Émissions de CO2 : le mauvais exemple des pays riches...
Tandis que la Commission européenne nous promet la neutralité carbone pour 2050, le très faible recul des émissions de CO2 en 2024 dans les pays membres de l’Union vient contredire cette promesse. Il en va de même aux Etats-Unis et le retour de Donald Trump aux affaires aggravera encore la situation. Car l’exploitation du pétrole et du gaz de schiste figure parmi ses priorités.
Tandis que la Californie continue de brûler depuis plus d’une semaine après de longs mois sans pluie, on apprend que le recul des émissions de CO2 s’est considérablement ralenti aux États Unis comme dans les pays membres de l’Union européenne en 2024. Aux Etats-Unis cette baisse a été de 0,2% l’an dernier contre 3,3% en 2023 selon les calculs du centre de recherche Rhodium Group. Pour respecter les engagements pris lors de la COP 21 de 2015 à Paris, la baisse moyenne des émissions annuelles devait être de -7,6% aux Etats-Unis, un chiffre jamais atteint depuis cette date. On sait que Donald Trump était opposé à cet accord. Il en avait sorti son pays lors de son premier mandat de 2016 à 2020. Il risque de prendre la même décision cette année.
En Allemagne, les émissions de CO2 avaient baissé de 10% en 2023 selon les calculs du groupe d’experts Agora Energiewende. Mais la diminution n’a été que de 3% en 2024. Depuis que ce pays a fermé ses dernières centrales nucléaires, la production d’électricité à partir du charbon et du gaz augmente chaque fois que l’on manque de vent et de soleil pour les éoliennes et les panneaux solaires. Voilà qui ne nous rapproche pas de la neutralité carbone promise pour 2050 par Ursula Von der Leyen, présidente de la Commission européenne pour un second mandat.
Ursula Von der Leyen milite pour la déforestation !
En voulant faire ratifier par les pays membres de l’Union européenne l’accord de libre-échange qu’elle vient de signer avec les pays du Mercosur, Ursula Von der Leyen agit en faveur de l’augmentation des émissions globales de CO2. Car la mise en place de cet accord se traduirait par un nouveau recul des superficies de la forêt en Amazonie ; y compris via des incendies criminels dans le but de cultiver de nouvelles terres pour exporter toujours plus de viandes, de sucre de canne, de maïs et de soja en Europe. Mais il se dit que la présidente libérale de nationalité allemande attend de cet accord qu’il favorise les exportations industrielles de l’Allemagne en Amérique du sud.
Dans la France du président Macron, la baisse des émissions de CO2 a été de 2,4% sur les neuf premiers mois de l’année 2024 contre -5,8% sur l’ensemble de l’année 2023. Mais on a constaté une hausse de ces émissions de +0,5% entre juillet, et septembre l’an dernier. En cette année olympique, cela semble correspondre aux mois de vacances avec beaucoup de déplacements de touristes en voiture.
En Espagne, les émissions auraient augmenté de 0, 9% sur l’ensemble de l’année dernière, selon l’observatoire OTEA. Du coup, ce pays promet une baisse annuelle de -5,7% pour les six prochaines années. Pour l’ensemble des pays membres de l’Union européenne la baisse des émissions de gaz à effet de serre (GES) serait de -3,8% en 2024, contre – 8% en 2023. Voilà des chiffres qui nous éloignent de la neutralité carbone promise pour 2050 dans l’Union européenne.
Alors que l’année 2025 débute avec des températures moyennes nettement plus basses que les années présentes, on verra dans quelques mois les conséquences en émissions de gaz à effet de serre des systèmes de chauffage dans l’habitat , les bureaux , les commerces et les sites de production . Les industriels du pétrole annoncent pour cette année de gigantesques projets d’investissements dans l’extraction. Le retour de Donald Trump à la Maison Blanche accélère cette tendance.
Quand la voiture électrique patine
Présentée par la Commission européenne comme la solution miracle pour réduire les émissions de CO2, la vente des voitures électrique chute sensiblement dans les pays membres de l’Union européenne, à commencer par l’Allemagne. Selon une étude faite par les analystes de Morgan Stanley , les hausses des prix des voitures électriques de 20% depuis la sortie du Covid 19 ont fait chuter les ventes de 20%. Cela nous vaut ce commentaire des analystes de Morgan Stanley :
« Nous prévoyons que les constructeurs continuent d’utiliser à plein leurs filiales de financement pour rendre leurs véhicules électriques moins onéreux pour les clients tout en maintenant le prix facial de leurs véhicules et en conservant leurs marges opérationnelles. Cela aurait toutefois un impact sur les indicateurs financiers des groupes ».
A partir de ce constat, on imagine que la délocalisation de certaines chaînes de montage comme de fabrication des pièces et des batteries dans des pays à bas coûts de main d’œuvre sera mise en place dans des grandes firmes comme Stellantis. Ce qui augmentera le bilan carbone de la construction de chaque voiture équipée d’un moteur électrique. Nous reviendrons sur les risques et les contradictions de cette conversion accélérée aux véhicules électriques dans nos deux prochains articles.
Tribune de Gérard Le Puill publiée dans l'Humanité