Agnès Pannier-Runacher, nouvelle ministre de la Transition écologique sans moyens !

Publié le par Les communistes de Pierre Bénite

Brochures, plan climat du PCF

Brochures, plan climat du PCF

Agnès Pannier-Runacher est une macroniste de la première heure. Elle a été nommée ministre de la Transition écologique, de l’Énergie, du Climat et de la Prévention des risques. Elle a déjà exercé plusieurs postes au gouvernement et s’y est fait remarquer par ses conflits d’intérêt et sa défense de la croissance verte.

 

On l’a connue secrétaire d’État à l’Économie. Puis ministre déléguée à l’Industrie. Avant d’être ministre de la Transition énergétique. Et enfin ministre déléguée à l’Agriculture. Elle va pouvoir ajouter une nouvelle ligne à son CV : ministre de la Transition écologique, de l’Énergie, du Climat et de la Prévention des risques.

 

Fidèle à Macron quoiqu'il arrive, elle est renommée ministre dans le gouvernement de Michel Barnier. Elle succède à Christophe Béchu, qui a annoncé vouloir redevenir maire d’Angers (Maine-et-Loire) après 2 années passées à superviser les enjeux écologiques.

 

Avec une capacité à passer d’un ministère à un autre avec facilité, Agnès Pannier-Runacher est connue pour ses conflits d’intérêt et ses liens avec des multinationales. Haute fonctionnaire de 50 ans, elle est la fille de Jean-Michel Runacher, qui a dirigé la société Perenco, le deuxième producteur français de pétrole après Total. Les associations environnementales avaient été nombreuses, en mai 2022, à dénoncer l’incongruité de sa nomination au ministère de la Transition énergétique , alors qu’elle est reliée à un groupe climaticide. Perenco étant accusé par les Amis de la Terre France de violer les droits humains et de ravager l’environnement dans tous les pays où il opère.

 

En 2022, une enquête du média d’investigation Disclose a révélé que les enfants de la ministre, mineurs, étaient actionnaires d’une entreprise créée par Jean-Michel Runacher, dont les fonds, domiciliés en partie dans des paradis fiscaux, étaient liés à Perenco. Agnès Pannier-Runacher avait balayé l’accusation de conflit d’intérêts affirmant qu’il ne s’agissait pas de son patrimoine. La Haute autorité pour la transparence de la vie publique l’avait ensuite blanchie. Bien que l’opposition et de nombreuses associations avaient demandé sa démission, elle était donc restée en poste. Et revient aujourd'hui....

 

Des restrictions à n’en plus finir

 

Lors de ses précédentes fonctions, Agnès Pannier-Runacher ne pouvait pas gérer les dossiers liés à Engie, car son mari de l’époque était président d’Engie Global Markets, la plateforme trading d’énergie du groupe énergétique. « La ministre était séparée de son ex-mari depuis 18 mois lorsqu’elle a pris ses fonctions au ministère, précise son entourage. Par précaution et pour couper court à toute polémique, un déport a été pris pour quinze jours, le temps que le divorce soit prononcé. » Elle faisait aussi l’objet de restrictions sur les dossiers liés aux entreprises où elle avait travaillé, de Compagnie des Alpes (consacrée à l’exploitation de domaines skiables) à la compagnie maritime Bourbon (qui intervient sur les champs pétroliers, gaziers et éoliens). Le média Politico a révélé en 2022 qu’elle vivait dans une maison appartenant à la famille Dassault — très active dans le secteur industriel — ce qu’elle a déclaré ignorer. Depuis, elle serait devenue propriétaire du logement. Malgré les polémiques, elle est restée son poste.

