La Finul accuse Tel-Aviv de « détruire » la ligne bleue (frontière avec le Liban)

Publié le par Les communistes de Pierre Bénite

Un convoi de la Finul accompagne une ambulance de la Croix-Rouge à Marjeyoun, au Liban-Sud, le 8 novembre 2024. Photo AFP

Un convoi de la Finul accompagne une ambulance de la Croix-Rouge à Marjeyoun, au Liban-Sud, le 8 novembre 2024. Photo AFP

 

Israël veut faire bouger la ligne bleue ? La Force intérimaire des Nations unies pour le Liban (Finul) a accusé dans un communiqué Israël d’avoir « détruit et retiré deux des barils bleus marquant (physiquement) la ligne de retrait délimitée par l’ONU entre le Liban et Israël ». Une référence à la ligne bleue derrière laquelle l’armée israélienne s’était retirée après la libération du Liban-Sud, en mai 2000, et qui sert de frontière entre les deux pays.

 

« Les Casques bleus ont observé directement l’armée israélienne retirer l’un d’eux », rajoute le communiqué. En pleine offensive terrestre israélienne, et alors que l’élection de Donald Trump à la présidence américaine donne l’impression que Tel-Aviv est plus déterminé que jamais à atteindre ses objectifs, la destruction de la frontière physique est un message symbolique puissant.

 

De plus en plus depuis l’escalade israélienne en septembre, les soldats de la paix sont victimes d’attaques violentes, notamment de la part de l’armée israélienne. D’ailleurs, les Casques bleus ont également accusé l’armée israélienne d’avoir « détruit une partie d’une clôture et une structure en béton dans une position de la Finul à Ras Naqoura ». « En réponse à notre protestation urgente, l’armée israélienne a nié toute activité à l’intérieur de la position de la Finul », rajoute le communiqué, qui qualifie ses actions de « violation flagrante du droit international et de la résolution 1701 (qui prévoit le déploiement de la Finul et de l’armée libanaise au Liban-Sud) ».

 

Dans ce cadre, la force multinationale a affirmé que tous ces incidents « ne relèvent pas du fait que les Casques bleus aient été pris dans des échanges de tirs, mais de mesures délibérées et directes de la part de l’armée israélienne ». « Nous rappelons à nouveau à l’armée israélienne et à tous les acteurs leur obligation d’assurer la sécurité et la protection du personnel et des biens de l’ONU, ainsi que de respecter l’inviolabilité des locaux de l’ONU en tout temps, abonde le texte. Malgré les pressions inacceptables exercées sur la mission par divers canaux, les Casques bleus continueront d’accomplir leurs tâches de surveillance et de rapportage conformément à la résolution 1701 ».

 

Des corps « en morceaux ». Cette hausse de ton de la Finul intervient à l’heure où Israël intensifie ses frappes au Liban. Une attaque aérienne menée vendredi par des avions israéliens avec deux missiles a visé deux bâtiments de la rue Hiram, dans la ville de Tyr, a rapporté notre correspondant dans le Sud Mountasser Abdallah. Le porte-parole de l’armée israélienne Avichay Adraee a affirmé que la frappe a visé un centre de renseignement du Hezbollah.

 

Peu après cette attaque, Wissam Ghazal, médecin dans le caza de Tyr, a déclaré à L’Orient-Le Jour que le nombre de personnes tuées était difficile à déterminer, car les corps découverts pendant les fouilles étaient « en morceaux » et un « nombre inconnu de personnes se trouvent encore sous les décombres ». Un premier bilan a fait état d’au moins trois morts et 30 blessés. Dans le même caza, six ressortissants syriens ont été légèrement blessés par les pierres et les débris dans leur logement à l’issue de frappes israéliennes sur Deir Qanoun Ras el-Aïn. Cinq d’entre eux ont été soignés sur place, et un seul a été soigné aux urgences de l’hôpital de la région.

 

Les villages de Jabal el-Botm, Haouch, Batouliyé, Majadel, Jouaya, Sarafand, Deir Kifa et Chéhabiyé ont également été bombardés. Dans cette dernière localité, le directeur du site d’information Chehabiyé News, Hassan Sabra, a été tué. Dans le caza de Marjeyoun, le moukhtar du village de Wazzani a précisé à L’OLJ que les secouristes de la Croix-Rouge libanaise et du CICR ont retiré quatre corps des décombres de Wata Khiam. Il s’agit des dépouilles de quatre des 21 personnes originaires de Wazzani qui étaient portées disparues à Khiam depuis le début de l’offensive terrestre israélienne sur ce village, il y a près de deux semaines. Dimanche dernier, il avait été confirmé que ces deux familles avaient été tuées dans des frappes sur les maisons dans lesquelles elles se trouvaient, mais toutes les dépouilles n’avaient pas encore pu être récupérées.

 

Une mosquée a aussi été la cible d’un bombardement à Debbine, ainsi qu’un bâtiment proche de l’hôpital gouvernemental de Marjeyoun. Des raids ont également visé les localités de Kfar Kila et Khiam. La bourgade de Bint Jbeil, dans le caza éponyme, a également été bombardée, tout comme les villages de Aïtaroun et Ghandouriyé. L’attaque contre ce dernier village a fait quatre morts. Dans le caza de Nabatiyé, une attaque contre Zaoutar el-Charqiyé a fait un mort et trois blessés, tandis qu’une frappe sur Kfar Tebnit a fait deux morts. Trois personnes, un père et ses deux enfants, ont en outre été tuées dans une frappe israélienne sur Zebdine, dans la nuit de jeudi à vendredi. Enfin, Kfar Sir et Kfar Remmane ont été bombardés.

 

Dans ce contexte, Avichay Adraee a une nouvelle fois menacé les ambulances et le personnel médical au Liban, qu’il a accusés d’aider à « transporter » des combattants du Hezbollah. L’armée israélienne a tué au moins 178 ambulanciers et secouristes, notamment des organisations de secours liées aux mouvements chiites Amal et au Hezbollah, depuis le 8 octobre 2023. Le porte-parole a en outre appelé, dans le même message publié quasiment chaque jour, les habitants du Liban-Sud à « ne pas retourner vers le Sud, vers leurs maisons et leurs oliveraies ».

 

Dans la Békaa, Harabta (Baalbeck) ainsi que la localité de Haouch el-Sayed Ali (Hermel), frontalière avec la Syrie, ont été bombardées. Une attaque contre le village de Majdel Balhis, dans la Békaa-Ouest, a fait au moins deux morts, selon notre correspondante Sarah Abdallah.

 

En tout, les attaques israéliennes au Liban ont fait 3 117 morts et 13 888 blessés depuis octobre 2023, selon le ministère libanais de la Santé.

 

Dans ce contexte, le Hezbollah a déclaré avoir pris pour cible un rassemblement de soldats israéliens à l’entrée est du village de Maroun el-Ras, en territoire libanais. L’armée israélienne a détruit des habitations aux explosifs dans ce village stratégique. Le parti chiite a également attaqué des positions israéliennes à Dovev, Karmiel et Manara. Il dit avoir utilisé des « roquettes qualitatives », pour parler de missiles à guidage de précision, sur deux bases militaires de la région de Haïfa : « Stella Maris », qui est un centre « stratégique pour l’observation et la surveillance maritimes du littoral nord », et Ramat David et son aérodrome, au sud-est de la grande ville du Nord israélien. L’armée israélienne a indiqué qu’aucune victime n’avait été signalée après le lancement de cinq projectiles depuis le Liban-Sud vers les zones nord et centrale d’Israël.

Publié dans Moyen Orient, Israël, Liban

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