Analyses des PFAS dans le sang des habitants du sud de Lyon. Mais où va la métropole ?

Publié le par Les communistes de Pierre Bénite

Analyser le sang des humains pour évaluer leur contamination aux PFAS est une demande du CAPIPSSOL (comité regroupant une vingtaine d'associations, de syndicats, de partis politiques et autres comités) qui figure sur la pétition commune actuellement en cours de signature en ligne (voir ci-dessous le lien pour signer).

 

En effet, jusqu'à présent les services de l'Etat et les communes ont surtout réalisé des prélèvements de l'eau, des sols, de l'air, des légumes démontrant l'ampleur et la gravité de la pollution aux PFAS, mais rien n'a été entrepris sur les humains malgré de multiples demandes faites à la direction de l'environnement (DREAL), à la préfecture, à l'Agence Régionale de Santé (ARS), à Santé Publique France... Demandes restées lettres mortes jusqu'à aujourd'hui.

 

Car si les PFAS sont partout, dans l'air, le sol, et l'eau, on ne connait pas encore dans le Sud Lyonnais leurs conséquences sur la santé des populations. Il apparaît que la Métropole de Lyon aurait décidé de lancer une étude de la population sur le long terme.

 

"Sommes nous contaminés par les "polluants éternels" émis par la plateforme industrielle de Pierre-Bénite ? Quelle quantité y en a-t-il dans notre sang ? Quelles sont les conséquences pour notre santé ? Ce sont les questions posées par les habitants des communes touchées par la pollution aux PFAS au sud de Lyon. Cela concerne environ entre 250.000 à 350  000 personnes.

 

Devant l'inaction de l'Etat et bien que cela ne soit pas de son ressort, la Métropole de Lyon va proposer au Conseil Métropolitain de participer au financement d'une étude de long terme sur les perfluorés dans la vallée de la chimie. 

 

Une étude en deux temps

 

"Ce qui a motivé la Métropole à agir, c'est à la fois l'ampleur de la pollution, que l'on a découverte en même temps que tout le monde, et qui nous a paru être très significative, mais aussi la volonté de retrouver la confiance de la population en mettant en place des actions en transparence", commente Anne Grosperrin, vice-présidente de la Métropole de Lyon. Ces élus sont présents à toutes les réunions publiques, ateliers, conférences organisées sur les PFAS. "On n'a pas arrêté", confie l'écologiste bien que la métropole ait omis d'inviter le CAPIPSSOL à sa dernière rencontre avec les associations. Etrange oubli !

 

 

La Métropole aurait donc un projet.  En réalité, l'étude promise va se dérouler en deux temps. D'abord, une étude environnementale. Elle commencera en 2024 et aura pour but de diagnostiquer l'état de la pollution et de déterminer les périmètres sur lesquels il est nécessaire d'agir. "On n'avait jamais été à ce point confronté à une pollution diffuse, qui atteignait directement les habitants sur leur lieu de vie, le sol, l'air et l'eau", détaille encore Anne Grosperrin, qui précise par exemple la nécessité, pour l'eau potable, de disposer de connaissances rigoureuses pour pouvoir proposer des solutions adaptées.

 

 

L'étude sanitaire viendra dans un deuxième temps. Elle sera lancée dès cette année et elle durera 4 ans ! L'objectif évident sera d'évaluer le niveau d'imprégnation humaine, mais elle servira aussi à mieux comprendre la relation entre l'environnement, les facteurs d'exposition et la présence de ces polluants dans l'organisme humain.

 

 

Pour l'accompagner dans ces études, la Métropole de Lyon a choisi l'institut scientifique et écocitoyen de Fos-sur-Mer. Cette association, implantée sur le bassin de Fos sur mer dans les Bouches-du-Rhône, est un centre d'étude de l'environnement et de l'effet des pollutions sur la santé. "C'est un institut qui a une crédibilité, ces résultats sont reconnus au niveau académique, c'est un partenaire fiable sur lequel s'appuyer", assure l'élue.

 

 

C'est aussi un institut indépendant, dont le processus de recherche sur les perfluorés était déjà engagé (projet "Matisse") et qui dispose de la technologie nécessaire pour étudier les PFAS.

 

Au bout d'un an de connaissance de cette pollution, la Métropole doit constater que l'action de l'Etat n'est pas à la hauteur des défis posés à la santé et à l'environnement. "A côté de nous, on a des services déconcentrés de l'Etat qui bénéficient de peu de moyens pour arriver à contrôler les activités industrielles, et nous Métropole, on a la capacité d'agir, donc pourquoi attendre ? ", confie l'élue.

 

L'annonce de la métropole est positive, cependant elle pose de vraies questions. D'une part elle peut conforter l'Etat dans sa position minimale alors qu'il lui revient la responsabilité première d'assurer la protection de la santé des citoyens à plus forte raison dans les territoires où sont implantés les établissements classés Soveso ou ICPE.

 

Selon nous, il revient ainsi à l'Etat de lancer une étude épidémiologique sur le Sud Lyonnais, et dans l'attente de ses résultats, il doit lancer une campagne de prélèvements sanguins avec la participation de Santé Publique France afin d'établir les liens de causalité entre la pollution et les pathologies constatées dans les territoires concernés. Les résultats conduisant à la mise en place d'un plan d'urgence santé afin d'anticiper les suivis et soins à prodiguer afin d'éviter la déclaration des maladies.

 

Cette action de l'Etat et de Santé Publique France peut aller très vite selon les moyens que l'Etat y consacrera. Car avec la métropole, il faudrait attendre 4 ans ! Pendant ces 4 années, la santé sera en danger d'autant que les entreprises continueront à polluer.

 

D'autre part, il y a besoin de lancer de suite des recherches pour trouver l'anti-poison PFAS afin d'engager le plus vite possible la dépollution les nappes phréatiques, les sols et autres éléments contaminés. Cela relève en toute priorité de la recherche publique qui doit dégager des moyens pour se faire.

 

Cette action de la métropole est positive mais attention à ce qu'elle ne soit pas là pour calmer les colères légitimes des citoyens, dédouaner l'Etat de ses responsabilités premières et assumer un financement à sa place ! En effet la collectivité va payer avec nos impôts, quelle part assumera l'Etat et surtout quelle action va t-il engager pour que s'applique le principe du pollueur payeur ?

 

Prendre en charge les questions de santé d'abord des salariés les premiers exposés et celle des citoyens et imposer à l'Etat qu'il assume pleinement sa responsabilité est le plus moyen de couper l'herbe sous le pied à celles et ceux qui auraient la folie de projeter la casse de l'emploi et des installations afin d'être débarrassés du problème au moindre coût.

 

Nous l'affirmons clairement notre pays et nos territoires ont besoin d'une industrie propre et sûre, cela est possible, c'est un choix de société fort !

 

Signer la pétition : https://www.mesopinions.com/petition/sante/halte-pollution-aux-pfas-puissance-publique/202976

 

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