Ukraine : La France doit faire le choix de la paix ! La guerre ça suffit !
Depuis l’invasion par la Russie, le 24 février 2022, les Ukrainiens ont résisté malgré des pertes considérables. L’année 2023 a été marquée par des échecs militaires, des difficultés à recruter des volontaires et un enlisement du conflit alors que des difficultés économiques rejettent le peuple ukrainien dans la pauvreté.
L'Ukraine en grande difficulté
Les états majors des puissances occidentales s'inquiètent de cette situation de crise qui pourrait conduire à des défaites plus prononcées pour le pays lors de la troisième année de conflit. Zelenski a du entreprendre la tournée des capitales européennes afin de rassurer et mendier de l'argent et des armes pour continuer à faire la guerre.
729 jours de combats se sont écoulés. La fatigue, l’usure et le moral en berne se font sentir parmi les troupes ukrainiennes. Alors que les deux pays se dirigent vers une troisième année de guerre, les pertes – morts, blessés et disparus – dépasseraient le chiffre de 700 000, selon diverses sources. Un fardeau énorme pour les deux pays. L’Ukraine, avec ses 40 millions d’habitants dont 10 millions qui ont quitté le navire, en paie le prix fort.

Un an de bras de fer
Pourtant, malgré les durs échecs de Kiev, les gains russes comme à Avdiivka demeurent limités. Si certains anticipent un enlisement sur le long terme, d’autres observateurs, dont le général Olivier Kempf, alertent sur l’état des troupes ukrainiennes qui, « dans cette guerre d’usure, semblent davantage touchées par l’attrition que les Russes ».
Le chercheur poursuit : cette bataille « vient clore une année de bras de fer. En février 2023, les Ukrainiens sortaient de la reprise de la rive droite du Dniepr et de la saisie de positions à l’est de l’Oskil. Ils recevaient des matériels occidentaux en nombre et l’état d’esprit était fort optimiste. Chacun croyait à leur victoire. Puis il y eut la contre-offensive en juin, son échec patent dès le mois d’août, puis la reprise de la poussée russe dès octobre. La prise d’Avdiivka conclut donc un cycle qui a inversé les rapports de force et les perceptions ».
Face à cette situation et malgré le soutien massif des Européens, à peine 10 % pensent désormais que l’Ukraine peut vaincre la Russie, selon une enquête de YouGov et Datapraxis pour le centre de recherche Conseil européen des relations internationales (ECFR). Le sondage diffusé ce 21 février par The Guardian, a été mené dans 12 pays de l’Union européenne (Allemagne, Autriche, Espagne, France, Grèce, Hongrie, Italie, Pays-Bas, Pologne, Portugal, Roumanie, Suède).
Une victoire militaire de l'Ukraine personne n'y croit !
L’un des auteurs du rapport de l’ECFR, estime que la plupart des Européens ne croient pas que Kiev puisse gagner militairement. L’argument le plus convaincant pour une opinion de plus en plus sceptique est que la poursuite de l’aide « pourrait conduire à une paix durable et négociée qui favorise Kiev (…) plutôt qu’une victoire de Poutine ». L'idée que des négociations devraient avoir lieu pour arrêter le carnage grandit dans les opinions publiques.
Mais ces négociations entre les deux pays semblent encore peu probables. Dans un entretien accordé à la chaîne de télévision Rossiya 1, le 18 février, Vladimir Poutine a réaffirmé que « ce qui se passe » en Ukraine est une « question de vie ou de mort » pour la Russie. Le président russe a expliqué vouloir faire « comprendre notre état d’esprit, comprendre à quel point ce qui se passe autour de l’Ukraine est sensible et important pour notre pays ». Des diplomates constatent que l’impasse actuelle risque de déboucher sur un conflit gelé.
Les livraisons d’armes supplémentaires promises par les Occidentaux ne modifierait pas en profondeur le champ de bataille. « Rien de tout cela n’a en réalité vraiment fonctionné. Certains continuent aujourd’hui de fantasmer sur l’arrivée des F-16, mais leur apparition en 2024 ne devrait pas non plus changer le cours du conflit », note Igor Delanoë de l’Observatoire franco-russe.
