Réactions sur la nomination de Michel Barnier à Matignon

Après 60 jours sans gouvernement, le successeur du Premier ministre, Gabriel Attal, vient d'être connu. Il s'agit de Michel Barnier (LR), 73 ans. À Lyon, diverses personnalités politiques de gauche s'insurgent contre cette décision.

Réaction de Bruno Bernard président de la Métropole de Lyon

"Emmanuel Macron s’assoit sur le vote des français avec la nomination de Michel Barnier Le président de la république a refusé d’appliquer la logique de nos institutions en ne nommant pas Lucie Castet candidate du NFP, force arrivée en tête le 7 juillet.

Il confit cette charge à un homme dont le parti a ouvertement renié le Front Républicain et refusé d'y participer. La plupart mettant comme adversaire principal la gauche et non pas le RN.

C'est une trahison des électeurs, une trahison du Front Républicain. Car par ce choix, Emmanuel Macron n'a qu'une ambition : Continuer sa politique libérale, avec la droite et la complicité du RN.

Une trahison des électeurs de gauche et écologiste qui ont fait barrage en votant pour la Coalition Ensemble contre l’extrême droite.

Une trahison des électeurs centristes qui ont crû sincèrement qu'Emmanuel Macron allait (enfin) se souvenir qu'il devait être un rempart à l'extrême droite et non pas le marche-pied de ses idées.

Une trahison de l’ensemble des électeurs qui ont cru que leur vote serait utile. L’irrespect du vote des français est inacceptable et dangereux pour notre démocratie."

La députée LFI-NFP, Anaïs Belouassa Cherifi

Dénonce quant à elle un président de la République qui « souille la démocratie », tout en appelant à descendre dans la rue le 7 septembre.

Abdelkader Lahmar, député NFP-LFI de la 7e circonscription du Rhône, appelle également à la mobilisation le 7 septembre et invite à signer une pétition en faveur de la destitution du Président.

Sandrine Runel députée socialiste de la 4e circonscription du Rhône

"Après avoir refusé Lucie Castets par crainte d’instabilité gouvernementale, #Macron choisit un membre de la formation politique la plus durement rejetée et qui compte moins de 50 députés. Bravo, beau déni de démocratie ."

Boris Tavernier, député écologiste de la 2e circonscription du Rhône présente Michel Barnier comme le « défenseur d’une PAC qui écrase les petits exploitants et d’un modèle alimentaire ultra-productiviste ».

Gabriel Amard, député LFI à Villeurbanne.

"Macron nie le résultat des élections. Avec la complicité du RN il nomme un Premier ministre issu des LR arrivés derniers de l’élection législative. "Assez ! Engageons la destitution de Macron "

Du côté des syndicats c'est le même constat. Michel Barnier ne fait pas l’unanimité chez les organisations syndicales, qui y voient un déni de démocratie, et s’inquiètent des prises de position passée du Républicain.

« Un mépris du vote des électeurs. » Telle est réaction de la secrétaire générale de la CGT Sophie Binet après la nomination du Républicain Michel Barnier. Elle « s’inscrit à l’inverse du résultat des élections législatives », marquées par une « mobilisation historique « pour » empêcher le RN d’entrer à Matignon », a regretté la responsable syndicale. Elle dénonce le choix d’« une personne issue du parti arrivé en dernière position, dont la survie politique dépendra du RN puisque ce sont eux qui vont faire basculer, dans un sens ou dans l’autre, une motion de censure ».

 

Inquiète par « les précédentes prises de position » de l’ancien ministre de Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy, Sophie Binet souligne qu’il s’était notamment prononcé en faveur de la retraite à 65 ans lors de sa campagne pour la primaire de la droite en 2021. Pour elle, de nombreuses zones d’ombre subsistent. « Est-ce que Michel Barnier est prêt à rompre avec la politique économique et sociale d’Emmanuel Macron et avec sa méthode, verticale et autoritaire ? », s’est-elle interrogée, estimant qu’il fallait « une rupture avec la politique économique et sociale d’Emmanuel Macron », « sanctionnée » par les électeurs lors des législatives le 7 juillet dernier.

Des syndicats en « colère »

Ces craintes sont partagées par Force Ouvrière (FO), dont le mot d’ordre est la « colère ». L’organisation se dit révoltée par cette nomination « notamment face à la situation des urgences et de l’hôpital public, au manque de moyens et d’effectifs dans les écoles ». Dans ce contexte, le syndicat, a « réaffirmé ses revendications, entre autres, de défense et renforcement des services publics partout sur le territoire, d’abrogation de la réforme des retraites et d’augmentation générale des salaires, traitements, pensions et minima sociaux ».

Solidaires abonde en ce sens, affirmant que la nomination de Michel Barnier « ne répond pas aux urgences sociales et écologiques ».

De son côté, la CFDT soutient que « la mise en place du gouvernement ne doit désormais plus tarder car la tâche qui l’attend est grande ». « La crise démocratique que nous traversons conduira, malgré cette nomination, à une forme de blocage politique plus ou moins sévère », ajoute le syndicat, avant de préciser que « dans ce contexte, les partenaires sociaux auront la responsabilité de bâtir des compromis alliant progrès social, transformation écologique et solidité économique », a poursuivi la centrale de Belleville.

À la CFE-CGC, François Hommeril reste également sur l’expectative : « On verra sur pièces. » Moins méfiant, Cyril Chabanier élu à la CFTC a noté que Michel Barnier « sembl (ait) être quelqu’un qui est dans le dialogue et le compromis ». Enfin, Laurent Escure de Unsa a, lui, observé que « tout ce qui serait dans une forme de continuité, tolérée par le RN, ne fera qu’accroître la crise ».

Sources La Tribune de Lyon et l'Humanité