Point de vue sur les luttes de Laurent Brun
Petit sujet grève… Les cheminots ont unitairement annoncé une journée ultimatum de grève le 21 novembre puis le possible déclenchement d’un conflit à partir du 11 décembre. Ils dénoncent la privatisation du rail.
La CGT parle de privatisation parce que les premières concessions sont en train de basculer au privé dans le TER (en particulier aux filiales de droit privé que la SNCF a créé pour l’occasion) et que le FRET SNCF est en voix de liquidation après 18 ans de mise en concurrence. Sans compter les projets d’éclatement de la gestion de l’infrastructure et d’autres sujets…
C’est l’occasion de faire un petit bilan de la concurrence…
- En 2006, 6 compagnies se sont lancée dans le transport de marchandises.
- En 2009 Veolia Cargo a été liquide et racheté par la SNCF.
- En 2010 Rail4Chem a été liquide et racheté par la SNCF.
Restent aujourd’hui :
- DB Cargo (12% de parts de marché) : résultat net 2023 = -1,69 millions d’euros pour un Ca de 168m€. DB Cargo n’a pas connu une seule année de résultat positif depuis 2006 !!
- Europortes (5%) : résultat +5,5 millions sur 104 de ÇA. C’est la compagnie qui se porte le mieux, notamment grâce à ses liens avec sa maison mère Eurotunnel.
- Lineas (3%) : résultat +0,6 sur 38 de CA
- Regiorail (2%) : résultat -4,3 sur 32 de CA
- Milletrail (2%) : résultat 0 sur 28,7 de CA
- Combirail (1%) : résultat -1,5 sur 13 de CA
Bref aucune compagnie n’est en bonne santé. La concurrence n’existe pas.
La moitié de chaque tonne perdue par la SNCF a été à la route. C’est la route le concurrent réel du ferroviaire. Il faut vite revenir à un monopole public du rail pour faire reculer la part modale de la route !
Aujourd’hui FRET SNCF est démembré dans le cadre d’une procédure européenne et obligé de céder 20% de ses marchés. C’est probablement une démarche visant à alimenter les compagnies privées pour les sauver. C’est bien une nouvelle étape de privatisation !
Dans le voyageur maintenant…
- FlixTrain a abandonné en 2020.
- Railcoop a abandonné en 2024.
- Trenitalia France réalise un bénéfice net de -50 millions d’euros sur 45 millions de Chiffre d’Affaire en 2023 !!!! C’était -34 pour 39 de CA en 2022. Cette compagnie sous traite tout et ne crée donc aucune valeur ajoutée. C’est une illusion. Auparavant elle s’appelait Thello, et n’a fait aucun bénéfice depuis 2010.
On nous rejoue le scénario du FRET !!!
Il n’y a pas de concurrence dans le ferroviaire. Il n’y a qu’un découpage et une privatisation des trafics, ce qui rend le système totalement inefficace.
Il n’y a que dans le TER ou les concurrents pourraient être stables car ils bénéficient d’un monopole pendant 10 ans lorsqu’ils obtiennent un lot à exploiter. La encore il s’agit de privatisation. Même quand la SNCF est retenue, celle ci crée des filiales et oblige ses agents à y être transférés sous peine de licenciement sans motif économique ! On est passé de la garantie de l’emploi à la garantie du licenciement !
Voilà pourquoi les cheminots sont très mécontents des nouvelles étapes qu’on nous annonce. Ils veulent interrompre ce processus.
Les média d’extrême droite ne disent rien des revendications, ils ne disent rien de la situation actuelle, ils se contentent d’agiter l’émotion pour essayer d’isoler les cheminots. Ne tombons pas dans le panneau !
Toutes et tous en grève le 21 novembre. Et si les autorités ne répondent pas, toutes et tous en grève à partir du 11 décembre !
Au delà de la SNCF, en Isère, Vencorex (usine chimique menacée de fermeture) est en grève illimitée depuis une semaine. Arkema et d’autres sites qui dépendent des productions de Vencorex ont rejoins la grève car ils craignent que leurs propres employeurs en profitent pour liquider leur activité en France. Les Michelin ont également déclenché une grève à l’annonce du plan social dans le groupe. Les fonctionnaires pourraient agir le 10 décembre. Il y aura probablement aussi des actions à Auchan, Sanofi, Valeo et autres.
Les capitalistes ont profité de l’argent magique pour accroître leur patrimoine comme jamais. Et aujourd’hui, avec l’austérité pour rééquilibrer les comptes, ils liquident les entreprises.
Avec un Gouvernement très affaibli mais très violent dans ses mesures d’économie, il faut poser la question de l’action dans toutes les entreprises : allons nous accepter de payer la facture ? Allons nous attendre que notre entreprise soit liquidée pour agir ? Ou allons nous engager une démarche de grève, avec nos revendications locales sur les salaires, l’emploi et les conditions de travail, et les revendications nationales pour relancer l’industrie et stopper la purge ?
Le CCN de la CGT des 6 et 7 novembre a proposé un processus de luttes passant par l’exigence d’un moratoire sur les licenciements le 12 décembre.
C’est le moment de poser la question partout, notamment dans l’industrie privée et dans la fonction publique.
Point de vue publié sur la page Facebook de Laurent Brun