Avec Lucie Castets, le NFP ne laisse aucun répit à la « trêve politique » de Macron
En proposant le nom de Lucie Castets pour le poste de premier ministre, le Nouveau Front populaire prend à contrepied la stratégie du président de la République, qui plaidait pour une « trêve olympique et politique ».
Le maître des horloges pris de vitesse ? Alors que le président de la République Emmanuel Macron devait sortir de son mutisme, ce mardi soir, sur France 2, après avoir demandé, en marge d’un déplacement au Village des athlètes, lundi, une « trêve olympique et politique », le NFP a sorti sa carte Joker. Les négociations portant sur la désignation d’un candidat au poste de 1er ministre ont débouché sur le nom de Lucie Castets, co-porte-parole du collectif Nos services publics, proposé.
Une heure avant l’allocution du chef de l’État. Lui qui entendait continuer à dissimuler quelques semaines encore le désaveu de son bilan, exprimé lors des élections européennes et législatives. Depuis, Macron semblant hagard, incapable de démêler l’écheveau qu’il a lui-même créé en dissolvant l’Assemblée. Tout juste a-t-il écrit une lettre aux Français, le 10 juillet, en fait une adresse aux partis républicains leur enjoignant de former un gouvernement. Une missive restée sans réponse.
Emmanuel Macron au pied du mur
Macron doit maintenant répondre à cette proposition faite par leNPF, alors qu'il espérait accomplir ce qui n’a pas été possible ces deux dernières années : conclure une alliance en bonne et due forme avec LR présidé par Laurent Wauquiez.
Ce dernier a présenté un pacte législatif qui promet le malheur au monde du travail en comprenant 13 propositions de loi dans le but de lever les prétendus « blocages du pays » : lutte contre l’assistanat ; amélioration des services publics à moyens constants… en luttant contre la « bureaucratie » ; et, surtout, austérité budgétaire. Pour l’heure, LR se défend de toute velléité de former une coalition avec les macronistes.
Difficile pour le chef de l’État de balayer d’un revers de main la candidature de cette haute fonctionnaire, ancienne élève de la promotion « Jean Zay » de l’École nationale d’administration.
Seule sa candidature a permis de rassembler toutes les composantes du NFP. « Le Nouveau Front populaire a sa première ministre, a ainsi tweeté la député FI Clémence Guetté. Nous sommes prêts, pour nos services publics, pour abroger la réforme des retraites : il faut agir sans attendre. Emmanuel Macron doit la nommer. Nous allons tout changer. »
Le sénateur Europe Écologie Les Verts Yannick Jadot s’est déclaré « très fier de soutenir Lucie Castets comme première ministre du Nouveau Front populaire. Son engagement pour les services publics, la justice sociale et la transformation écologique, et sa disponibilité pour servir le pays nous font honneur ! Il n’y aurait eu ni Nouveau Front populaire ni front républicain sans la société civile ! Elle est ici très bien représentée ! ».
« Impasse démocratique »
Grandement affaibli, Emmanuel Macron pourra-t-il dans ce contexte maintenir le gouvernement de gestion des affaires courantes de Gabriel Attal tout l’été ? Quand bien même cela commence déjà à entacher la crédibilité de la France. Le président devra se rendre lui-même, mercredi, au Comité international olympique à Paris pour soutenir la candidature française aux JO d’hiver de 2030 : un premier ministre démissionnaire ne peut apporter certaines garanties concernant la livraison des Jeux. Une loi doit en effet être votée par le Parlement avant la loi de Finances…
Politiquement, la situation n’est pas stabilisée. Et la Macronie est à la peine pour répondre à une gauche qui reprend l’offensive.
Ce mardi, les insoumis ont déposé une proposition de loi afin d’abroger la réforme des retraites. À deux reprises ces derniers mois, la présidente de l’Assemblée, Yaël Braun-Pivet, avait bloqué une telle initiative, au nom de l’article 40 de la Constitution qui veut que toute loi soit financée. Sauf qu’il existe désormais clairement une majorité dans l’Hémicycle contre la réforme, avec, depuis samedi dernier, une gauche majoritaire au sein du bureau de l’Assemblée.
Surtout, la Macronie ne prend pas la mesure de la colère dans le pays. « Le président se moque bien des Français », a dénoncé Fabien Roussel, secrétaire national du PCF, qui rappelle que les citoyens « ont, ces dernières semaines, exprimé à trois reprises dans les urnes leur volonté de changement ». Afin de dénouer une « impasse démocratique avec des gouvernements qui tomberont dès la première motion de censure, qu’ils soient de droite ou même du NFP », il invite à un sursaut populaire.
« Nous ferons appel au peuple, à l’intervention citoyenne, à toutes les forces vives de la nation, syndicales, associatives, citoyennes. Nous resterons unitaires pour deux au sein des forces de gauche et écologistes pour construire l’espoir du changement, malgré tout », prévient le dirigeant communiste.