Les peuples du monde bougent. Au Bangladesh les manifestants imposent leur pouvoir
Manifestation d'étudiants dans la capitale DACCA contre les quotats d'embauche dans la fonction publique
Dès juillet des manifestations massives ont débuté à l’initiative des étudiants et puis renforcées par les travailleurs. Ainsi, elles ont réussi à faire chuter le pouvoir et imposer la démission de la première Ministre. Le gouvernement arc-bouté sur sa politique autocratique a préféré résister aux revendications plutôt qu’écouter les manifestants.
La protestation a ainsi pris une ampleur insurrectionnelle et a dépassé les sphères étudiantes. Les travailleurs ont rejoint la contestation. Devant la masse de manifestants, la première Ministre Sheikh Hasina a démissionné et s’est enfuie vers l’Inde. L'armée a pris le contrôle du pays et un nouveau gouvernement devrait être formé prochainement. L’ex-première ministre et cheffe de l’opposition au Bangladesh, Khaleda Zia, a par ailleurs été libérée mardi.
Le président du Bangladesh, Mohammad Shahabuddin, a dissous le Parlement et le prix Nobel de la paix Muhammad Yunus devrait prendre la tête d’un gouvernement intérimaire, a annoncé la présidence mardi soir.
Au lendemain de la prise de contrôle du pays par l’armée, le chef de file du principal mouvement étudiant à l’origine des manifestations a souhaité que le gouvernement intérimaire soit dirigé par Muhammad Yunus, qui s’était dit disposé à en prendre la tête. « Je suis touché par la confiance des protestataires qui me souhaitent à la tête du gouvernement intérimaire », a-t-il souligné. « J’ai toujours mis la politique à distance (…). Mais aujourd’hui, s’il faut agir au Bangladesh, pour mon pays, et pour le courage de mon peuple alors je le ferai », a-t-il ajouté, tout en appelant à l’organisation d’« élections libres ».
Le Bangladesh est le centre mondial de la production textile et chimique à bas coût. Le 24 avril 2013, malgré les alertes, un employeur obligeait les travailleurs à retourner dans un immeuble fissuré qui s’effondra sur eux faisant près de 1 200 morts et 2 500 victimes dont certaines resteront handicapées à vie sans pension ou indemnisation au niveau nécessaire pour vivre dignement.
Le pouvoir du Bangladesh a fait du pays un des dix pires au monde en ce qui concerne les conditions du travail. La corruption permet aux employeurs, agissant pour le compte des multinationales, de violer les rares articles de loi protégeant les travailleurs. Les salaires indécents ne permettent pas d’accéder à l’éducation, la santé et la culture.
Le NGWF, organisation syndicale proche de la CGT regroupant 80% des travailleurs du textile a pris part à ce mouvement de masse. Il a subi des pertes importantes pendant les manifestations : selon les chiffres provisoires 4 responsables et 11 syndiqués ont été tués, plus de 50 blessés et plus de 100 arrestations.
La CGT adresse son soutien aux peuples du Bangladesh ainsi qu’aux travailleurs et aux syndiqués du NGWF. Elle reste attentive à l’évolution de la situation et exige que les donneurs d’ordre des entreprises fermées imposent que dans cette période les salaires soient versés sans condition.
Article mis à jour le 11 août 2024