Communes de tous les pays, unissons-nous ! par Philippe Rio

« Les communes… heureusement ! » C’est sous ce thème que s’ouvrira le 106^e Congrès des maires. Lors de ce rendez-vous annuel de novembre, la présence ou non du président de la République agitera certainement les allées de la porte de Versailles dans un nouveau remake d’En attendant Godot.

Mais l’essentiel est ailleurs ! Après une crise sanitaire historique, une explosion inouïe des factures énergétiques, des violences urbaines inédites géographiquement et une instabilité institutionnelle palpable, c’est une purge sans précédent pour les finances publiques locales qui a été annoncée par un scénario bien ficelé.

Tel un Churchill des finances publiques, le premier ministre a, dans son discours de politique générale, promis du sang et des larmes en demandant aux collectivités de participer à « un pacte de responsabilité » qui est une cure d’austérité de 5 milliards d’euros par an.

Deux jours auparavant, la Cour des comptes a préconisé une suppression de 100 000 emplois dans les collectivités locales, soit 4,1 milliards d’euros d’économies.

Et le projet de loi de finances pour 2025, cette doxa libérale et ce concours Lépine d’économies présentées ce jour au Conseil des ministres, révèle même une facture cachée pour les collectivités qui pourrait être bien supérieure.

Pourtant, en cumulé depuis 2012, ce sont déjà 250 milliards d’euros qui ont été supprimés aux collectivités locales dans un contexte où le panier du maire a subi plus de 20 % d’inflation et des pics de factures énergétiques jusqu’à 500 %.

Le procès permanent en gabegie financière envers les collectivités ne cesse pour autant de prospérer. Plus c’est gros, plus ça passe ! Vous comprendrez donc que les maires ont parfois le sentiment d’être pris la tête dans un étau et de manquer d’air pour agir. Il ne s’agit plus d’économies à ce stade !

Quels services publics serons-nous sommés de diminuer ou supprimer ? Nos assistantes maternelles, nos personnels de cantine, nos agents des espaces verts, nos policiers municipaux sont-ils de trop ? Devons-nous fermer nos crèches ? Rappelons également que 70 % de l’investissement public dépend des collectivités territoriales, qui portent ainsi une dynamique économique locale !

Un déni démocratique a barré la route du pouvoir au Nouveau Front populaire et empêché l’écriture d’une nouvelle histoire pour les services publics locaux. Nous devons donc gagner la bataille de l’opinion par de nouvelles formes de mobilisation.

À moins de deux ans des municipales, la fin progressive de la libre administration des collectivités locales serait, au fond, du pain bénit pour le Rassemblement national, qui veut gagner des communes avec le projet Périclès. Que la bataille parlementaire commence et que les territoires se mettent en mouvement. Vrai perdants et faux gagnants, communes de tous les pays, unissons-nous !

La chronique de Philippe Rio Publiée dans l'Humanité