 

Progrès, innovation et science

 

Agnès Pannier-Runacher s’est donc faite connaître par ces conflits d’intérêt que par son appétence pour l’écologie. Sur ce sujet, elle est dans la droite lignée de Macron, avec une croyance dans la croissance verte. « Plutôt qu’une écologie des interdits, nous défendons une écologie des solutions, écrivait-elle dans Les Échos. Nous portons une autre vision, celle d’une écologie qui croit au progrès et à l’incitation, une écologie qui compte sur l’innovation et la science pour changer notre modèle de production et trouver de nouvelles solutions. » Les principales actions à entreprendre, selon elle, seraient la relocalisation des industries en France et le développement l’énergie nucléaire. Elle ne s’est pas opposée à de nouveaux forages pétroliers en Gironde.

 

Son entourage souligne son implication dans les projets de décarbonation de l’industrie, de plan de sobriété énergétique et de développement des énergies renouvelables. « C’est tout ce travail, fait avec les acteurs et les associations, qui a contribué à la baisse inédite des émissions de gaz à effet de serre : - 5,8 % en 2023 pour rappel », affirme une proche. Une réduction conjoncturelle qui ne relève pas d'elle, car selon le Haut conseil pour le climat, ce recul est dû à la diminution des activités industrielles, ou à la réduction du cheptel bovin. Ses membres ont rappelé que les politiques mises en place restaient « insuffisantes ».

 

Mauvais signal

 

Sa nomination est un mauvais signal pour l’écologie. Les enjeux climatiques et de biodiversité sont déjà invisibilisés — Michel Barnier a prononcé que deux mots « dette écologique » lors de son discours de passation, sans donner davantage de cap — et l'ancien gouvernement Attal prévoyait de baisser le budget du ministère en 2025, confirmant que la "macronie" est fâchée avec l'écologie. Recaser à l’hôtel de Roquelaure une femme liée à un groupe pétrolier, ministre qui a dû démissionner après son échec aux législatives, semble incompatible avec les enjeux.

 

Les associations environnementales partagent leurs craintes : « Alors que les impacts du changement climatique n’ont jamais été aussi dramatiques (fortes chaleurs, incendies, inondations…), que la feuille de route climat-énergie de la France est en retard de plus d’un an, et que des coupes budgétaires sont annoncées dans ce domaine, nous sommes particulièrement inquiets », déclare Anne Bringault, directrice des programmes au Réseau Action Climat.

 

Une ministre sans moyens !

 

Ce qui choque le plus dans la constitution du gouvernement Barnier, au delà de main mise des Macronistes sur les postes clés de la politique économique, sociale, écologique et militaire de la France et au delà de la nomination de Agnès Pannier- Runacher au ministère de la Transition écologique, c'est le fait que ce ministère ne soit pas lié aux activités de notre pays où il y a l'urgent besoin d'entreprendre la décarbonation comme le logement, les transports et l'agriculture alors que l'énergie est déjà très décarbonée et pourtant elle est rattachée au ministère de Agnès Pannier-Runacher. Il y a là soit une incohérence soit une volonté de lever le pied sur les exigences de la Transition écologique et des politiques qui ont commencé à être mises en oeuvre dans les trois domaines pointés.

 

Si le 1er ministre Barnier affirme être attaché à l'écologie, rien dans son discours de politique générale ne semble soutenir cette position. Au contraire les axes annoncés font craindre de nouveaux reculs.

 

Budget 2025 : coups de rabot sur l'écologie...

 

C'est la crainte que l'on a en entendant Barnier annoncer une énième révision de la DPE (Diagostic de Performance Ecologique à respecter lors de la vente d'un logement ou d'un bâtiment, lors de la signature d'un contrat de location d'un logement ou d'un bâtiment d'habitation, ainsi que pour les bâtiments neufs.) Ne risque t-on pas d'aller vers un recul de l'interdiction de location des passoires thermiques alors qu'il faudrait renforcer et accélérer les rénovation énergétiques des parcs de logements.

 

Le risque est grand également de voir un détricotage des mesures contre l'artificialisation des espaces naturels et agricoles qui disparaissent sous le béton alors qu'ils sont essentiels pour protéger contre les impacts du changement climatique et qui ne sont en rien responsables de la désindustrialisation du pays ou de la grave crise du logement qu'il connaît.

