Les sapeurs pompiers de Lyon se font entendre. Les cadres du SDMIS* en grève ce jeudi à Lyon
Alors que le mouvement des pompiers engagé depuis le 1er octobre se poursuit, ce sont les cadres du SDMIS de Lyon qui seront en lutte le jeudi 10 octobre. C'est une grève "historique". Un rassemblement a lieu à 14h30 devant l'état-major du SDMIS.
Les cadres du SDMIS revendiquent la "revalorisation du pouvoir d'achat pour l'ensemble des agents suite à la suppression d'une prime de logement". Les grévistes demandent également la "mise en place d'un plan de recrutement avec création de postes en réponse à l'augmentation de la charge opérationnelle et fonctionnelle".
Depuis le 1er octobre les pompiers du SDMIS du Rhône et de la Métropole de Lyon sont en grève illimitée pour dénoncer la suppression de cette prime logement. Le mardi 1er octobre une quarantaine d'entre eux se sont faits entendre à l'Hôtel de Métropole.Ils ont été reçus par la direction générale de la Métropole de Lyon.
Face à ce mouvement, le président de la Métropole de Lyon, Bruno Bernard appelle l'Etat à renforcer les capacités de financement des SDMIS.
Le Président de la métropole a expliqué : "Ce qui se passe aujourd'hui a au moins le mérite de poser sur la table la question du financement des SDMIS à long terme." Une réunion en ce sens devrait avoir lieu à la préfecture du Rhône, réunissant les syndicats de sapeurs-pompiers, les services de l'Etat, le SDMIS, le département et la Métropole. "En tant que financeur, nous n’avons pas récupéré l’argent de ces primes", assure-t-il. Et d'ajouter : "C’est à eux de voir comment ces primes, qui ne sont plus versées, peuvent être travaillées avec les organisations syndicales pour rester aux salariés."
La prime en question a été supprimée par le SDMIS suite au rapport de la Chambre régionale des comptes indiquant qu'elle ne reposait sur aucun "fondement juridique propre". La présidente du SDMIS a aussitôt décidé de sa suppression. Zémorda Khelifi assurait rester "déterminée à chercher des conditions favorables à la poursuite de la mise en oeuvre du protocole d'accord initié en 2024". Le SDMIS reconnaît évoluer dans "un contexte budgétaire tendu". Une situation qui risque de s'aggraver encore avec l'austérité renforcée que le gouvernement Barnier veut imposer aux collectivités.
Le mouvement social des pompiers est également lié à l'absence de prime pour la profession lors des Jeux olympiques de Paris, La Métropole de Lyon et le département du Rhône étaient invités par l'Etat à financer à 50 % une prime de 700 €. "L'État décide de donner une prime pour les JO, mais il ne peut nous demander après de la financer", a justifié Bruno Bernard qui veut de nouvelles recettes.
"En 2024, notre budget pour le SDMIS s'élève à un peu plus de 130 millions d'euros", soit 80 % du financement total du SDMIS, (les 20 % restants étant à la charge du département et des communes du Rhône). "Nous avons fait un effort considérable, néanmoins, cela ne suffit pas", a-t-il reconnu, invitant l'Etat a faire plus.
Dans son budget de fonctionnement 2025, la Métropole maintiendra son budget SDMIS en hausse, à hauteur de - 0,5 % de l'inflation. Le Président déploré "la faiblesse des financements" de l'Etat : "Les missions des SDIS ne font qu'augmenter, les coûts ne font qu'augmenter. Le système est à bout de souffle, tout le monde connaît le problème et il ne se passe rien depuis 2022." Et d'appeler à une augmentation de la taxe sur les conventions d'assurance (TSCA) pour dégager de nouvelles recettes et augmenter le budget des services d'incendie et de secours.
"C'est la piste la plus rapide et la plus logique. Plus les pompiers arrivent vite, moins il y a des coût pour les assurances", a appuyé Bruno Bernard. En 2023, la ministre Borne a été saisie et un amendement au projet de loi de finances 2024 a été déposé par le sénateur socialiste Gilbert-Luc Devinaz, mais balayé par le 49.3.
Entre 2018 et 2023, la TSCA a augmenté de 20 % tandis que les contributions de la Métropole et du Département au SDMIS n'ont augmenté que de 8 %. La Métropole de Lyon n'affecte que 37 % du montant de la TSCA qu'elle perçoit au financement du SDMIS et ce sont 28 % pour le département.
Ce mardi 8 octobre, suite à leur assemblée générale, 300 à 400 sapeurs pompiers ont occupé et bloqué le périphérique lyonnais, pendant une quinzaine de minutes. Ils souhaitaient ainsi montrer le temps d'intervention et attirer l'attention sur les manques de moyen.
(A suivre)