaît par ailleurs page 22 “La démocratie est le but et le moyen de notre combat révolutionnaire””. La critique n'est absolument pas recevable, et même spécieuse. La base commune évoque les raisons des dérives de l'expérience soviétique, et non le socialisme tel que nous l'entendons.
Social et sociétal, la base commune ne fait pas de hiérarchie dans les luttes, mais précise la nécessité d'en construire des convergences dans la lutte contre le Capital.
Pour “URGENCE DU COMMUNISME”, le texte commence par une critique contre les attaques concernant l'intersectionnalité. En réalité, ce n'est pas l'intersectionnalité dans les recherches universitaires qui pose problème , mais la conception politique de cloisonnement des luttes qui s'en réclame, dont la seule convergence possible est un “dégagisme” général et populiste ; l'effacement du rôle structurant et central de la lutte de classes.
On remarque que le terme de syndicats ou de syndicalisme n'existe pas. A ce sujet il est éclairant de connaître et lire la conception des alternatifs : “La proposition du CN écrit parlant de la diversité des mouvements qui se font jour (p16) : “multiformes et décentralisés ces mouvements instaurent un rapport de force. Ils sont cependant confrontés à 2 questions stratégiques. La 1ère porte sur la manière dont les mobilisations écologistes, féministes ou anti-racistes contribuent à renforcer le combat de classe et à unir le monde du travail afin d’arracher des victoires sur le capital. La 2ème est celle des moyens politiques pour une perspective rassemblant majoritairement le peuple. La 3ème est de faire le lien avec les exigences et les propositions sur l’utilisation de l’argent sur les entreprises”.
Un des signataires précise : "qu’avant d’être un système d’exploitation, le capitalisme est un système de dominations, la condition de l’exploitation, c’est la domination. Or, les mobilisations citées précédemment ont en commun de s’opposer à des logiques de domination.”
Il s'agit donc bien d'une mise au second plan des rapports capitalistes d'exploitation, qui sont pourtant la matrice qui entretient aujourd'hui l'ensemble des rapports de domination, même si ces derniers se développent chacun avec une logique propre, et des fondements idéologiques particuliers. Considérer que les rapports d'exploitation, c'est-à-dire l'accaparement, par la classe qui détient le capital, du travail gratuit fourni par la classe qui n'a pour elle que sa force de travail, est un dérivé et non l'origine des rapports de domination est une rupture majeure avec l'analyse marxiste du capitalisme.
Pour la Base commune, le projet communiste passe par une révolution des rapports sociaux de production, de consommation et de répartition. Cette avancée se fait dans le cadre d'une transition (le terme socialisme n'a pas été écrit) où s'affrontent l'ancien et le nouveau. Les axes de cette avancée vers un projet sont les suivant : “une appropriation sociale, du local au mondial,des moyens de production, d’échange et de financement, de la gestion des entreprises; le dépassement du salariat capitaliste par l’avancée d’une sécurité d’emploi ou de formation, garantissant une continuité de revenu tout au long de la vie avec des activités développant toutes les capacités des êtres humains ; un nouvel âge de la démocratie à tous les niveaux et dans tous les domaines impliquant notamment des pouvoirs d’intervention directe, décentralisés, de tous les acteurs sociaux, des citoyennes et citoyens.”
La Base sociale du changement est développée sur les idées suivantes : “Nous pensons que le monde du travail a vocation à devenir l’aile marchante, la force motrice réunissant l’ensemble des classes et couches disponibles à un combat pour changer la vie... Loin de la théorie macronienne d’une montée en puissance des « actifs non salariés”… Loin des affirmations sur “la fin du travail”... Loin des postulats du think-tank “Terra Nova” qui appelait hier la gauche à se détourner des classes travailleuses… Loin de l’idée défendue par les courants se réclamant du « populisme de gauche » selon laquelle le salariat serait dorénavant appelé à se fondre dans un « peuple » décrété principal acteur d’une future « révolution citoyenne”...
