Derrière le procès de Nicolas Sarkozy, le devoir d’exemplarité en question

Publié le par Les communistes de Pierre Bénite

Derrière le procès de Nicolas Sarkozy, le devoir d’exemplarité en question

Le feuilleton judiciaire des infractions reprochées à Nicolas Sarkozy est un signe de plus de la décomposition politique à l’œuvre dans notre pays. Non parce que l’ancien président de la République serait la victime innocente d’un complot des juges, comme veut le faire croire l’intéressé. 

 

Ses dénégations n’ont qu’une fonction : détourner l’attention du fond des accusations qui le visent. Après sa condamnation définitive dans un autre dossier pour corruption et trafic d’influence, l’ex-chef de l’État est jugé à partir de ce lundi pour les faits les plus graves le concernant. Il est accusé d’avoir noué un pacte de corruption avec feu le dictateur libyen Mouammar Kadhafi pour financer sa campagne présidentielle de 2007.

 

Rien n’est plus toxique pour la démocratie que l’ère du soupçon envers les élus, instillée par les « affaires » impliquant ceux qui ont un devoir d’exemplarité du fait de leur mandat ou de leur fonction.

 

Quand le prévenu est l’ancien premier personnage de l’État, à ce titre garant des institutions républicaines, et que celui-ci s’insurge contre ses juges alors qu’il a fait de la « tolérance zéro » et du durcissement des peines le mantra de sa carrière, le discrédit rejaillit sur tous les « politiques » en général. La seule bénéficiaire en est l’extrême droite, qui prospère sur l’idée du « tous pourris ».

 

Que l’on soit fort ou faible, la loi est la même pour tous : ce principe est à la base de l’État de droit. Il garantit contre l’arbitraire du pouvoir, cette marque de l’Ancien Régime que la Révolution française a aboli. C’est pourquoi il ne doit y avoir de justice à deux vitesses. L’indépendance des juges est un acquis précieux et fragile.

 

Pendant que la droite et le Figaro hurlaient à la déloyauté des magistrats après la condamnation de Nicolas Sarkozy en décembre, le désormais repris de justice coulait des jours insouciants aux Seychelles, en attendant la pose de son bracelet électronique.

 

On a connu pire acharnement. D’ailleurs, ni le ministre de l’Intérieur ni le nouveau garde des Sceaux, prompts à dénoncer le laxisme des juges, n’ont proposé de changer la loi pour éviter qu’un tel scandale se reproduise. Laxiste, le gouvernement ?

 

Sébastien Crépel  Editorial de l'Humanité

Publié dans Justice

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