De son côté, le général Olivier Kempf se montre plus inquiet : « Il n’est aujourd’hui plus sûr que l’Ukraine puisse résister tout au long de 2024 en attendant que les prochains renforts (F-16 ou autres) arrivent et rééquilibrent le rapport de force (…). Car une guerre d’usure est une guerre de logistique. L’Ukraine manque de tout et l’Europe ne lui donnera pas tout cela, car cela aurait signifié une montée en puissance de l’appareil industriel. »
Comme l'explique Emmanuel Todd, "la prise de conscience du désastre ukrainien a semé une vague d’instabilité psychique dans les cercles supérieurs de l’Otan. Ces gens qui n’ont pas été capables de voir que Poutine allait prendre la décision d’attaquer ne sont pas non plus capables d’imaginer qu’il s’arrête une fois ses objectifs atteints. C’est une manifestation du refus de voir la situation d’un point de vue russe."
Un bloc occidental soudé mais réduit et isolé
Pour les États-Unis, l’invasion de l’Ukraine par la Russie représente toujours une contrainte et une aubaine. Elle est intervenue alors que le choix de Biden était d'accélérer le « pivot asiatique » décidé sous Obama. Ce virage stratégique reposait sur un double constat : l’échec des guerres de Bush et une montée en puissance de la Chine supérieure à ce que les élites américaines avaient prévu. Les Eats-Unis faisant le choix de délaisser les « terrains » habituels (Europe et Moyen-Orient) afin de se concentrer sur l’Indo-Pacifique, pour mieux provoquer la Chine dont l'influence grandit dans le monde entier.
Mais les évènements qui se succèdent depuis deux ans, ont bousculé la donne. Dès l’occupation russe, Joe Biden prend le parti de Kiev tout en voulant éviter d’apparaître comme un cobelligérant face à la puissance nucléaire qu’est la Russie. Il tente avec de grandes difficultés, de faire avaliser par le Congrès une nouvelle aide de 60 milliards de dollars à l'Ukraine. Et depuis octobre, le Moyen Orient s'est embrasé avec le génocide du peuple palestinien par Israël.
Côté européen, on essaie de répondre aux demandes de Zelenski, mais tout cela est désordonné et confus. Le choix est celui d’un alignement atlantiste. Macron a multiplié les zigzags diplomatiques mais a finalement décidé que la France rejoindrait la cohorte des pays gonflant leurs budgets de défense.
Les Occidentaux jouent aux échecs en avançant leurs pièces, mais sans s’intéresser à ce que fait l’adversaire. Les Russes vont s’arrêter parce que leur territoire est déjà trop grand pour leur population, qui décline démographiquement. "Ils doivent terminer la guerre dans les cinq ans, parce que la mobilisation va devenir difficile" précisait E. Todd récemment.
Avec ses récents propos sur l’Otan, Donald Trump a donné du grain à moudre aux adeptes d’une Europe de la défense, au premier rang desquels Macron. Face à la « menace russe », le « bloc » des pays occidentaux s’est donc à la fois ressoudé derrière le leadership américain, mais aussi isolé sur la scène internationale, en raison de son soutien inconditionnel au gouvernement de Benyamin Netanyahou.
Le fin de l'hégémonie de quelques puissances occidentales
La résolution du 2 mars 2022 des Nations unies qui « déplore dans les termes les plus énergiques l’agression commise par la Fédération de Russie contre l’Ukraine » a été votée par 141 États ; seuls 5 s’y sont opposés (Russie, Biélorussie, Érythrée, Corée du Nord, Syrie) et 35 se sont abstenus dont la Chine, l’Inde, l’Iran et plusieurs États africains.
C'est surtout le nombre d’abstentions qui a retenu l’attention, (largement majoritaire en nombre d'habitants) notamment parmi les pays du continent africain. Et parmi ceux qui ont approuvé la résolution, très peu ont suivi la campagne de sanctions engagée contre la Russie par les États-Unis et les pays de l’Union européenne (UE).
Deux ans après le déclenchement de la guerre en Ukraine, les positions des uns et des autres n’ont guère changé. Mais l’« apparition publique » de ce qu’on appelle le Sud global, en opposition à un Nord occidentalisé inféodé aux Etats-Unis, n’est pas sans conséquence sur la marche du monde.
Ce positionnement a sonné le glas de l’hégémonie des grands pays développés. « Ce sont les Occidentaux qui imposent leurs sanctions au reste du monde. Si vous ne ressentez pas à quel point cette politique-là fait monter un ressentiment contre nous, vous ne voyez pas arriver l’orage qui va s’abattre sur l’Europe », a même prévenu François Fillon.
La réussite du sommet des Brics (Brésil, Russie Inde, Chine et Afrique du Sud) et son élargissement dans le cadre d’un processus visant à s’exonérer du dollar comme monnaie d’échange commercial et à contourner le Fonds monétaire international, a précisé les choses.