Pour “URGENCE DU COMMUNISME”, dans “Une nouvelle économie : la démocratie contre le marché capitaliste”, deux remarques immédiates sont à pointer : le terme de marché remplace celui de capital ; la démocratie, sans conscience révolutionnaire, ne conduit pas au changement
“URGENCE DU COMMUNISME” développe l’illusion de la transformation par “l'Etat planificateur et ses investissements”, comme dans le programme LFI et NUPES, alors que le problème est la transformation des critères de gestion dans les entreprises et les banques pour développer l'emploi, les salaires, la formation. La “redistribution du pouvoir”, c'est la cogestion : la question est le changement de pouvoir pour faire reculer la logique du capital, dans un affrontement pour d'autres décisions stratégiques, pour un développement la formation et l'emploi, terme qui n'existe pas dans le texte -seul le travail est évoqué ; l’illusion aussi sur la démocratisation de la direction des entreprises, qui ne crée pas à elle seule les conditions d'un changement dans les modes de production.
Dans le texte alternatif, “URGENCE DU COMMUNISME, une mention spéciale avec l’abandon de la Sécurité Emploi Formation pour s’engouffrer dans les thèses d’une économie centralisée et planifiée développées par Bernard FRIOT et son salaire à vie, concept en opposition avec la pensée marxiste.
Donc c'est le concept social-démocrate de salaire à vie, et donc l'abandon de la Sécurité Emploi Formation, sans être dit clairement. Nous pourrions consacrer une séance à montrer ce qu'est le projet complet de Bernard FRIOT par rapport à la Sécurité Emploi Formation, son aspect centralisateur avec une caisse qui collecte nationalement les cotisations et redistribue des subventions aux entreprises, dans un système qui rappelle l'économie centralisée et administrée de l'URSS et qui ne touche pas au Capital !
Le Bilan de la candidature à la présidentielle pour la Base commune, c’est malgré un résultat décevant, la candidature communiste a replacé le PCF et son candidat dans le paysage politique français, lui donne une visibilité sur des questions au cœur des préoccupations des citoyens.
Pour “Urgence du communisme”, c'est le point nodal : les signataires du texte ont combattu jusqu’au bout la candidature de Fabien Roussel, y compris pendant la campagne présidentielle. Même si ce n'est pas dit ouvertement dans le texte, ils s'y opposeront à nouveau en 2027.
En matière d’analyse de la situation politique, deux remarques préalables sont à retenir : le texte alternatif traite beaucoup de l'extrême droite, mais très peu de la politique macroniste ; ensuite l'importance prise dans le texte par la question des élections.
Le commun entre les deux textes :
• La course de vitesse est engagée avec l’extrême droite dans notre pays dans la Base commune du Conseil National. ... les droites menacent partout, dans le texte alternatif.
• Construire le rassemblement populaire, socle du rassemblement des forces politiques.
Au delà des affirmations de principe identiques dans les deux textes sur la construction d'un mouvement populaire comme condition d'un rassemblement efficace des forces de gauche, le rapport à la NUPES montre des divergences importantes sur la conception du rassemblement.
Les différences sur la NUPES est dans le point de vue des alternatifs. Concernant leur positionnement sur la NUPES, dont ils disent qu'il est une “question posée dans les conditions particulières d’une course de vitesse avec l’extrême droite dans la perspective des prochaines présidentielles.” La problématique est clairement posée : le danger d'extrême droite plus l’élection présidentielle, c’est un accord sans contenu, ni conditions, avec le mouvement de la France Insoumise via la NUPES.
Les divergences portent sur l’appréciation sur la NUPES, son rapport au rassemblement que nous voulons. Les perspectives pour les futures élections
L'appréciation sur la NUPES. L'idée principale est que le rassemblement majoritaire à construire ne saurait se réduire à la NUPES, mais viser plus large, et que le PCF ne peut pas s'enfermer dans son cadre actuel compte tenu des rapports de domination qui s'y exercent. Il se dégage de ce bilan contrasté, qui ne fait aucune projection pour la suite, un air de fin d'épisode.
