Retraites. Nous refusons de tourner la page ! 100 jours de mobilisations puissantes pour l'abrogation de la retraite à 64 ans et pour la retraite à 60 ans ! !
S’adressant aux Français dans l’espoir de tourner la page de la réforme des retraites, Macron a été encore une fois totalement déconnecté du violent rejet qu’inspirent sa politique et lui-même à la majorité des Français. Son intervention lamentable montre que le pays est rentré dans une crise démocratique très sérieuse dont on ne sait où elle peut conduire. Des centaines de milliers de Français ont refusé de l'écouter et se sont rassemblés devant leur mairie avec des casseroles avant de manifester leur colère dans les rues des villes.
Macron veut tourner la page !
Tel le roi, Macron a parlé, ce lundi 17 avril, le temps d’affirmer qu'il voulait tourner la page d’une crise profonde qui secoue le pays et le régime même de la Ve République. Le président devait, selon le jargon creux des communicants de l’Élysée, y « réaffirmer le cap qui est le sien » et « tracer des perspectives pour les semaines à venir ». En d’autres termes : "on tourne la page", on oublie tout, et on recommence.
L'opération séduction a été boudée par les Français avant d’avoir commencé : 90 % d’entre eux déclaraient que cette prise de parole allait apaiser la situation sociale et politique. Une pétition citoyenne appelant à boycotter Macron a circulé en ligne, sur le thème « Macron ne nous écoute pas, ne l’écoutons pas », alors qu'Attac appelait à un « concert de casseroles » dès 20 heures devant les mairies.
Les gens le détestent !
« Les gens le détestent », s’inquiète un proche du chef de l’État. Le terrain est à ce point miné qu’à Marseille, la préfecture a décidé d’interdire toute manifestation pendant l’allocution présidentielle, ce qui n’a pas décourager ses opposants. Macron a atteint un tel niveau de rejet que, non seulement, chacun de ses déplacements entraîne une suspension du droit de manifester, et il en va de même pour ses prises de parole.
Le 14 avril, en visite au chantier de la cathédrale Notre-Dame de Paris, l’île de la Cité a été vidée pour s’assurer qu’il ne croise personne opposé à sa réforme. Pourtant ses conseillers expliquent que Macron sera « à portée d’engueulades » dans ses futurs déplacements. « Si c’est pour nous expliquer qu’on n’a rien compris, ce n’est pas la peine de venir nous parler », s’emporte Ian Brossat : « Je ne vois pas quelles sont les capacités de rebond de Macron étant donné le niveau de rejet de sa politique et de sa personne dans le pays. »
Tout en disant regretter de ne pas avoir su convaincre les Français de la nécessité de sa réforme, il a parlé dans le vide, ne s’adressant qu’à ses électeurs qui le soutiennent encore. Médusés, ils ont entendu Macron prendre appui sur l’onction donnée par le Conseil constitutionnel pour déclarer que la réforme a « été adoptée conformément à notre Constitution et qu’elle était nécessaire : elle nous permet d’être plus forts, et d’investir pour notre avenir ». Sans rire !
Face à la colère, les mots de Macron sont vides de sens
Il faut que « le pays avance ». Cette affirmation gratuite ne change rien à la colère qui est encore plus forte après la promulgation de la loi scélérate. Selon un sondage Elabe du 17 avril, 64 % des Français souhaitent que la mobilisation sociale contre la réforme se poursuive. « La réforme a-t-elle été acceptée ? La réponse est non. (...) Personne ne peut rester sourd à la colère et cette revendication de justice sociale et de rénovation démocratique qui a été exprimée », admet Macron sans rien lâcher de ses objectifs ultralibéraux en déployant un discours creux à mots-clés. Il y est question « d’agir ensemble au-delà des clivages pour construire notre indépendance », « de retrouver l’élan de notre nation », de « libérer les énergies avec le seul intérêt du pays comme guide ». Autant d’éléments de langage dont on se demande bien à qui ils sont supposés s’adresser, et qui est dupe de ces mots dont le vide absolu est le principal moteur.
