Intervention de Frédéric Boccara au CN du PCF du 30 novembre

Publié le par Les communistes de Pierre Bénite

 
Intervention dans le débat sur la situation politique et le projet de résolution du Conseil National du 30 novembre
 
 
Pour aller vite, j’interviens sur la situation politique uniquement à partir du projet de résolution. Dans ce texte, le paragraphe le plus politique est celui qui appelle le Président de la République à nommer un premier ministre. Il nécessite une clarification. Celle-ci guidera mon vote, en faveur ou non de la résolution.
 
Par ailleurs, elle nécessite aussi un certain nombre d’amendements de fond sur d’autres points.
 
 
1- Il est écrit « Faute de majorité absolue pour les députés du NFP à l’Assemblée Nationale, il [le Président] doit nommer un gouvernement capable de construire des majorités sur la base des propositions que notre coalition a défendues pendant les élections, et capable d’assurer la stabilité du pays, de protéger les emplois et le pouvoir d’achat de nos concitoyens ». 
 
 
Tel quel, cela sera interprété comme le ralliement à un premier ministre Cazeneuve ou Hollande et, finalement, que nous voudrions en finir avec le NFP.  Je ne dis pas que c’est la ligne politique défendue par ceux qui ont rédigé le texte, mais telle en sera l’interprétation, compte-tenu en outre des récents positionnements des sociaux-libéraux.
 
 
Pour clarifier les choses, je propose donc d’écrire « Compte-tenu du poids du Nouveau Front Populaire à l’Assemblée Nationale, le Président doit nommer un gouvernement NFP. Ce gouvernement sera à même de prendre un certain nombre de décisions importantes. Il lui appartiendra de construire des majorités sur la base des propositions que notre coalition a défendues pendant les élections »
 
 
2- Et je propose de poursuivre alors en insistant sur la réponse aux exigences et à la crise, plutôt que sur cette histoire de « stabilité » et plutôt que sur une vision réductrice des revendications sociales qui n’aide pas à faire la clarté face au RN.
 
 
Cela donnerait « sur la base des propositions (…) capables de conjurer la crise économique, de répondre aux exigences populaires et de relever les défis sociaux, écologiques, économiques, politiques et internationaux qui sont devant nous. Une telle expérience permettrait de clarifier les oppositions politiques existantes, le sens de la situation et de gagner certaines avancées réelles pour notre peuple ».
 
 
3- Un commentaire : le NFP a certes des limites évidentes. En particulier, des limites électorales car il ne rassemble que 30% des électeurs ; des limites programmatiques, car si nous avons gagné un certain nombre de bonnes choses dans le programme celui-ci reste encore contradictoire (par exemple sur le financement de la sécurité sociale) et manque de clarté, trop focalisé sur les impôts et sur la demande coupée de l’offre (et nous en avons payé les conséquences électorales) ; ou encore son volet « circonscriptions » qui nous rend absents d’une grande partie du territoire, mêmes là où nous disposons de forces importantes et dirigeons des municipalités, tant en région parisienne qu’en province.
 
 
Mais le NFP est en même temps un énorme espoir pour toute une partie de notre peuple, dont la jeunesse. Il inclut la CGT. Et, au contraire de ce qu’était la NUPES, il apparaît comme pluraliste et non à la seule main de JL Mélenchon. Enfin, n’oublions jamais qu’il comprend des forces sociales comme la CGT ou la CNL.
 
 
C’est d’une nouvelle étape, ou nouvelle phase, du NFP dont nous avons besoin. Pas de le jeter par-dessus bord, mais de l’élargir, le renforcer, le transformer qualitativement et le consolider par le débat avec nos concitoyens, par la clarification.
 
 
Au-delà de l’Union qu’il permet de porter, afficher et conforter, crédibilisant ainsi une alternative aux droites contre la désespérance, le NFP permet une alliance qui maintient le Parti socialiste hors du social-libéralisme et qui maintient LFI sur une sorte de réalisme ainsi que d’ancrer les écologistes dans la gauche….
 
 
A condition que l’on puisse se parler et avancer sur les contenus ! D’où l’importance de notre campagne « emploi-formation », avec ses deux volets, services publics et entreprises (industrie et services) et d’où l’importance de la formation des communistes.
 
 
4-D’autres modifications sont nécessaires dans le texte :
 
  • Sur la crise : elle ne date pas d’aujourd’hui
  • Sur les confrontations dans le monde, il faut pointer l’impérialisme
  • La formule gauchisante « afin de faire payer la crise aux travailleurs » doit être modifiée en « afin de sauver ses profits à tout prix. Cela plonge le pays dans une crise renforcée »
  • Sur la dette publique, ce n’est pas le seul point, il faut parler des pouvoirs du capital et de ses leviers idéologiques, dont la campagne sur la dette qui est agitée comme un spectre alors que le grand capital s’en nourrit
  • On ne peut pas seulement interdire les licenciements, il faut exiger un droit de contre-propositions par les salariés et les populations, avec des moyens financiers à l’appui
  • Il faut un paragraphe pour dénoncer comment la COP 29 s’est déroulée et a traité les pays du Sud, faire le lien avec l’impérialisme du Dollar US et l’exigence d’une transformation profonde des institutions internationales (FMI, etc.)
  • Il faut dénoncer le prétexte d’une « politique de l’offre ». Mettre: « Nous refusons l’appui aux profits par-dessus tout, au nom d’une « politique de l’offre », alors qu’ils démolissent l’offre productive en France, et qu’il faut transformer les productions pour une tout autre offre qui doit s’appuyer avant tout sur les capacités des femmes et des hommes de notre pays, c’est à dire l’emploi, la formation, avec un investissement efficace ».
  • Notre campagne n’est pas pour l’emploi seul, elle est pour l’emploi et la formation, c’est déterminant, et cela renvoie à notre projet de développement des capacités humaines, efficace économiquement et émancipateur socialement.
  • On ne peut pas appeler les seuls « travailleurs du privé et du public ». Il y a : « les jeunes des cités populaires comme de la ruralité, celles et ceux des universités et des lycées, les chômeurs et les retraité.e.s ».
  • La liste de cinq (devenues 6) « propositions », est une liste d’objectifs sociaux… sans citer les moyens financiers ! Nos propositions doivent inclure des moyens financiers et des pouvoirs.
 
 
Pour les autres amendements, je renvoie aux propositions que vous envoie Denis Durand.

Publié dans PCF

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