Après ce qui vient d’être développé, il n’en reste pas moins que le texte de la base commune est insuffisant sur le sujet et qu'il faudra l'amender.
Il est en décalage avec les faits d'une existence de la NUPES, à travers des réunions nationales, locales , un intergroupe parlementaire et des initiatives communes, qui a survécu à l'accord électoral initial. Il y a un programme qu'il faut mettre en débat et faire évoluer. Il faut dire quelle est notre conception de ce rassemblement, ce que nous y ferons, et ce que nous ne voulons pas qu'il devienne. En continuant à éluder la question de la NUPES, nous nous plaçons en situation d'extériorité, et d'incapacité à peser sur le cours des événements.
Avec “URGENCE DU COMMUNISME”, le qualificatif de programme “de rupture” est un point de divergence majeur. Certes, le programme NUPES représente des avancées indéniables sur les objectifs sociaux, notamment de la part du PS et de EELV. Mais l'insuffisance de “rupture” sur les moyens financiers envisagés et les changements de pouvoirs, la logique sous-jacente qui entend financer d'abord l’investissement et pas l'emploi, ne permettraient pas de tenir les promesses, s'il était appliqué. Le débat public doit avoir lieu sur ces sujets.
En rassemblant les pièces du puzzle du texte alternatif avec : “une conscience forte du besoin de changement”, “un déjà là du communisme”, et “une gauche française réunie sur un programme “de rupture””, “la situation est quasi-révolutionnaire”; il n'y a plus qu'à nouer les alliances électorales pour empêcher Le Pen d'arriver au pouvoir... Les “fragilités” de la NUPES renvoient au rapport de force issu de la Présidentielle, donc implicitement à “notre” échec : la fragilité de la NUPES, c'est nous... “démocratiser la NUPES pour une dynamique populaire majoritaire”, c'est clairement faire de la NUPES le levier du rassemblement populaire, alors que c'est le développement d'un mouvement populaire conscientisé qui permettra de faire évoluer la NUPES.
Les élections. Pour le texte du CN, c’est “faire progresser nos idées et reconstruire la gauche est un travail de longue haleine”. Dans la continuité de cette reconquête, le texte du CN précise que nous entendons “être présents avec nos candidats à chaque élection”. Ce qui, pour la Présidentielle, est assez clair, et signifie une candidature communiste.
Mais la base commune du CN reste floue sur les élections européennes. Le sujet ne devrait pas être renvoyé à une convention mais est une question de congrès. Le parti communiste a des propositions différentes des autres partis de gauche à faire valoir dans le débat sur l'Europe.
Pour le texte alternatif, l'horizon est de construire des alliances pour toutes les élections, dans le cadre de la NUPES. C'est annoncé clairement pour les Européennes et c'est l'orientation annoncée pour toutes les élections : “des sénatoriales aux européennes, des municipales à la présidentielle, tous nos efforts seront tendus vers la victoire de l’union populaire.”
Avec ce choix entre les deux textes, certes il y a bien entendu un enjeu de pouvoir puisque le noyau de la future direction nationale sera constitué des soutiens au texte qui aura été choisi comme base commune. Mais, au-delà des enjeux de pouvoir, il s'agit en réalité d'un choix fondamental d'orientation.
Le texte alternatif déracine le PCF de ses fondamentaux au nom d'une prétendue modernité, et le désarme idéologiquement dans un capitalisme de plus en plus agressif.
Le texte du Conseil National du PCF affirme, dans le prolongement du 38ème congrès, le besoin irremplaçable d'un Parti Communiste qui se réinscrive dans la lutte de classe contre la capital, s'affirme avec son originalité et indique un chemin révolutionnaire. Ce texte est celui de l’avenir du PCF qui ouvrira un réel débat de congrès fructueux et lucide permettant des améliorations sur notre réflexion et notre pratique.