Le 15 mai : opération "prisons mortes" à l'appel de l'intersyndicale...
Entre l’A13 et l’A154, près de Val-de-Reuil, quatre hommes armés répartis dans deux véhicules ont attaqué un fourgon pénitentiaire qui effectuait une extraction judiciaire entre le tribunal de Rouen et d’Évreux. Le détenu, Mohammed Amra, transporté dans le fourgon s’est enfui avec le commando lors de l’attaque.
Condamné pour vol avec effraction, et connu pour trafics de stupéfiants, Mohammed Amra était incarcéré à la Maison d’arrêt d’Évreux et mis en examen par la JIRS de Marseille (Juridiction interrégionale spécialisée dans la lutte contre la criminalité et la délinquance organisée), pour « enlèvement et séquestration ayant entraîné la mort », selon un communiqué de Laure Beccuau, procureure de la République.
Deux morts et deux blessés graves
Un officier et un gardien pénitentiaires présents dans le fourgon sont morts des suites de l’attaque à l’arme longue, et trois autres ont été blessés. Deux d’entre eux sont « en urgence absolue » selon la Junalco (Juridiction de lutte contre la criminalité organisée), qui s’est saisie de l’affaire aux côtés du Parquet de Paris.
La CGT Pénitentiaire de Pau (Pyrénées-Atlantiques) a annoncé la tenue d’un blocage de la Maison d’arrêt de Pau mercredi 15 mai aux alentours de 6 heures du matin, en soutien aux agents décédés et blessés dans l’Eure. Dans un communiqué, l’UFSE-CGT dénonce un danger quotidien et des conditions d’exercice difficiles. (Voir ci-dessous la déclaration)
Dans le même temps, le syndicat Ufap-Unsa Justice appelle au blocage du centre pénitentiaire de Béziers (Hérault), en « mémoire à nos collègues tombés ». En Auvergne, les établissements pénitentiaires de Montluçon (Allier), Moulins-Yzeure (Allier) et Riom (Puy-de-Dôme), rejoignent également le mouvement.
« Nous sommes tous en état de choc, en deuil », a déclaré au Parisien ce matin, Emmanuel Baudin, secrétaire général FO Justice. « On réclame d’avoir une vraie réflexion sur l’organisation, est-ce que la visio ne serait pas nécessaire ? Comme toutes les administrations on est sur le fil du rasoir. Les gars turbinent et font ce qu’ils peuvent », a confié au même journal, Dominique Gombert, secrétaire général adjoint FO pénitentiaire.
Le plan Epervier a été déployé par le commandant du groupement de gendarmerie de l’Eure pour retrouver le fugitif et le commando. 200 gendarmes ont été mobilisés dans l’ensemble de la région et des hélicoptères survoleront la zone alors que le GIGN se rend sur place. Le « pays (…) ne reculera jamais devant les violences et les attaques » et « se tient uni, solidaire derrière toutes celles et ceux qui se battent pour faire respecter le droit », a affirmé Gabriel Attal ce matin.
« Nous n’économiserons aucun effort, aucun moyen. Nous les traquerons. Nous les trouverons. Et je vous le dis, ils paieront », a repris le Premier ministre durant la séance des questions au gouvernement, à l’Assemblée Nationale où s’est tenue une minute de silence.
De son côté, l’intersyndicale appelle à une opération « prisons mortes » le mercredi 15 mai. Une mobilisation qui pourra être reconductible.
Lucie Pelé Article publié dans l'Humanité
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