L’important est ailleurs : il veut poursuivre ses réformes. Avec quelle feuille de route ? La réforme du lycée professionnel, celle du RSA (qui promet aussi son lot de colère sociale), un meilleure contrôle de l'immigration illégale, une planification écologique pour cet été, l’hôpital public à « rebâtir »... c'est à dire les éléments de sa campagne électorale qui n'a pas convaincu la majorité des Français. Et qui se manifestent chaque fois par des reculs sociaux alors que le capital s'en met plein les poches !
Les syndicats refusent de se faire arnaquer !
Et il a le culot d'inviter les syndicats pour évoquer, entre autres, un meilleur partage de la valeur ajoutée – sauf qu’il n’y a plus que le patronat et le capital pour se rendre encore à l’Élysée. Les leaders syndicaux ont été clairs, pas question de se rendre à l'Elysées 48 h après la promulgation de la retraite à 64 ans, leur objectif premier est un 1er mai historique par son unité et sa force avec au coeur, l'annulation de la retraite à 64 ans !
Comment pourraient-ils le croire, lui qui promet pour la énième fois de changer d’approche en « sollicitant toutes les forces d’action et de bonne volonté, pour construire des coalitions et alliances nouvelles sur les bases solides du Conseil national de la refondation, au plus près du terrain », ce qui ne veut, là encore, pas dire grand-chose.
D’autant que ce refrain de la « nouvelle méthode » a déjà très mal vieilli. « Nous impliquerons davantage nos citoyens dans la construction des lois et les prises de décision », annonçait le porte-parole du gouvernement. Une réforme des retraites sans consulter personne et un 49.3 plus tard, qui peut encore décemment les croire ? Cette allocution insipide et hors-sol est déjà dans les poubelles de l’histoire.
La pseudo volonté réformatrice ne peut en aucun cas être une issue à la crise. La présidente de l’Assemblée, Yaël Braun-Pivet, a livré cette remarque surréaliste : « C’est étrange ce sentiment de fin de règne que peuvent avoir certains alors que nous n’arrêtons pas de réformer. » Sincère ou surjoué pour faire mine d’ignorer les raisons de la colère (les réformes, précisément, vécues comme d’intolérables violences sociales) ?
Cent jours de mobilisations sociales, politiques et démocratiques !
Macron magnanime, nous accorde « cent jours d’apaisement ». Il voudrait multiplier les déplacements dans les prochaines semaines, pour aller à la rencontre des Français, dans l’esprit du débat post-crise des gilets jaunes. Français qu’il a pourtant soigneusement évités tout au long de la réforme des retraites jusqu'à sa promulgation.
L'os a rongé est que plus personne ne le croit et l'écoute. Chacun de ses déplacements sera considéré comme une provocation et suscitera autant de nouvelles mobilisations. C'est pas cent jours d'apaisement que va connaître le pays mais 100 jours de bouillonnement des colères, d'expression des exigences revendicatives des salariés avec en tête "l'abrogation" de la loi illégitime, injuste et violente voulant instaurer la retraite à 64 ans et pour l'alternative qui existe bel et bien avec le retour de la retraite à 60 ans.
Faire grandir l'exigence de l'alternative qui existe bel et bien
Il faut clairement affirmer le contenu d’une réforme de progrès c’est-à-dire les 60 ans et pas de minimum retraite en-dessous du SMIC, le maintien et l’amélioration de tous les régimes spéciaux. Mettons en débat les propositions pour soutenir un tel projet, le financer et le rendre pérenne.
Les communistes sont prêts, ils ont des propositions précises ! Il en est de même face au mensonge de Macron qui affirme qu'il a vaincu le chômage alors que les emplois précaires explosent de partout, faisons grandir l'exigence d'une Sécurité d'Emploi et de Formation à la portée révolutionnaire comme vient de l'affirmer le parti communiste à son 39ème congrès.
Ce qui sera décisif pendant ces cent jours de mobilisation, c’est le débat engagé avec le plus grand nombre de salariés et de citoyens pour les convaincre d'agir unis au quotidien dans leur entreprise et leur cité. Organiser un ou des forums dans chacune de nos villes, serait un important temps de construction démocratique d’une alternative crédible. Une bonne manière de bâtir le nouveau front populaire qu’a appelé de ses vœux le 39ème congrès du PCF réuni à Marseille.