Enrayer la spirale de la guerre et agir pour la Paix par Fabien Roussel
Oui, nos libertés, notre sécurité sont menacées, en France, en Europe.
Menacées par la montée des nationalismes incarnée autant par Poutine à l’Est, par les partis d’extrême-droite en Europe que par Trump à l’Ouest.
Allons-nous laisser les dynamiques nationalistes emporter le monde sans retenir les leçons de l’histoire ? 10 millions de morts en 1918. 60 millions de morts en 1945. À chaque fois, nous avons crié : plus jamais ça !
Face à la menace d’une troisième guerre mondiale, avec des puissances nucléaires en jeux, je veux dire dès aujourd’hui : surtout pas cela !
Deux ans après l’ignoble invasion de l’Ukraine par le régime nationaliste de Poutine, le nombre de familles endeuillées reste tabou. On parle de plus d’un demi million de morts. En Ukraine comme en Russie, les mères pleurent leurs fils.
Cette Europe, née dès le lendemain de la seconde guerre mondiale, qui devait être celle de la Paix et de la prospérité, est de nouveau endeuillée, en échec. Il y a aujourd’hui un pays occupé. Et un occupant qui gagne du terrain. Le conflit peut s’embraser, se généraliser à tout moment.
Il y a aussi tous ces chefs d’Etat européens qui, depuis 1945, ne savent compter que sur les États-Unis et l’OTAN pour garantir la sécurité de l’Europe. Fatale erreur à l’heure où le risque d’une réélection de Trump nous fait mesurer la fragilité d’une telle stratégie. Cet homme, allié des partis de l’extrême-droite européenne, est un milliardaire qui pense « dollars » et facturera cher le coût de cette protection. Comme un service de sécurité. Payez ou débrouillez-vous !
Il y a enfin, en Europe, les faucons, ces chefs d’Etat prêts à précipiter nos peuples contre le peuple russe. L’histoire nous a enseigné que les classes dirigeantes qui appellent à faire la guerre ne sont que très rarement ceux qui la mènent réellement. Celles et ceux qui feront la guerre seront nos enfants et les travailleurs en âge de prendre les armes.
La guerre est une source de malheur, d’appauvrissement et de privations pour les peuples. L’implication de la France dans le conflit, nous le payons déjà lourdement. Elle a déjà provoqué une vague inflationniste. L’armement va engloutir 275 milliards d’euros. Pendant ce temps, les industriels de la guerre comptent leurs bénéfices.
Alors oui, il faut tout tenter pour enrayer la spirale de la guerre. Tout a-t-il été fait en ce sens ? Non.
L’égoïsme des classes dirigeantes, la montée des nationalismes, la paresse de nos diplomaties, comme les dénonçait déjà Jean Jaurès en son temps, sont tristement à l’œuvre. Alors, il est urgent d’agir et d’emprunter les chemins d’une paix durable entre les nations européennes.
Ayons au moins ce débat ! Ayons l’ambition d’ouvrir des négociations permettant d’accéder à un cessez-le-feu et au retrait des troupes russes, tout en continuant à aider l’Ukraine à se défendre contre l’agression dont elle fait l’objet. Imaginons ce qui pourrait conduire l’Ukraine à retrouver l’intégralité de son territoire et la Russie à ne plus s’estimer menacée. Mobilisons l’ONU et ses casques bleus pour protéger les populations.
Plutôt que d’appeler à une coalition pour la guerre, mettons sur pied une coalition des diplomaties pour la Paix. Face aux divisions au sein de l’Union européenne, rassemblons les forces de bonne volonté prêtes à y travailler.
Mettons sur la table la possibilité d’une neutralité de l’Ukraine plutôt que d’appeler, avec beaucoup de provocation et d’hypocrisie, à son intégration dans l’OTAN et dans l’Union européenne. Travaillons enfin à une véritable autonomie stratégique de l’Europe capable de s’émanciper des États-Unis avant que ceux-ci ne se détournent du Vieux Continent ou ne lui imposent ses décisions !
Cela implique de construire notre propre traité de sécurité collective, notre propre alliance d’entraide mutuelle avec des armées nationales capables de coopérer et de s’entraider. Notre place au Conseil de Sécurité comme notre dissuasion nucléaire nous donnent une responsabilité particulière pour y travailler. Construisons l’après OTAN.
Ouvrons ce débat plutôt que de s’empresser à conclure des accords avec l’Ukraine, comme viennent de le faire la France et l’Allemagne, sans aucun débat dans les parlements nationaux.
Les peuples d’Europe, la jeunesse européenne doivent s’emparer de ces questions et porter cette exigence de Paix avant que la machine guerrière actuellement à l’œuvre ne s’emballe et ne les précipite à leur tour dans la guerre. Les peuples, dans l’histoire, ont toujours été les moteurs de la Paix. En France, ils ont su agir pour en finir avec les guerres coloniales. C’est aujourd’hui à eux et particulièrement aux jeunes de France et d’Europe de s’emparer de cette question.
La guerre, c’est la haine. Il faut déjouer tout ce qui la nourrit.
Et de s’inspirer de Missak Manouchian qui écrivait quelques heures avant sa mort : « je n’ai aucune haine contre le peuple allemand. Le peuple allemand et tous les autres peuples vivront en Paix et en fraternité après la guerre qui ne durera pas longtemps. Bonheur à tous ».
Aussi, n’ayons aucune haine contre le peuple russe et souhaitons que les peuples russes, ukrainiens et tous les peuples européens vivent en paix et en fraternité après cette guerre qui doit cesser au plus vite. Bonheur à tous.
Fabien Roussel, secrétaire national du PCF et député du Nord,
Le 23 février 2024.