Intervention de Frédéric Boccara à la Conférence nationale du PCF du 14 décembre

Publié le par Les communistes de Pierre Bénite

Intervention de Frédéric Boccara à la Conférence nationale du PCF du 14 décembre

 

Nous sommes opposés de façon déterminée à la continuation de la politique menée par Emmanuel Macron et à l’austérité quelle que soit la forme qu’elle prendrait. Nous n’avons aucune illusion concernant Bayrou, qui d’ailleurs comme les autres, agite la dette comme argument pour aggraver l’austérité.
 

Nous voulons un changement profond, c’est ce dont notre peuple, la France et l’Europe ont besoin, et cela contribuera à un autre monde, de paix, de coopération, d’émancipation humaine et de préservation du vivant. Nous nous y emploierons avec toute la gauche, avec le mouvement social, associatif et syndical.
 

Nous devons le dire et ne pas biaiser. (1er point d’amendement incontournable sur le texte). Ne pas biaiser avec le mot « changement » en étant tétanisés par le mot « stabilité » agité par Macron … qui est en réalité un chantage à la conservation. Ne pas biaiser non plus avec la politique de Macron et de tous les premiers ministres qu’il a nommés jusqu’ici : il faut des changements profonds, qui contiennent certes un certain nombre de mesures concrètes … mais qui ne s’y réduisent pas. N’ajoutons pas de la confusion, ne contribuons pas à dépolitiser.

 

Car qui peut croire à un redressement du service public de la santé, de l’école ou du fret ferroviaire, pour ne citer que ceux-ci, sans d’une part un tournant contre l’austérité : par de nouvelles dépenses publiques financées par des avances à 0% en mobilisant le pôle public bancaire puis la BCE, au lieu de chercher les réduire les dépenses publiques, et sans d’autre part engager un tournant avec la politique d’appui au capital et aux profits, [au nom de l’offre ― la production ― qu’en réalité ils ne cessent d’affaiblir] : par des embauches et mises en formation massives dans l’industrie comme dans les services publics (soignants, enseignants, cheminots).
 

Notre faible résultat aux élections européennes, et en chaîne celui des législatives ayant entraîné une réduction de la représentation parlementaire du PCF, est préoccupant. C’est cela qui, avec la montée électorale inédite de l’extrême-droite, a conduit le Conseil national à décider d’une conférence nationale afin d’analyser la situation et d’en tirer tous les enseignements pour notre fonctionnement et nos choix à venir.

 

Ce résultat a amené les communistes à souligner l’enjeu d’identification du parti et de son projet, à discuter de contenu de la campagne des européennes, en décalage avec notre projet internationaliste, ainsi qu’avec nos orientations de congrès et les décisions de notre conférence européenne. Cela doit nous interroger sur l’importance de mesures phares, porteuses de sens, dans nos interventions nationales, par exemple notre bataille centrale pour les services publics et leur financement à 0% par le pôle public bancaire, et au-delà par un Fonds Européen financé par la BCE, Nous en avons l’opportunité en Europe même le président de la Bundesbank appelle à assouplir les règles de « frein à la dette » !

 

Un ressaisissement de notre direction nationale, de notre communication, une réorientation en phase avec notre 39ème congrès sont nécessaires. (je propose un amendement « ressaisissement » en ce sens)
 

Notre projet, c’est qu’il faut une priorité aux dépenses humaines, pas à celles pour le capital. Donc un début de renversement de la logique profonde, capitaliste, qui domine notre société. Notre projet c’est faire reculer la domination du capital, pas seulement son coût, aussi ses pouvoirs et sa logique, la faire reculer par différents moyens, changer les critères gestion qu’il impose (nationalisations industrielles et bancaires, autres critères de gestion, nouveau crédit, pouvoirs des travailleurs, ,institutions nouvelles de planification, …).

 

En ce sens, nous devons faire le lien entre notre projet ― le développement émancipateur de toutes des capacités humaines au travail et tout autant au-delà du travail ; l’internationalisme, depuis la solidarité internationale jusqu’à des institutions précises de coopération contre l’impérialisme, en tout premier lieu celui du dollar des Etats-Unis ; la démocratie ― Il faut une réorientation de notre communication et de nos interventions publiques qui doit porter cela, pas seulement devant les communistes et en congrès (3è point d’amendement).
 

La priorité aux dépenses humaines, c’est aussi l’absolue nécessité pour les entreprises, en vue d’une très nouvelle industrialisation, à la fois sociale et écologique : l’enjeu c’est de développer les capacités des femmes et des hommes, partout !
 

Face à la dette et aux immenses besoins de dépenses, il ne s’agit pas de faire des calculs d’apothicaires pour matraquer d’impôts telle ou telle catégorie. Mais, renouant avec la logique qui avait permis après-guerre de sortir des difficultés, il faut mobiliser les banques Et, cette fois-ci changer vraiment leur rôle et leurs critères, ce qui n’a pas été fait en 1981-82 : financent-elles les délocalisations, les plans sociaux et la spéculation, ou un investissement créateur d’emploi, de meilleurs salaires, et le une production écologique ?

