La Russie refuse que les Turcs mettent ses S-400 dans les mains de l’OTAN

Publié le par Les communistes de Pierre Bénite

La Russie refuse que les Turcs mettent ses S-400 dans les mains de l’OTAN

 

Moscou a réagi aux récentes spéculations sur la possible réintégration de la Turquie dans le programme F-35 de Lockheed Martin en échange de la mise hors service de ses systèmes de défense aérienne S-400, fournis par la Russie. Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a rappelé que la Turquie ne pouvait pas revendre ces systèmes à un autre pays en raison des clauses contenues dans le contrat d’achat.

 

« Les contrats d’armement incluent une clause de certificat d’utilisateur final », a précisé Lavrov. « Pour toute action concernant les produits fournis, lorsque le pays destinataire est désigné comme utilisateur final, le consentement du pays vendeur est requis », a-t-il ajouté.

 

Cette déclaration fait suite à un rapport de BulgarianMilitary.com, indiquant que la Turquie et les États-Unis seraient en discussions concernant les S-400. Selon le média grec Kathimerini, Washington aurait proposé un plan détaillé l’été dernier pour résoudre le différend autour des S-400. Une des propositions consisterait à ce que la Turquie conserve les missiles sur son territoire tout en transférant leur contrôle aux États-Unis. Des hauts fonctionnaires américains auraient également suggéré de déplacer les systèmes dans la zone américaine de la base d’Incirlik, au sud de la Turquie. Cette solution permettrait à la Turquie d’éviter un retour en arrière embarrassant, tout en respectant ses engagements envers la Russie.

 

Par ailleurs, certaines sources occidentales mentionnent que la Turquie aurait été encouragée à transférer ses S-400 en Ukraine, où des systèmes similaires, les S-300, sont largement utilisés. La Grèce, voisine de la Turquie, a déjà transféré ses S-300PMU-1 à l’Ukraine, facilitant ainsi l’acquisition de F-35 par Athènes.

 

Military Watch Magazine (MWM) suggère que le transfert des S-400 vers les États-Unis ou un autre membre de l’OTAN pour des analyses est également une option envisageable. MWM évoque notamment la possibilité que les systèmes restent sur une base aérienne turque sous contrôle américain. Pour la Turquie, il ne serait pas question de revendre les systèmes, mais plutôt de les relocaliser sous une gestion conjointe avec Washington. Avec la clause de l’utilisateur final, Lavrov exerce une pression sur Ankara, face à un éventuel transfert sous contrôle américain.

 

Moscou fait ainsi passer un message clair : la Turquie ne peut ni revendre ni transférer les S-400 sans l’approbation de la Russie, empêchant ainsi l’OTAN d’accéder à cette technologie. Mais la stratégie sous-jacente de la Russie pourrait être de préserver la dépendance stratégique d’Ankara vis-à-vis de Moscou, tout en évitant un rapprochement trop étroit entre la Turquie et les États-Unis.

 

La Russie accorde une grande importance au S-400 dans sa stratégie de défense aérienne, surtout compte tenu de la taille plus modeste de sa flotte de chasseurs en comparaison avec celle de l’OTAN. Cette technologie pourrait avoir de lourdes conséquences pour sa sécurité. L’histoire regorge d’exemples où des systèmes d’armes russes ont été transmis aux Occidentaux à des fins d’étude, comme dans le cas de l’Égypte qui, dans les années 1970, a fourni aux États-Unis des avions MiG et des systèmes de défense soviétiques.

 

Aujourd’hui, la situation est encore plus critique pour la Russie. Le S-400, l’un de ses systèmes de défense les plus avancés, représente une pièce maîtresse de sa stratégie pour les années à venir. Si la Turquie venait à transférer ces systèmes aux États-Unis, cela créerait une brèche technologique que Moscou ne peut se permettre.

 

Toutefois, il est peu probable que la Turquie suive les traces de la Grèce, qui a transféré ses S-300 à l’Ukraine. Les relations russo-turques sont bien plus complexes, notamment en raison de leurs liens économiques profonds, qui incluent le commerce et la fourniture de gaz naturel. Malgré des divergences sur certains théâtres géopolitiques, comme en Syrie ou en Libye, la Turquie et la Russie maintiennent une coopération stratégique. L’achat du S-400 par Ankara en 2017 a exacerbé les tensions avec l’OTAN, mais ce choix souligne aussi la volonté de la Turquie d’affirmer son indépendance face aux pressions occidentales, un objectif cher au président Erdogan.

 

Contrairement à la Grèce, qui a fait un usage limité de ses S-300 et n’a pas subi de pressions majeures, la Turquie a intégré les S-400 dans sa stratégie de défense. Revenir sur cette décision s’avérerait délicat, surtout après les sanctions économiques déjà imposées par Washington. Céder les S-400 sans une compensation significative serait difficile pour Ankara, dont la politique de défense demeure centrée sur cet équilibre entre l’Est et l’Ouest.

 
Sources : capucine septembre 2024
© armenews.com 2024

Publié dans Europe, International, Paix

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