L'élection de Trump sera un désastre pour l'écologie !
Alors que les Trumpistes se réjouissaient de la victoire de leur champion, de son côté depuis le Vermont, Mélodie Brown Burkins regarde la soirée électorale, entourée de son mari et de sa mère. Elle échange en permanence par texto avec ses deux fils, qui ont voté pour la première fois. Elle est angoissée et inquiète de ce retour du milliardaire aux manettes du pays.
Peur sur l’Arctique
Cette professeure en études environnementales de l’Université Dartmouth se souvient du 1er mandat de Trump : « Trump a annulé ou reculé sur plus de 100 politiques qui réglementent la pureté de l’air, de l’eau ou de la biodiversité. »
Spécialiste de l’Arctique, elle redoute qu’il démantèle à nouveau les partenariats stratégiques pour la défense des écosystèmes de la région et qu’il augmente les investissements « non éthiques et à courte-vue du développement économique de l’Arctique, qui ne respectent ni les communautés locales, ni la science, ni l’expertise des autochtones ».
Pression sur l’Europe
De son côté, Samuel Stolper, professeur en politiques environnementales de l’Université du Michigan, prédit « un changement énorme » dans la trajectoire étasunienne de protection de l’environnement. « Trump va faire massivement reculer la décarbonation du pays et la justice climatique mondiale. Il va notamment chercher à faire annuler l’IRA — la loi sur la réduction de l’inflation, qui implique des investissements records en décarbonation — et va exposer les écosystèmes protégés à des risques beaucoup plus importants. »
Son confrère Henrik Selin, professeur en relations internationales et spécialiste de la coopération environnementale à la Boston University, estime cependant que l’IRA a été assez bien construite pour ne pas être détricotée aisément. « Elle a déjà prouvé son efficacité, en matière d’emplois créés. Il ne voudra pas et ne pourra pas la supprimer facilement. »
Barry Rabe, professeur en environnement à l’Université du Michigan, assure que Donald Trump, de retour dans le bureau ovale, va sortir à nouveau de l’Accord de Paris, et que son arrivée va mettre davantage la pression sur l’Europe, comme « leader mondial de la lutte contre les changements climatiques ».
Le changement climatique, « qui en a quelque chose à faire ? »
Le 1er novembre, Trump avait évoqué le changement climatique, en parlant de la hausse du niveau des océans. Une prise de conscience ? Non, c’était pour s’en moquer : « Qui en a quelque chose à faire ? »
Stressée, Lena Moffitt, la directrice générale d’Evergreen, une des voix qui portent parmi les associations environnementales aux États-Unis, le fixe en retour, entourée de sa famille et d’une montagne de popcorn. « Je regarde CNN, FOX, MSNBC et la BBC sur un écran divisé en quatre. Je sens l’anxiété monter », nous dit-elle. « On est au milieu d’une décennie décisive pour le climat. Si Trump revient aux commandes, ça sera un désastre. »
Décourageant ? Lena Moffitt ne s’avoue pas vaincue : « Si ce matin, je me réveille à nouveau dans l’Amérique de Donald Trump, je me sentirai triste pour la planète et la démocratie. Mais je suis prête à travailler encore plus fort pour que la voix de la majorité des Américains qui croient au changement climatique se fasse entendre. »