Santé. Sortir le médicament du secteur marchand

Publié le par Les communistes de Pierre Bénite

Les pénuries de médicaments se multiplient et concernent aussi des médicaments essentiels, comme le paracétamol ou l’amoxicilline. Cette situation était prévisible. Dès le début des années 2000, la revue Prescrire, seule publication médicale sans publicité, indiquait : « Les patients ne doivent pas subir les conséquences des restructurations industrielles, des stratégies commerciales, des atermoiements sur des questions de rentabilité, voire de la pénurie organisée pour promouvoir des “nouveautés”  plus chères. » 

 

La situation risque de s’aggraver avec la menace des firmes pharmaceutiques de ne plus livrer certains produits à la France, du fait de prix encadrés trop bas sur les médicaments génériques.

 

Cette prise en otage des patients pour des raisons financières est inacceptable. Cette situation a été sciemment créée du fait des accords entre la France et l’industrie pharmaceutique lors de la promotion des génériques. Cette dernière a imposé à un État gangrené par les lobbies, un mécanisme compensant l’encadrement des prix des génériques par une large liberté tarifaire sur tous les nouveaux produits.

 

L’idée était de proposer de prétendus nouveaux médicaments dès qu’un brevet tombait dans le domaine public. Cela a abouti à quelques scandales retentissants, comme celui des nouveaux anti-inflammatoires, vendus vingt fois plus cher que les anciens produits, et qui ont été finalement retirés du marché du fait de leurs nombreux effets indésirables. Les laboratoires ont pu ainsi engranger de juteux bénéfices, sans qu’il leur soit demandé de les rembourser.

 

Cela montre qu’une autre politique du médicament est nécessaire. Malheureusement, nous n’en prenons pas le chemin, car Élisabeth Borne, sous la pression, a mis en place une « mission », stratégie bien connue pour enterrer le problème.

 

D’autant que sa composition est inquiétante. On y trouve la vice-présidente de l’industrie de la santé chez Dassault Systèmes ou une directrice d’Iqvia, société dénoncée dans une émission d’Élise Lucet pour fournir aux pharmaciens des logiciels leur permettant de capter des données de santé de patients ensuite revendues, notamment aux assureurs. Il y a donc bien urgence à créer un pôle public du médicament.

 

Chronique de Christophe Prudhomme Publiée dans l'Humanité

Publié dans santé

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