Oudéa-Castera : une farce en 4 actes...

Publié le par Les communistes de Pierre Bénite

Comment bien rater son entrée dans un gouvernement ? Fraichement nommée à la tête d’un super-ministère de l’Éducation nationale, de la jeunesse et des sports, Amélie Oudéa-Castera s’est livrée en quelques jours à une véritable démonstration de plantage, entre communication ratée et mensonges éhontés. Retour sur ces quelques naufrages. 

 

Acte 1 : Une nomination qui a fait grincer des dents

 

Soyons honnête, les premiers jours ne s’annonçaient déjà pas sous les meilleurs auspices pour la Ministre. Alors que Gabriel Attal tout nouvellement nommé Premier ministre annonçait vouloir faire de l’école la priorité de son gouvernement, celui-ci ne consentait même pas à lui octroyer un Ministère de plein droits.

 

En effet, Amélie Oudéa-Castera hérite d’un Ministère au champ de compétences immenses : éducation nationale, jeunesse, sports et Jeux Olympiques. Pas nouvelle pour un gouvernement sous Emmanuel Macron, cette architecture gouvernementale a le don d’agacer les syndicats enseignants, tous comme les dirigeants sportifs. 

 

A quelques mois des Jeux Olympiques, difficile d’imaginer que la Ministre pourra mener de front tous ces sujets. D’autant plus que si celle-ci peut se targuer d’un lien avec le monde sportif, sa maîtrise des sujets d’éducation demeure plus incertaine.

 

Rapporteur de la Cour des comptes, chargée de mission chez AXA, administratrice du groupe Carrefour, élue “Femme du digital 2020” … Difficile d’identifier dans cet impressionnant CV une quelconque appétence pour l’Éducation nationale. Si la relation avec le monde éducatif partait donc déjà d’un mauvais pied, celle-ci a complètement dérapé en un jour.  

 

Acte 2 : Une Ministre croyante en l’école publique… mais pas pratiquante 

 

En effet, sa méconnaissance de l’Éducation nationale n’apparaît pas que sur son CV, mais aussi dans ces choix personnels. Il n’aura fallu que quelques heures après sa nomination pour que l’on apprenne que les enfants de la Ministre étaient scolarisés dans le très élitiste et très conservateur collège Stanislas de Paris. Tout un symbole, pour la Ministre d’un gouvernement qui s’est attelé à démolir méthodiquement le système scolaire public. La polémique aurait pu s’en arrêter là, mais c’était sans compter sur les piteuses tentatives d’explications de la nouvelle locataire de la rue de Grenelle. 

Plutôt que d’assumer pleinement son choix, celle-ci a revendiqué faire partie de ces familles qui, excédées des carences de l’école publique françaises, font le choix de se rabattre dans le privé. Ce discours cache déjà bien souvent une volonté non assumée de la part de familles de contourner la carte scolaire afin d’assurer un entre-soi de classe. Mais il apparaît comme d’autant plus inentendable de la part d’une fidèle d’Emmanuel Macron, qui a entrepris une démolition méthodique de l’Éducation nationale. Conséquence logique, nombre d’enseignants se sont sentis insultés par ses déclarations, y voyant – comment le voir autrement ? – un mépris pour l’enseignement public.

 

Acte 3 : La non maitrise des dossiers comme excuse ? 

 

Nous ne sommes alors qu’au jour 2 de sa nomination, et la Ministre semble avoir réussi l’exploit de perdre quasi immédiatement la confiance des acteurs du système éducatif. Mais comme souvent, dans ces moments-là, chaque parole de la personne au cœur de la tempête se transforme en arme contre elle. 

 

Accusée d’être responsable, elle et sa famille politique, de l’état du système éducatif, la Ministre a voulu répliquer en montrant les actions du gouvernement pour lutter contre le non-remplacement des professeurs qui l’aurait conduite à mettre ses enfants dans l’école privée à travers le PACTE enseignant. Problème, celui-ci, au-delà du danger qu’il suscite pour la profession, ne vise absolument pas à remplacer des professeurs absents dans le premier degré.

 

Une information que n’avait visiblement pas Mme Oudéa Castera, pour qui le monde de l’enseignement public semble décidément bien mystérieux. Il n’en fallait pas plus pour que les craintes d’une Ministre qui ne maîtrise pas ses dossiers soient confirmées pour les syndicats. 

 

Acte 4 : Quand le mensonge éclate 

 

C’est au jour 4 de sa nomination que la farce semble avoir trouvé sa résolution, virant à la tragédie pour la Ministre. Lundi matin, le journal “Libération” révélait un témoignage d’une enseignante de l’école publique fréquentée par les enfants de la Ministre avant que celle-ci ne décide de les envoyer dans le privé. Elle y explique que ses enfants n’auraient été scolarisés que… 6 mois, en petite section de maternelle. 

 

Quelques heures plus tard, c’est au tour d’un chauffeur de taxi, se présentant comme parent d’élève de ladite école, de révéler que cet établissement n’avait connu aucun soucis de non-remplacement de professeurs… De quoi achever d’abimer la faible défense de la Ministre et avec elle son peu de crédibilité à son poste.

 

On pourrait se contenter de rire d’une affaire qui aura vu une Ministre faire part de toute sa déconnexion et de ses réflexes de classe en un temps record. Mais ce serait oublier que les choix personnels d’Amélie Oudéa Castera ne sont que l’arbre qui cache la forêt d’un désinvestissement massif de l’État dans l’enseignement public. 

 

Dès lundi, les syndicats enseignants ont ainsi mis un terme à leur rencontre avec la Ministre, car celle-ci refusait de s’engager sur des créations de postes et sur des revalorisations salariales.

 

Léo Garcia   Le 20 janvier 2024

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