La Macronie chaos debout !
Ce mercredi, l’Assemblée nationale s’exprimera sur la motion de censure déposée par la gauche. La chute probable du 1er ministre, c’est avant tout l’échec du président de la République.
Trois mois après sa nomination, Michel Barnier affrontera une motion de censure de la gauche faisant suite à sa tentative de passer en force avec le 49/3, son budget d'austérité pour 2025. Celle-ci devrait mettre fin à ses fonctions, même s'il dit encore croire en un « réflexe de responsabilité » des parlementaires. En particulier du RN, envers lesquels il a multiplié les clins d’œil. La motion sera discutée par l’Assemblée nationale dès 16 heures.
Le vote de la motion de censure fera tomber le gouvernement Barnier
Si elle est adoptée, le gouvernement tombe. La Macronie y voit le signe de l’apocalypse. « Je suis navrée, affligée, inquiète et angoissée », confie Constance Le Grip, députée macroniste des Hauts-de-Seine. « Je suis triste pour la France ! se désole Sylvain Maillard, ex-chef des parlementaires macronistes. La gauche et l’extrême droite appliquent une stratégie de pompiers pyromanes. Les conséquences seront terribles sur le fonctionnement de l’État. »
Ils oublient que cette chute est avant tout l’échec du camp présidentiel. Du 1er ministre, d’abord, qui, à jouer avec le Rassemblement national, a fini par s’y brûler. Celui du « socle commun », combattants les propositions de la gauche pour un budget de justice sociale et contre l'austérité. Et surtout, celui de Macron, coupable d’avoir piétiné le vote du 7 juillet en ignorant le Nouveau Front populaire (NFP) pour préférer un brinquebalant alliage conservateur fidèle au capital, mais promis à l’autodestruction.
« Emmanuel Macron a perdu son défi et le bloc central a échoué », constate le député communiste Nicolas Sansu. « Cette défaite est celle d’une politique obtuse, alors qu’elle est délétère économiquement, socialement et écologiquement, souligne Cyrielle Chatelain, présidente du groupe Écologiste et Social. Malgré le constat négatif, le camp du président pense que sa politique doit primer. C’est désastreux. » C’est l'avis des députés France Insoumise : « Ceux qui créent le chaos politique, c’est le chef de l’État et son gouvernement ! » tranche Mathilde Panot.
Même la droite juge Macron responsable de la crise politique
Même à droite, l’identité du responsable de cette situation fait consensus. « Que les macronistes condamnent à certains moments le comportement de Marine Le Pen ou de Jean-Luc Mélenchon, je peux l’entendre, mais qu’ils admettent d’abord leur propre responsabilité dans ce chaos. Ce sont eux qui nous ont amenés dans cette situation, peste David Lisnard, président de l’Association des maires de France. Nous sommes dans une immense crise politique parce qu’Emmanuel Macron et son camp ne sentent pas le pays. Dans cet état d’agonie, si rien ne change, c’est une crise de régime qui nous attend. »
D’où l'idée d'une démission de Macron souhaitée par 63 % des Français. « Qui est à l’origine du chaos politique ? s’est d’abord interrogé Charles de Courson, rapporteur général du budget et député Liot : C’est bien le président de la République, lorsqu’il a fait cette dissolution que même ses propres amis n’ont pas comprise. En temps de crise politique, qu’a fait le général de Gaulle ? Lui, il a eu le courage de démissionner. » Jean-François Copé, maire LR de Meaux, lui a emboîté le pas : « Il n’y a plus qu’une solution, c’est une nouvelle élection présidentielle. Il faut qu’elle soit anticipée. Il ne peut pas tenir jusqu’en 2027. C’est impossible. » ainsi qu'Hervé Morin, président centriste de la région Normandie : « Nous allons progressivement vers de l’instabilité gouvernementale, des crises politiques qui vont se succéder. Au bout du compte, il n’y aura qu’une solution pour mettre le pays dans le bon sens et avancer : faire appel aux Français. Avec un président de la République qui remet sa démission, une élection présidentielle anticipée, et des législatives dans la foulée, pour redonner au pays un gouvernement stable. »
Ces appels rejoignent celui de la France insoumise favorable à une présidentielle anticipée. « La chute du gouvernement n’est qu’une étape, note C. Guetté, vice-présidente FI de l’Assemblée. La démission d’E. Macron est la seule façon de sortir de la crise politique. »
L’avenir du « socle commun » compromis
Dans l’entourage de Macron, on balaie fermement cette possibilité. On dénonce une opposition « coalisée pour torpiller l’exécutif sans dire aux Français qu’une démission ne changerait rien ». « Elle n’enclencherait pas de dissolution de l’Assemblée nationale. S’il y a un nouveau président, il devra donc faire avec la même Assemblée, donc avec le même bazar », fulmine un proche de Macron. Même état d’esprit du côté du groupe EPR. « Dans un contexte d’instabilité généralisée, il nous reste un seul pôle de stabilité, c’est le président de la République. Il n’y a que lui qui peut redonner un mouvement, un souffle. Alors, gardons ce pôle de stabilité », supplie un député macroniste qui précise que cette question n’a pas été abordée en réunion de groupe. En attendant l’après-Macron, le « socle commun » prépare l’après-Barnier en ordre dispersé. Chez les macronistes, après avoir fricoté avec le RN, on cherche désespérément de nouveaux alliés pour se maintenir au pouvoir.