 

Il y a le risque de mettre un terme aux surtranspositions notamment pour les agriculteurs. Il s'agit d'une bataille du capital et du patronat, des grands propriétaires terriens reprise par les ultralibéraux de droite et d'extrême droite qui vise à réduire par tous les moyens les normes en vigueur dans les activités économiques qui protègent la santé humaine et l'environnement des pollutions industrielles, des risques industriels, du réchauffement climatique et de ses conséquences comme de celles provenant d'une utilisation intensive et non contrôlée des nouvelles technologiques et autres produits chimiques.

 

Enfin, il y a les moyens budgétaires alloués à la Transition écologique. Après leur forte hausse en 2024 qui s’explique essentiellement par la disparition des charges du bouclier énergétique, les dépenses publiques pour la transition écologique sont menacées de coupes claires. Révélé cet été, le scénario était en réalité écrit d’avance. Le 1er ministre à quelques nuances près, suit l’orientation budgétaire de son prédécesseur qui envisageait une dure politique d'austérité dont les principales cibles étaient la politique de l’emploi et l’écologie.

 

Les coups de rabot envisagés se montent à 2,5 milliards d’euros. Le principal sacrifié est le fonds vert en faveur de la transition écologique des collectivités territoriales : moins 1,5 milliard d’euros alors que les besoins d’investissement des collectivités pour atteindre les objectifs de décarbonation ont été évalués à au moins 12 milliards d’euros par an sur la période 2021-2030, un doublement par rapport au niveau atteint en 2020-2021.

 

Autre risque, la baisse des dotations de l’Ademe. L’Agence de la transition écologique verrait son enveloppe passer de 1,4 milliard d’euros en 2024 à 900 millions l’an prochain. Au détriment, en particulier, du « fonds chaleur », outil de financement essentiel du développement du recours à la biomasse pour alimenter les réseaux de chaleur. Sont aussi dans le viseur, les crédits alloués à la biodiversité qui passeraient de 578 millions à 441 millions d’€ et l'objectif de couper un demi-milliard d’aides à l’électrification du parc de véhicules, qui aident les ménages modestes à accéder à la voiture électrique. Dans ces conditions que vont devenir les ZFE qui risque de voir des milliers d'automobilistes privés d'un moyen de déplacement vital pour eux pour aller travailler, faire ses courses ou se soigner ?

 

Une orientation politique très grave...

 

La situation est donc grave. L’urgence climatique mais aussi la sécurité des approvisionnements énergétiques imposent de sortir au plus vite des énergies fossiles importées, qui couvrent encore aujourd’hui environ 60 % des besoins nationaux.

 

La France a souscrit à l’objectif européen d’une baisse de 50% de ses émissions de gaz à effet de serre dans 6 ans par rapport à leur niveau de 1990. Cet objectif et l'effort à réaliser, impliqueraient a minima de porter l’investissement public et privé en faveur du climat (isolation des bâtiments et logements, électrification des déplacements et des process industriels, développement du mix énergétique…) de 100 milliards d’euros estimés en 2022 – dont un tiers de financements publics –, à près de 160 milliards par an en moyenne sur la période 2024-2030, hors inflation.

 

Ce n'est pas voie prise par ce gouvernement Barnier. Cela impose des mobilisations fortes pour corriger et transformer cette politique budgétaire austéritaire qui nie les enjeux climatiques et de la biodiversité.

 

La voie à prendre est celle des propositions de plan climat du Parti Communiste Français qui fait l'objet de multiples débats avec des militants, des chercheurs, des scientifiques, des écologistes et des citoyens dans les villes et villages de notre pays. Un tel plan qui devrait être ajusté montre à quel point il est urgent de conquérir par les luttes et le vote une autre politique économique, sociale et écologique dans notre pays.

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