Denis Durand: Intervention sur les orientations européennes au CN du PCF des 1 et 2 juillet

Publié le par Les communistes de Pierre Bénite

La marque de fabrique de l’extrême-droite – même si elle n’est pas la seule à user de ce procédé – consiste à opposer entre elles les catégories de la population atteintes, à un titre ou à un autre, par la crise sociale, par la dévitalisation systématique des services publics, engendrés par les politiques néolibérales décidées par les gouvernements sous l’aiguillon des marchés financiers et de la BCE.

 

Cela rend encore plus vitale, pour organiser la résistance, la présence et l’affirmation du PCF avec, en particulier, une liste aux élections européennes porteuse de notre projet de société.

 

On savait que les crises enchevêtrées qui travaillent notre société provoqueraient des convulsions plus ou moins violentes. Nous sommes en train de vivre une de ces convulsions, sans savoir où elle va nous conduire. Ce qu’on a de plus en plus de raisons de craindre, c’est que l’émotion suscitée par le meurtre d’un adolescent par un policier ait finalement pour effet monstrueux, faute d’une gauche à la hauteur des circonstances, d’accélérer la marche vers une prise du pouvoir d’État par les fascistes. Un processus dont la classe dirigeante semble s’accommoder, comme en témoignent, depuis un certain temps déjà, les signaux donnés par Macron pour dédouaner le Rassemblement national de son héritage pétainiste, par exemple.

 

Notre force est de pouvoir leur dire que toutes et tous ont un même adversaire : le capital.

 

Et donc, pour que chacune et chacun d’entre nous cesse d’être dépossédé du pouvoir sur notre sa vie par les décisions de quelques milliers de traders et de dirigeants de multinationales, l’alternative est donc de conquérir, dans les luttes, quelque chose qui n’a jamais existé, à savoir une souveraineté populaire, démocratique, s’exerçant dans tous les lieux où s’exerce le pouvoir du capital, ce pouvoir de décider de l’utilisation de l’argent des entreprises, de l’argent des banques et de l’argent public comme levier sur les deux précédents.

 

Le texte qui nous est proposé est-il porteur de cette alternative ? La « France forte » qu’il préconise est identifiée à une énumération de « souverainetés » – politique, industrielle, agricole et alimentaire, commerciale, énergétique – qu’il s’agirait de reprendre ou de recouvrer. Il s’agit donc de la souveraineté de l’État national, et non de celle du peuple, qui n’a jamais été exercée sauf en de brefs moments révolutionnaires.

 

En somme, le texte fait d’un retour à une souveraineté de l’État national le moyen ou « la clé » d’une construction européenne visant des buts sociaux, écologiques et démocratiques, alors que ce qui est à l’ordre du jour c’est l’inverse : l’ouverture d’un chemin pour construire une souveraineté populaire, non étatique, depuis la mise en cause de la logique capitaliste dans l’entreprise avec de nouveaux critères de gestion, jusqu’à la participation active de l’Europe à une mise en cause de l’hégémonie monétaire américaine. En passant par le développement de nouveaux services publics, construits à partir du pouvoir de leurs agents et de leurs usagers.

 

C’est ce qui fait le caractère stratégique de la bataille pour un financement monétaire, par la BCE, d’un fonds de développement économique, social et écologique européen. Avant même tout changement des traités européens actuels, cette bataille peut être menée à partir de tout projet de développement des services publics démocratiquement élaboré, depuis le niveau local (par exemple la rénovation d’une école primaire), jusqu’au niveau national ou européen, (par exemple pour l’enjeu gigantesque du fret ferroviaire).

 

La logique générale du texte qui nous est proposé n’aide donc pas à dépasser la vieille conception étatiste et réformiste selon laquelle une politique de gauche consisterait, au fond, à revenir au capitalisme monopoliste d’État social des années 60, et dont le demi-siècle qui vient de s’écouler a démontré l’échec.

 

Or, cette régénération d’une perspective à gauche est un enjeu majeur de ces élections européennes. C’est pourquoi le débat doit continuer sur cette orientation, en préalable au choix des camarades appelés à la porter.

Denis Durand: Intervention sur les candidatures

Je remercie Ian d’être intervenu pour défendre la logique du texte d’orientation sur les élections européennes, comme Léon aurait pu le faire dans son intervention précédente.

 

Ian nous dit que les institutions européennes sont une machine de guerre pour imposer le néolibéralisme et l’austérité, que pour cette raison les peuples les rejettent, et que par conséquent il serait vain de mener une bataille pour changer la construction européenne.

 

Les peuples en effet rejettent à juste titre la construction actuelle ; mais ils sont conscients, tout autant, qu’une coopération européenne est nécessaire. Sinon, ils seraient favorables à une sortie de l’euro, et on sait que ce n’est pas le cas.

 

En réalité, cette construction est en crise : les choses ne peuvent plus continuer ainsi, les dirigeants européens eux-mêmes, instruits par toutes les remises en cause que les crises leur ont imposées depuis 2008, le savent. Donc, la construction européenne actuelle est vulnérable, elle va devoir changer.

 

Et c’est le moment que nous choisirions pour proclamer notre impuissance, pour nous retirer du champ de bataille ? Ce serait incompréhensible. On ne changera pas le monde sans changer l’Europe ! Notre projet communiste, adopté au 39ème congrès, propose un chemin pour le faire.

 

C’est pourquoi je salue l’esprit de responsabilité qui a conduit Frédéric Boccara à présenter sa candidature pour mener une liste porteuse de ce projet.

Publié dans PCF, Europe

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article