Musk est d'abord un colosse aux pieds d'argile. En politique comme en business !
La démolition de l’administration fédérale à laquelle se livrent les équipes d’Elon Musk à Washington n’est pas sans rappeler l’épuration qui avait suivi la promulgation le 7 avril 1933 par les nazis de leur loi sur la « restauration de la fonction publique », avec une vague inédite de révocations de fonctionnaires jugés indésirables parce que juifs ou politiquement hostiles. Première étape d’une mise au pas de la société allemande qui conduisit au pire.
Il faut espérer que dans cette terrifiante répétition, la farce finisse par l’emporter sur la tragédie. Rien n’est écrit. Derrière les assauts de l’orwellien Department of Government Efficiency (Doge, département de l’efficacité gouvernementale) contre la bureaucratie, c’est moins la toute-puissance que la cupidité de l’homme le plus riche du monde, les conflits d’intérêts entre le PDG et le politicien dans leur expression la plus triviale qui se dévoilent au grand jour.
Au cours des dix dernières années, Elon Musk a signé avec 17 agences fédérales des contrats pour un montant de 16 milliards d’euros. Parmi les administrations qu’il s’emploie aujourd’hui à démanteler, celles qui conduisent des investigations sur ses affaires sont en première ligne… L’hubris est à la mesure des déboires économiques accumulés par le milliardaire, soucieux de sauver ses profits.
Partout dans le monde, les ventes de véhicules électriques Tesla sont en chute libre. Malgré les louanges orchestrées sur les prouesses techniques de SpaceX, l’explosion spectaculaire de la fusée Starship au-dessus des Bahamas, le 16 janvier, a sérieusement plombé ses mégalomaniaques promesses d’odyssées martiennes et de voyages spatiaux pour ultrariches. Starlink, la filiale satellite de SpaceX, dévore plus de liquidités qu’elle n’en génère.
Et de l’aveu même d’Elon Musk, le réseau social X, malgré la caisse de résonance qu’il offre à ses idées néofascistes, « atteint à peine le seuil de rentabilité ». La valeur de X s’est écroulée depuis son rachat ; annonceurs et usagers fuient.
Et à Wall Street, Londres ou Paris, les banques viennent de se délester de plus de 5 milliards de créances potentiellement douteuses sur les 13 milliards de dettes contractées par le magnat pour le rachat de la plateforme, fin 2022.
Elon Musk n’a rien d’invincible. C’est un colosse aux pieds d’argile. En politique comme pour le business. |
Rosa Moussaoui, |
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