 

Il faut changer l’utilisation de l’argent des banques, des entreprises, et les aides publiques. Il faut être précis et offensif là-dessus. Non seulement en parole, dans les médias ou en débat public, mais aussi pour faire monter ces revendications dans les luttes et les mobilisations. C’est un des enjeux majeurs de notre campagne pour l’emploi et la formation, pour les services publics et une nouvelle industrialisation. (le texte doit être beaucoup plus précis là-dessus, le travail de la direction du parti aussi)

 

Alors Le NFP ? La progression de la gauche en nombre de député·e·s aux dernières législatives ne doit pas masquer sa faiblesse, ses limites, mais aussi ses forces. Le programme du NFP porte des objectifs sociaux et écologiques qui font écho aux attentes populaires et expliquent le soutien qu’il a reçu de la part du mouvement social et associatif, notamment la CGT et la FSU ou la CNL, malgré ses insuffisance et ses contradictions.

 

La construction d’une alternative à gauche à hauteur des espoirs suscités par le NFP, est nécessaire. Pour cela il faut aller au-delà de la seule question de la répartition des richesses existantes pour porter la nécessité de transformer les rapports de production en donnant la priorité aux capacités humaines et à la préservation du vivant et pour cela de conquérir des pouvoirs nouveaux, décisionnels, sur l’utilisation de l’argent des banques, des entreprises et sur les aides publiques, avec de nouvelles institutions publiques et sociales (planification, pôles publics, nationalisations, pouvoirs des travailleurs, ..) se donner les moyens financiers et démocratiques de combattre les logiques du capitalisme.
 

Pour ces raisons, parce qu’il rassemble l’ensemble des forces de gauche en les ancrant sur un programme qui peut permettre d’enclencher des changements profonds, parce qu’il rassemble plusieurs organisations syndicales, mais aussi parce que l’accord électoral de répartition des circonscriptions est inéquitable à notre égard et inefficient au regard des réalités politiques de terrain, nous pensons qu’il faut aller vers une « nouvelle étape du NFP ».

 

Il nous revient en tant que PCF, fort de notre projet et de nos propositions, de porter partout l’exigence d’une nouvelle étape du rassemblement à partir d’un débat public, ouvert et contradictoire avec les citoyen·ne·s et entre forces de gauche sur les contenus d’une transformation radicale qui réussisse, un rassemblement qui favorise l’intervention populaire la plus large possible.
 

Si notre parti a gagné en visibilité nationale, nos idées, notre projet et nos propositions restent largement méconnues, peu portées dans nos interventions médiatiques et nos résultats demeurent insatisfaisants.

 

L’enjeu, c’est que ce sur quoi nous nous mettons d’accord ici soit vraiment porté et soit la politique du parti. Il ne s’agit pas de concéder des phrases, des mots-clé, pour simplement « garder le manche » et continuer la même chose qu’avant. Si les communistes se mettent d’accord sur une orientation, c’est pour qu’elle soit portée et mise en œuvre, pas détournée pour continuer à faire la même chose ! Zig-zaguer et entretenir des ambigüités. Oser mener le débat de fond dans le NFP, mais sur ce qui compte en particulier sur l’économie, pas un débat pour diaboliser tel ou tel partenaire. Engager une campagne pour porter notre projet.
 

Au demeurant, nos atouts ne se résument pas ― au contraire de ce que dit le texte – à « des militants et des élus et une place reconnue ». Nos atouts c’est aussi ― peut-être surtout ― des idées originales et un projet émancipateur, non seulement exigeant et cohérent quant aux moyens financiers nouveaux à mobiliser (banques, entreprises, aides publiques, Banque centrale), aux changements dans le travail, la production et aux pouvoirs et institutions nouvelles à créer, mais aussi internationaliste, porteur de solidarité et de coopération pour un monde de partage et de co-développement. Un projet reposant sur l’intervention constante et consciente de toutes et tous les intéress.e.s, reposant sur la démocratie.
 

En ce sens notre campagne nationale pour l’emploi et la formation contre l’austérité, en faveur d’une nouvelle industrialisation et des services publics peut-être décisive et structurante. … Si nous la relions d’une part à notre projet et aux grands enjeux du pays, si nous la relions d’autre part aux questions de la gauche et d’une nouvelle étape nécessaire du NFP, si nous la relions enfin à des revendications nationales, si nous appuyons les fédérations et les militants par un suivi de fond et des initiatives de formation pour aider à l’animation des débats ainsi qu’à faire le lien entre les revendications, les exigences politiques nationales et notre projet.

 

Si nous en faisons un grand moment de pédagogie nationale et d’élévation du niveau de conscience de toute la gauche comme du parti. Pas si nous l’impulsons de façon administrative et la prenons comme une campagne en direction d’une sorte de « clientèle électorale ».
 

Immédiatement, un chantier s’ouvre à nous : organiser dès le premier trimestre, une conférence sur le financement des retraites, sur la base de nos propositions pour une réforme de progrès social avec une bonne retraite à 60 ans, afin de renforcer le mouvement social et porter le fer ensemble sur cette question majeure.

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