L'armée ukrainienne au bord de la déroute...
Plus de 100 000 soldats ont été inculpés en vertu des lois ukrainiennes sur la désertion depuis 2022. La désertion prive l'armée ukrainienne de ressources humaines dont elle a besoin et paralyse ses plans de bataille à un moment crucial de sa guerre contre la Russie.
Face à toutes les pénuries imaginables, des dizaines de milliers de soldats ukrainiens, fatigués et dépourvus, ont quitté les positions de combat et de première ligne pour sombrer dans l'anonymat, selon des soldats, des avocats et des fonctionnaires ukrainiens. Des unités entières ont quitté leurs postes, abandonnant les lignes de défense et accélérant les pertes territoriales, selon des commandants militaires et des soldats.
En Ukraine, les jeunes ne veulent plus aller au spectacle car la police et des agents de recrutement militaires positionnés à l'extérieur des salles, contrôlent les spectateurs, cherchant à savoir si des hommes tentant d'échapper au service militaire sont présents. Les autorités procèdent à des contrôles et exigent la présentation de documents militaires. Les individus non enregistrés sur les listes officielles sont arrêtés, comme en témoignent plusieurs vidéos sur les réseaux sociaux.
Depuis plusieurs semaines, ce type de contrôles s'est intensifié en Ukraine, devenant plus fréquents et plus rigoureux. Ainsi, alors que des vérifications avaient lieu au Palais des sports de Kiev, des opérations similaires étaient organisées au même moment un peu partout dans le pays. A Tcherkassy (centre), des officiers sont intervenus après un spectacle d'un humoriste, alors qu'à Brovary, dans la banlieue de la capitale, des contrôles ont été effectués après un concert. D'autres vérifications ont aussi eu lieu à Kharkiv, Dnipro et d'autres villes du pays.
Ces mesures très impopulaires, doivent permettre à terme de mobiliser 160'000 soldats supplémentaires pour combler "85% des besoins des brigades ukrainiennes", selon Zelensky. Mais après 3 ans de combats, des dizaines de milliers de morts et des centaines de milliers de blessés, il devient difficile de trouver des volontaires et surtout des personnes motivées pour combattre.
"Je ne servirai pas, je ne servirai pas (...) C’est l’enfer là-bas. Je le sais (...) deux de mes amis sont morts, moins de deux mois après leur déploiement (...) Ici, personne ne veut aller au front. Tous ces appartements sont remplis de gens qui se cachent": Oleksandr, 39 ans, raconte comment il a vendu son taxi 6000 dollars pour obtenir auprès de faux certificats d'incapacité. Un agent de recrutement et d'autres interlocuteurs évoquent des milliers de cas de ce genre, pour des sommes allant de 5000 à 25'000 dollars. Tous pointent la corruption qui gangrène l'administration.
Des actions coups de poing ont toutefois eu lieu, avec de multiples arrestations à la clef. Au début du mois d'octobre, des médias ont dévoilé l'implication de plusieurs dizaines de procureurs de la région de Khmelnytskyï (ouest) dans un réseau de vente de certificats d'invalidité. Une affaire qui a mené à la démission du procureur général Andriy Kostin. Peu auparavant, le bureau d'enquête national (DBR) a annoncé avoir découvert "près de six millions de dollars" en diverses devises, ainsi que des bijoux et d'autres objets de valeur, dans l'appartement de la cheffe de la commission médicale de la région de Khmelnytsky (ouest), chargée d'évaluer l'aptitude des hommes pour la mobilisation. Les enquêteurs ont découvert des faux documents d'invalidité et des listes de personnes réfractaires avec des diagnostics médicaux "fictifs".
Mais de l'avis de nombreux spécialistes, le pays ne dispose pas des institutions et capacités de contrôle nécessaires pour faire diminuer drastiquement ce type de situations, la corruption étant trop profonde au sein de l'appareil étatique.
