En 1869, la première grève ouvrière de femmes secoue Lyon

Publié le par Les communistes de Pierre Bénite

A l’été 1869, pendant deux mois, les ouvrières de la soie, nommées les ovalistes, tiennent tête au patronat et réclament de meilleures conditions de travail.

 

Lorsqu’on pense à l’histoire de Lyon, les canuts viennent instantanément à l’esprit. En 1831 et 1834, les travailleurs lyonnais lancent les révoltes ouvrières les plus marquantes de l’histoire de l’ère de la grande industrie. À l’instar des hommes, les ouvrières de la soie ont, elles aussi, apporté leur pierre à la grogne sociale du XIXe siècle. 

 

Les ovalistes, qui préparent la soie brute pour le rendre propre au tissage et qui ont la charge de l’ovale – la pièce centrale du moulin permettant de façonner le fil de soie – (d’où leur nom) travaillent 12 heures par jour dans des ateliers bruyants et humides pour 1,40 francs par jour. À la fin de leur journée, ces femmes venues pour la plupart des campagnes lyonnaises environnantes ou d’Italie s’entassent dans des dortoirs collés aux ateliers, dans des conditions déplorables. 

 

En juin 1869, à bout, les ovalistes des ateliers des Brotteaux et de Charpennes réclament une hausse salariale à 2 francs par jour, à égalité avec leurs pairs masculins, et une réduction de leurs journées de travail de 12 heures à 10 heures.

 

Le 21 juin, une pétition est signée et envoyée au sénateur préfet du département du Rhône. Pas de réaction du patronat. 

 

Le 25 juin 1849, à la pause de 9 heures, les travailleuses des Brotteaux quittent leur poste sans prévenir. Le rendez-vous est pris à la salle de la Rotonde. Un millier de femmes s’y retrouvent pour tenter de négocier avec les patrons, en vain.

 

La colère monte, la grève est prononcée. Les ouvrières envahissent les rues et appellent leurs consœurs de la Croix-Rousse à se joindre à elles. Presque tous les ateliers sont à l’arrêt. 1800 ovalistes battent le pavé, menée, entre autres, par Philomène Rozan

 

La semaine du lundi 28 juin au samedi 3 juillet marque le durcissement de la grève. Des policiers surveillent les ateliers et arrêtent des frondeuses. Début juillet, des hommes se joignent au mouvement. Mais certaines femmes, faute de revenus et malgré le soutien de la caisse de l’Association internationale des travailleurs, sont contraintes de reprendre le travail.

 

La grève prend fin le 29 juillet, sans augmentation de salaire mais avec une journée réduite à 10 heures. Une victoire en demi-teinte, mais qui restera la première grève ouvrière féminine de France.

 

Iris Bronner  Article publié dans la Tribune de Lyon

https://tribunedelyon.fr/societe/histoire-lyon-greve-ouvriere-ovalistes/

Publié dans Histoire, Femmes

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