Appel à la social-démocratie. En échec à ce jour !
Pourquoi pas à gauche ? « Les socialistes doivent venir travailler avec nous ! lance Sylvain Maillard. Nous sommes au minimum dans la même chambre jusqu’au milieu de l’année prochaine. Le rôle des socialistes est de participer à un socle commun. Peut-être pas de rejoindre le gouvernement, mais au moins de participer à nos travaux. » « Depuis 2022, nous avons demandé inlassablement l’élargissement de la base sur laquelle peut s’appuyer un gouvernement en créant un espace allant de la social-démocratie à la droite, nous continuons de le faire », prolonge Laurent Marcangeli, député corse Horizons.
Tandis qu’au Modem, on pousse sans surprise le profil de son président, François Bayrou, pour prendre la suite de Barnier. « On peut imaginer un équilibre gouvernemental et parlementaire qui prendrait appui sur la social-démocratie, la droite républicaine, EPR, Horizons et quelques Liot. Ça fait une majorité ça ! » veut croire, optimiste, Erwan Balanant, député Modem.
La piste des référendums
Sauf que les députés « Les Républicains » s’interrogent sur leur place dans cette coalition. « Au départ, nous n’avions pas la prétention d’aller à Matignon. Notre intérêt à court terme était plutôt de rester dans notre coin et de prendre le temps de nous reconstruire, observe T. Bazin, député LR de Meurthe-et-Moselle. Nous avons rejoint ce socle parce que le premier ministre était l’un des nôtres, sinon nous n’y serions pas allés. »
Quelle suite imaginer pour Macron ?
Peut-il encore s’extirper du marécage dans lequel il s'est mis ? « Toute tentative de sauver sa façon de gouverner est vouée à l’échec, c’est un véritable crépuscule ! affirme David Lisnard. La dernière chance, pour éviter la paralysie, c’est que le président s’engage à gouverner par des référendums autour de mesures fortes. »
« La première étape, c’est l’adoption du budget de la Sécurité sociale. Michel Barnier peut encore ne pas être censuré, répond-on autour de Macron. Une fois que son sort sera acté, cette question se posera peut-être. » C’est oublier que si le 1er ministre est censuré, le texte tombe aussi. Il faudra alors à la Macronie être inventive pour revenir d’entre les morts.
Le monde du travail et les citoyens ont leur mot à dire !
Tout en sachant que le monde du travail et les citoyens ont bien l'intention de dire leur mot. C'est qu'ils font depuis plusieurs semaines en résistant à la casse des emplois par le capital dans l'industrie et le commerce ou par le gouvernement notamment dans la fonction et les services publics. Ils vont amplifier leurs mobilisations en décembre avec de nouvelles actions nationales en passant par les retraités, la Fonction publique, les industries ou les cheminots à partir du 11 décembre.
Macron ne veut pas les entendre jusqu'à leur voler l'élection législative ! Après les urnes, ils sont décidé à passer par la rue pour résister à l'austérité et construire ensemble par leurs revendications la construction d'une société d'émancipation et de justice sociale.
C'est le seul rendez-vous qui peut être efficace pour toutes et tous et pour arracher un 1er ministre issu de Nouveau Front Populaire et capable de construire des majorités parlementaires pour commencer à sortir le pays des crises terribles dans lequel l'a mis la politique de Macron depuis 2017 car totalement dévouée au capital !
Sources : l'Humanité - divers TV