Il y a ceux qui tentant d'échapper à la mobilisation, mais aussi les soldats qui cherchent à quitter l'armée ukrainienne. Le nombre de désertions a augmenté sensiblement depuis le début du conflit. Selon des statistiques d'octobre du bureau du procureur général, 15'559 désertions ont ainsi été notifiées pour les 8 premiers mois de 2024, contre 3342 en 2022 et 7883 en 2023. Au même rythme, elles pourraient passer la barre des 20'000 d'ici fin décembre. Le nombre de déserteurs pourrait avoir été multiplié par plus de cinq entre 2022 et 2024.
Est aussi évoquée la croissance importante des "abandons non autorisés d'unité", qui désignent des soldats ayant quitté leur poste sans autorisation. Là encore, le nombre de procédures a considérablement augmenté, passant de 6641 en 2022 à 17'658 en 2023, puis atteignant près de 30'000 durant les huit premiers mois de 2024. Mis bout à bout, le nombre d'individus ayant abandonné leur poste sans y être autorisés et ceux ayant décidé de déserter représenteraient environ 45'000 hommes.
Ulrich Bounat, analyste géopolitique, juge que les déconvenues ukrainiennes sont liées à ce phénomène. "Une partie du recul ukrainien s'explique par le manque d'effectifs au sein des troupes. Parfois, sur le front, le rapport est de dix soldats russes pour un seul soldat ukrainien (....) Par ailleurs, le manque de formation est de plus en plus criant. Sur le front, près de Pokrovsk (est), on a vu que des troupes se sont retirées dans le désordre. Le gouvernement a parlé d'une mauvaise synchronisation, mais je pense qu'il y a également une partie des soldats qui a déserté sous la puissance de feu russe".
Oleksandr Kovalenko, un analyste militaire décrit de son côté un problème "critique", qui ne devrait faire que "s'aggraver".
Les soldats ayant fait le choix de la désertion expliquent le cauchemar d'une guerre où ils sont sans cesse désavantagés sur le champ de bataille, avec peu de chances d'en sortir indemnes. "La meilleure façon de l'expliquer est d'imaginer que vous êtes sous le feu des Russes et que vous recevez 50 obus, alors que notre côté, il n'y en a qu'un. Vous voyez vos amis se faire déchiqueter et vous réalisez que cela peut vous arriver à tout moment".
Pour lutter contre le phénomène de désertion massif, qui pourrait être encore plus important que les chiffres officiels ne le laissent penser, le Parlement ukrainien envisage depuis peu de le dépénaliser, afin de pouvoir réintégrer rapidement les soldats ayant quitté le champ de bataille. Une option qui fait dire à beaucoup qu'une telle action ne fera qu'augmenter le nombre de déserteurs.
Malgré cette situation proche de la déroute, les va t-en guerre de Washington presse Zelensky de procéder à une mobilisation dès l'âge de 18 ans au lieu de 25 ans. Une mesure qui serait extrêmement impopulaire et dangereuse pour des raisons démographiques et qui ne garantirait pas de contenir les progressions de l'armée russe.
Devant une telle situation l'urgence est d'ouvrir des discussions et d'entamer au plus vite des négociations pour retrouver la paix. La solution n'est pas de continuer cette horrible boucherie ni l'envoi d'armes même si cela déplait aux marchands de canons qui continuent de s'enrichir alors que les jeunes ukrainiens meurent dans un combat militaire sans issue. Zelensky semble vouloir se résoudre à la diplomatie. Mais il ne doit pas mettre en avant des exigences dont certaines furant à l'origine du conflit notamment la présence de l'OTAN aux frontières de la Russie, rejetée par cette dernière.
Les communistes appellent à l’action de la France pour stopper la guerre et construire une solution diplomatique en Ukraine pour l’avenir des peuples ukrainiens et russes qui doivent les uns et les autres vivre en sécurité.
Il faudra accentuer les mobilisations pour la paix car Macron ne l'entend pas de cette oreille. Il a dénoncé vendredi une "logique d'escalade inacceptable" de la Russie en Ukraine, et martelé que la France continuerait d'aider Kiev aussi "intensément et longtemps" que nécessaire malgré les menaces russes.
Sources EuroNews - BFMTV - Le Figaro