Cette fracture entre les pays occidentaux et le reste du monde s’est aggravée depuis le 7 octobre, avec l’attaque sanglante du Hamas et la terrible réplique israélienne contre la population de Gaza. Une guerre menée avec le soutien des États-Unis et sans que les mêmes pays occidentaux ne prennent la moindre sanction contre Israël, comme ils ont pourtant su le faire avec célérité contre Moscou. Ce « deux poids, deux mesures » s’est transformé en affrontement de conceptions différentes des relations internationales.
Que l’Afrique du Sud soit le pays qui a saisi la Cour internationale de justice face à un possible génocide en cours dans la bande de Gaza ne doit rien au hasard. Reste maintenant à savoir si cette dichotomie aura une influence sur le règlement de la guerre en Ukraine.
Macron en chef de guerre et irresponsable !
Devant une situation qui risque de tourner à l'avantage de la Russie qui aurait des conditions plus favorables pour négocier, certains pays européens dont la France ont décidé d'accroître encore leur aide financière et militaire à l'Ukraine. C'est ainsi que Macron a passé un accord de la France avec l'Ukraine sans consultation des parlementaires de notre pays. Ce qui lui a valu une "volée de bois" vert au parlement ce mardi.
Macron est allé plus loin encore ce lundi en réunissant une vingtaine de chefs d'Etat Européens pour réaffirmer leur soutien à l’Ukraine. À l’issue de la rencontre, Macron a fait une déclaration des plus martiales qui a fait réagir avec vigueur. « Il n’y a pas de consensus aujourd’hui pour envoyer de manière officielle, assumée et endossée des troupes au sol. Mais en dynamique, rien ne doit être exclu, pas même l’envoi de « troupes au sol ». Nous ferons tout ce qu’il faut pour que la Russie ne puisse pas gagner cette guerre », a-t-il déclaré.
Malgré le refus de certains Etats à s'engager dans cette voix de l'escalade, il a insisté, semblant prêt à entrer dans un engrenage belliciste. Et d’ajouter : « Ayons l’humilité de constater qu’on a souvent eu six à douze mois de retard. C’était l’objectif de la discussion de ce soir : tout est possible si c’est utile pour atteindre notre objectif. »
Certains politiques en France (macronistes et de droite), n'hésitant pas à affirmer que si la Russie gagne la guerre, elle s'en prendrait ensuite aux autres pays européens car c'est dans la logique de Poutine. Macron a ainsi affirmé : "l’analyse collective partagée par l’ensemble des pays rassemblés ce lundi était que d’ici à quelques années, il fallait s’apprêter à ce que la Russie nous attaque ! »
Il s'agit d'une absurdité, une inversion de la réalité et une entreprise visant à provoquer les peurs afin de tenter de justifier l'injustifiable : la poursuite de la guerre pour ne pas négocier !
Des personnalités de gauche ont dénoncé le risque d’escalade engageant des puissances nucléaires après la prise de parole de Macron. « Stop, ça suffit ! Plus de 500 000 morts (et blessés) dans cette guerre. Combien en faudra-t-il de plus pour dire « plus jamais ça » ? Cette déclaration est irresponsable, elle pourrait entraîner la France et le Monde dans la guerre », a dénoncé le candidat du PCF aux Européennes, Léon Deffontaines qui « refuse de faire partie d’une nouvelle génération sacrifiée ».
« En annonçant que l’envoi de troupes occidentales au sol en Ukraine « n’est pas exclu », Macron entraîne la France et l’Europe dans une escalade guerrière terriblement dangereuse ! La France doit agir pour la paix, certainement pas pour souffler sur les braises de la guerre », ajoute le secrétaire national du PCF, Fabien Roussel.
Face au tollé et pour tenter de prendre au piège les oppositions, l’Élysée a annoncé, mardi 27 février après-midi, que « le Président de la République a demandé au gouvernement de faire devant le Parlement une déclaration en application de l’article 50-1 de la Constitution, relative à l’accord bilatéral de sécurité conclu avec l’Ukraine le 16 février 2024 et à la situation en Ukraine, suivie d’un débat et d’un vote ».
Jusque-là, députés et sénateurs n’ont pas eu leur mot à dire sur la politique de la France vis-à-vis de l’Ukraine. Espérons que leurs interventions permettront à l'exécutif et à Macron de retrouver la raison et que la voix de paix et d'une solution politique négociée seront plus fortes que tous les va t-en guerre !
Sources : l'Humanité - La chaîne Sénat - AFP