Retraites. Intervention prononcée par Denis Durand à une assemblée-débat à Belfort
Les Français ne veulent pas de la réforme de Macron, ils veulent une autre réforme. Il faut gagner cette bataille des retraites. Deux obstacles doivent être surmontés.
Les Français peuvent se dire qu’il est impossible de faire céder Macron. On n’a pas assez dit qu’en 2019 on l’a fait céder : il a retiré son projet très vicieux de retraite à points. Ce n’était pas seulement le Covid, c’était le puissant mouvement animé, déjà, par les syndicats.
La question qu’il faut se poser maintenant, c’est pourquoi il revient à la charge trois ans après alors qu’il a bien compris, pourtant, que les 2/3 ou les ¾ des Français sont contre sa réforme.
Idéologie ? Oui, mais il y a quelque chose de plus. Macron, c’est le représentant direct du capital, interpénétré avec l’État. Or, le capital a un problème. Entre 1960 et 1980, il a supporté un doublement des dépenses de retraites en proportion du PIB, de 6 à 12 %. Aujourd’hui, l’enjeu est de passer de 14 % à 17 ou 18 % selon les hypothèses. Et ce système en est incapable.
Alors, il y a le deuxième obstacle à surmonter pour faire monter encore la mobilisation : le pouvoir essaye de faire croire qu’il n’y a pas d’argent pour financer les retraites. La Cour des Comptes en rajoute en disant qu’après cette réforme il en faudra d’autres...
Ce qui est vrai, c’est qu’on prévoit +25 % de plus de 65 ans à l’horizon 2040, mais on prévoit aussi +60 % à +100 % de PIB en volume !
On pourrait dire, c’est facile, il suffit de prendre un peu d’argent aux milliardaires, dont on parle beaucoup en ce moment. Bien sûr, mais les milliardaires ont une face cachée. Ce ne sont pas seulement des riches, ce sont des capitalistes. Bernard Arnault n’a pas un million de bras pour un million de Rolex ! Le capital, c’est de l’argent qui veut toujours devenir plus d'argent. Les 200 milliards de Bernard Arnault, ce sont des actions, qui représentent des usines, des ateliers, des bureaux, des magasins, des banques... avec dedans des gens qui travaillent, qui créent des richesses, et la fortune de Bernard Arnault est tirée de ses richesses.
Le problème, c’est que plus le capital grossit, plus il doit prélever des richesses sur celles qui sont créées par le travail des salariés. Par exemple, quand la fortune de Bernard Arnault était de 100 milliards, il lui fallait 10 milliards de profits par an pour une rentabilité de 10 %. À 200 milliards, il lui faut 20 milliards ! D’où l’obsession de la baisse du coût du travail (salaires, emploi) et de la baisse de tout ce qui ne va pas au profit : les dépenses pour les services publics, et les dépenses pour les retraites et la Sécurité sociale.
Aujourd’hui, il y a trop de capital, et sa soif de profit est la cause des bas salaires, de la précarisation, des suppressions d’emplois, de l’austérité budgétaire et des attaques contre les retraites.
C’est pour cela que les propositions du PCF visent à emmener les entreprises vers une autre logique : désintoxiquer les entreprises de la finance et frappant d’une surcotisation leurs revenus financiers. Et surtout les emmener vers un chemin de création saine de richesses en augmentant les cotisations patronales et en les modulant pour les pousser à développer l’emploi, la formation, avec 5 millions d’emplois supplémentaires, donc la création efficace de richesses avec lesquelles on pourra augmenter les salaires, prélever davantage de cotisations et ainsi financer 100 milliards de dépenses de retraites en plus.
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C’est cette politique que soutient l’appel de 60 personnalités lancé jeudi dernier contre les 65 ans, pour une réforme de progrès.
Chaque fois que nous gagnons une bataille contre le capital, en obtenant des augmentations de salaires, des embauches comme les contrôleurs SNCF, des pré-embauches de jeunes dans les services publics... nous avançons dans ce sens
Intervention prononcée à Belfort le 23 janvier 2026