Destin commun par Marion d'Allard
On sait l’exercice de la diplomatique climatique fragile et souvent décevant. La 29e conférence des parties sur le climat, qui vient de s’achever à Bakou, en est l’illustration navrante.
Sous pression des lobbies, l’impréparation coupable de la présidence azerbaïdjanaise, le règne des intérêts particuliers et l’obstination des pays pollueurs à refuser leur responsabilité historique ont abouti à faire de cette COP ce que beaucoup redoutaient : un coup d’épée dans l’eau.
Obtenu à l’arraché au bout de la nuit, samedi, l’accord final acte le déblocage d’une enveloppe de 300 milliards de dollars au bénéfice de la transition des pays en développement, à l’horizon 2035. Bien loin des 1 000 milliards estimés par les experts de l’ONU. Tellement loin des besoins des populations.
Le réchauffement planétaire est un fléau, ses conséquences ne sont plus chimériques. Elles sont le drame des inondations meurtrières de Valence et des incendies de Los Angeles. Elles sont le calvaire des canicules et des sécheresses. Elles sont la violence des tempêtes qui saccagent tout sur leur passage, l’élévation calamiteuse du niveau des mers qui menace l’existence même de nombreux États insulaires.
La lutte climatique impose le courage de décisions politiques franches, radicales, qui obligent à la sortie des énergies fossiles et incriminent l’extractivisme, qui définissent les responsabilités, qui ordonnent et mettent en œuvre l’impérative solidarité. Alors que, de Trump à Milei et d’Orban à Modi, l’internationale climato-sceptique a le vent en poupe, le temps de la demi-mesure est révolu.
Le monde a échoué hier à Bakou. Il a rendez-vous aujourd’hui à Busan. La Corée du Sud accueille ce qui doit être la dernière séance de négociations internationales en vue de l’élaboration d’un traité mondial – le premier du genre – de lutte contre les pollutions plastiques.
Là encore, les chances sont minces de voir se concrétiser les espoirs des défenseurs de l’environnement et de la biodiversité. Là encore, manœuvres politiques et groupes de pression en tous genres risquent d’entraver l’indispensable action. Pourtant, de la santé de la planète dépend notre destin commun. Il est temps d’affronter les immenses défis environnementaux en cessant de troquer les gants de boxe pour les moufles.
Marion d'Amllard Editorial de l'Humanité