Intervention de Denis Durand au CN du PCF du 10 juin

Publié le par Les communistes de Pierre Bénite

Tout doit être fait pour que le Nouveau Front populaire batte Macron et le RN. De ce point de vue, croire que l’unité de candidature à elle seule suffira à faire battre le RN, ce serait prendre un risque que nous ne pouvons pas nous offrir dans les circonstances présentes.

 

Pour que l’extrême-droite soit battue, il faut la faire reculer dans les consciences. Si difficile que paraisse cette tâche, c’est un enjeu dès le 30 juin, quand tout va se jouer.

 

Mais d’où vient la force du Rassemblement national ? Il vient d’abord de la crise sociale. Mais aussi d’un travail idéologique profond, patient, mené sur des décennies, qui a construit l’influence de l’extrême-droite dans les milieux populaires. Et enfin de la faiblesse de la gauche.

 

Le choc de 2002 qui annonçait celui d’aujourd’hui, c’est le rejet de Jospin, c’est la manifestation, en France, de l’échec, dans la crise du capitalisme monopoliste d’État, de la social-démocratie identifiée à l’État providence. Or, depuis vingt ans, la gauche a été incapable de renouveler son projet de société. Elle reste imbue d’un étatisme qui croit pouvoir corriger par l’impôt les méfaits du capital, sans lui disputer son pouvoir sur l’économie.

 

Pourtant, si nous voulons résister efficacement au RN et construire une alternative qui réponde à la colère, aux angoisses et aux exigences de nos concitoyens, il faut leur donner très vite les signaux qui les convaincront que la gauche ne propose pas de répéter ce qu’ils ont rejeté avec tant de déception en 2002 et en 2017.

 

Or, nous avons travaillé, et nous avons approuvé à une très large majorité, au 38ème congrès, puis au 39ème, une orientation qui donne une cohérence, celle d’un projet de civilisation, à des mesures immédiates, pouvant ouvrir un débouché aux luttes et faire partie d’un programme législatif.

 

Malheureusement, dans la campagne pour les élections européennes, le choix a été fait de mettre ce projet de côté pour se contenter d’une campagne d’image. Je ne rappelle pas aujourd’hui les débats que nous avons eus dans cette instance mais les résultats de dimanche dernier confirment que nous nous sommes désarmés nous-mêmes, et que nous avons désarmé la gauche, face au RN et face à Macron.

 

Ne commettons pas à nouveau cette erreur, même sous prétexte d’un rapport de forces encore plus défavorable qu’il y a six mois. Il faut avoir le courage, même et surtout dans ce rapport de forces, de mener bataille pour que la gauche intègre dans les propositions qu’elle va mettre en avant d’ici les législatives une composante révolutionnaire, touchant au pouvoir du capital qui est essentiellement un pouvoir sur l’utilisation de l’argent.

 

La possibilité de résister et de construire pour couper la route du pouvoir au fascisme en dépend.

 

Publié dans PCF, Législatives 2024

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article