Syrie : quand la vérité fait son chemin ! Othman Kachtoul diplomate, à lire avec intérêt.
Othman Kachtoul,diplomate agrégé d'arabe et islamologue, livre dans un post sur Linkedin quelques informations très précieuses sur les conditions de la chute du régime syrien de Bachar Al-Assad. Elles permettent de comprendre un peu mieux une situation complexe et les difficultés que va rencontrer le peuple syrien pour reconquérir son unité sur un territoire uni mais actuellement morcelé, qui fait l'objet de fortes convoitises de forces extérieures aux ambitions expansionnistes dont certaines pouvant conduire à encore plus de chaos. Nous publions dans ce blog les constats, observations et réflexions de Othman Kachtoul.
"Le départ de Bachar al-Assad signe la première "réalisation" diplomatique du second mandat de Trump. Des sources "informées" suggèrent que le président déchu a quitté Damas dans le cadre d’un accord (non public) orchestré par la Russie et les États-Unis, plus précisément la future administration, et des puissances régionales, notamment les Émirats arabes unis (UAE) et le Qatar.
Loin d’un exil précipité, le départ de Bachar a été soigneusement planifié. Assad et ses proches ont été transférés séparément vers Abou Dhabi à bord d'un vol privé émirien. Après un bref déplacement à Dubaï (pour rendre visite à sa soeur Bushra), Bachar a demandé l’asile à Moscou à partir des Émirats. Symbolisant la fin d’une ère autocratique, cette transition cherche à prévenir un vide politique dangereux comme celui dans lequel a été précité l'Irak après la chute de Saddam.
Structuré autour de six points clés, cet arrangement vise à éviter un bain de sang à Damas et assurer une continuité a minima des institutions. Cet accord ouvre une phase qui pourrait redéfinir les équilibres régionaux :
1) Sécurité pour Assad et ses proches, sous garanties internationales, notamment la Russie et les UAE.
2) Protection des sanctuaires religieux et minorités ethniques, supervisée par l’Iran et la Turquie.
3) Maintien temporaire des institutions gouvernementales, sous gestion du Premier ministre jusqu’à des élections sous l’égide des Nations unies.
4) Retrait graduel des forces iraniennes et du Hezbollah, en échange d’une désescalade menée par les USA et leurs alliés (Qui?).
5) Prévention des représailles et purges ethniques, avec un suivi international.
6) Interdiction des menaces transfrontalières, surveillée par les voisins de la Syrie.
Initialement prévu pour mardi 10 décembre, le départ aurait été accéléré en raison de l’"effondrement" des forces armées syriennes, qui n'ont reçu pour instruction que de se défendre, non de contenir l’avancée rebelle. Cette décision militaire, combinée à une intense pression diplomatique de Trump, visait à éviter à la Syrie un affrontement destructeur.
Malgré une réduction immédiate des violences à mettre au crédit de ses parrains, l'accord soulève des incertitudes sur la stabilité syrienne.
L’absence de réactions aux frappes israéliennes sur des infrastructures stratégiques pourrait refléter une "clause implicite". Par ailleurs, la fragmentation des groupes rebelles, désormais libérées de la menace d’un régime centralisé, complique toute feuille de route vers une réconciliation durable.
Le départ d’Assad redéfinit les dynamiques, mais laisse un pays confronté à des défis colossaux : reconstruire un pays morcelé, établir une gouvernance inclusive, gérer les rivalités enracinées et le profil inquiétant des nouveaux maîtres de Damas.
Alors que les puissances ajustent leurs positions, une question demeure : cette transition marquera-t-elle le début d’une ouverture démocratique, ou plongera-t-elle la Syrie dans un chaos plus profond ?"
En dehors des frappes israéliennes, la Turquie et les Usa ont ordonné aussi des frappes. La situation actuelle met en lumière un triangle complexe d’intérêts entre Israël, la Turquie et les États-Unis, chacun agissant sous couvert de "protection de ses intérêts" en Syrie. Deir ez-Zor est un exemple emblématique de cette dynamique. Cette région, riche en ressources stratégiques comme le pétrole, reste un territoire disputé où s'entremêlent les rivalités internationales et locales.
La Turquie poursuit ses frappes sous prétexte de lutter contre les forces kurdes qu'elle considère comme des menaces, tandis que les États-Unis maintiennent une présence militaire et mènent des opérations aériennes ostensiblement pour sécuriser les champs pétrolifères et lutter contre les résurgences de l'État islamique.