Gaza : Trump et Netanyahou, main dans la main pour aller jusqu’au bout

Publié le par Les communistes de Pierre Bénite

Cette nouvelle offensive militaire d’Israël menace d’être encore plus meurtrière et destructrice que la précédente qui a causé la mort de plus de 44 000 Palestiniens (sans compter les corps qui se trouvent toujours sous les décombres). © Pool Abaca

Cette nouvelle offensive militaire d’Israël menace d’être encore plus meurtrière et destructrice que la précédente qui a causé la mort de plus de 44 000 Palestiniens (sans compter les corps qui se trouvent toujours sous les décombres). © Pool Abaca

L’offensive israélienne dans la bande de Gaza, commencée dans la nuit du 17 au 18 mars, a signé la fin du cessez-le-feu. Une nouvelle guerre qui pourrait être plus dure encore. Tel Aviv, avec le soutien de Washington veut en finir avec la question palestinienne.

 

L’alignement des planètes qui donne toutes les libertés à Netanyahou ne doit rien au hasard. Dans l’histoire contemporaine on a rarement vu pire machiavélisme, tromperie et fourberie de la part d’un dirigeant politique. Le premier ministre israélien est redoutable. Il n’y a qu’à voir comment il a su se servir de l’accord de cessez-le-feu conclu le 16 janvier avec le Hamas, pour pouvoir non pas avancer vers une cessation totale des hostilités mais au contraire redisposer ses forces militaires et politiques afin de poursuivre son but : en finir avec la question palestinienne. Pour cela, il fallait briser le cessez-le-feu.

 

Dans la nuit du 17 au 18 mars, de façon aussi brutale qu’inattendue, il a de nouveau bombardé massivement la bande de Gaza notamment au nord. Plus de 500 Palestiniens, civils, dont 190 mineurs ont été tués. Ce n’était que le début. L’armée israélienne a annoncé jeudi 20 mars qu’elle étendait son opération au sol dans le sud du territoire palestinien.

 

Cette nouvelle offensive militaire d’Israël menace d’être encore plus meurtrière et destructrice que la précédente qui a causé la mort de plus de 44 000 Palestiniens (sans compter les corps qui se trouvent toujours sous les décombres). Cette opération poursuit des objectifs plus vastes et surtout avec beaucoup moins de contraintes. Ces dernières n’étaient pourtant guère nombreuses auparavant.

 

Le 20 mars, l’armée a interdit toute circulation sur la route Salaheddine, le principal axe routier courant du nord au sud de la bande de Gaza. Pour fuir la partie septentrionale, des centaines de Palestiniens ont alors emprunté la route Al-Rashid, qui longe la côte, vers le sud, certains à pied, d’autres en charrettes, chargés de quelques affaires.

 

Aucune restriction pour Tel Aviv

 

Le porte-parole du gouvernement israélien, David Mencer, a affirmé le même jour que l’armée « contrôlait désormais le centre et le sud de Gaza » et créait une zone tampon « entre le nord et le sud ». Ce qui n’est autre que la remise en cause de tout ce qu’Israël avait été contraint d’accepter le 16 janvier.

 

Le président états-unien a fait savoir qu’il soutenait totalement l’action israélienne qui va dans le sens de sa vision pour la bande de Gaza : une zone débarrassée de ses citoyens Palestiniens. 

 

Deux millions de personnes priées d’aller voir en Égypte ou en Jordanie pour se reloger et laisser la place à un vaste complexe touristique. Trump a marqué son désintérêt pour le cessez-le-feu il y a quelques semaines, lorsqu’il a déclaré que celui-ci devrait être annulé si le Hamas ne libérait pas immédiatement tous les Israéliens que le groupe palestinien détenait.

 

De même, une brève tentative de la Maison Blanche de négocier directement avec le Hamas a été abandonnée après avoir suscité la colère d’Israël. L’envoyé de Trump au Moyen-Orient, Steve Witkoff, a ensuite imputé la rupture de la trêve au Hamas, qui n’avait pas accepté les propositions de libération immédiate des Israéliens.

 

Or, au contraire, le Hamas, affaibli (il n’a tiré que trois roquettes vers Israël depuis le 18 mars), n’a d’autre choix que la prolongation d’un cessez-le-feu durable et l’échange des Israéliens qu’il détient contre des Palestiniens emprisonnés en Israël. Ce n’est qu’à ses conditions que la libération des Israéliens restant à Gaza pourra avoir lieu. Mais c’est ce que prévoit l’accord de cessez-le-feu du 16 janvier.

 

L’administration états-unienne n’a donc imposé aucune restriction à Tel Aviv. Elle n’a pas critiqué la décision d’Israël de boucler à nouveau Gaza, de se retirer unilatéralement de l’accord de cessez-le-feu dont Trump s’attribue pourtant le mérite, ni de mener des frappes qui ont tué des centaines d’hommes, de femmes et d’enfants.

 

Un scénario écrit par Israël et les États-Unis

 

Parallèlement et paradoxalement, en reprenant la guerre, Netanyahou renforce sa majorité en permettant à une partie de l’extrême droite, celle de Itamar Ben Gvir, de réintégrer le gouvernement après l’avoir quitté pour protester contre l’accord de cessez-le-feu. Bezalel Smotrich, le ministre des Finances avait gardé son poste, mais faisait pression, lui aussi, pour une reprise de la guerre, l’expulsion des Palestiniens et le retour des colons à Gaza vingt après. Netanyahou a également limogé ou contraint à la démission plusieurs hauts responsables qui semblaient plus ouverts à un accord pour la libération des Israéliens toujours captifs.

 

Depuis des mois, leurs familles, accompagnées de milliers de manifestants se rassemblent régulièrement dans le centre-ville de Jérusalem et de Tel-Aviv. Ils bloquent les principaux axes routiers et affrontent la police pour tenter de faire pression sur Netanyahou afin que ce dernier respecte la trêve ce qui permettrait le retour de leurs proches. En relançant la guerre, le premier ministre leur a lancé un message : vous ne comptez pas.

 

C’est pourquoi il faut s’attendre – si rien n’est fait pour stopper Israël – à une poursuite intensive du génocide à Gaza et du nettoyage ethnique en Cisjordanie. D’où le ton des ministres israéliens. « Si tous les otages israéliens ne sont pas libérés et que le Hamas n’est pas expulsé de Gaza, Israël agira avec une intensité que vous n’avez jamais vue », a déclaré mercredi 19 mars le ministre de la Défense, Israël Katz.

 

« Libérez les otages et expulsez le Hamas, et d’autres options s’ouvriront à vous, y compris l’exil dans d’autres régions du monde pour ceux qui le souhaitent. L’alternative est la destruction et la dévastation totales. » L’idée même que les Palestiniens puissent rester chez eux n’existe pas dans l’esprit des dirigeants israéliens qui pourrait encore accélérer leur entreprise génocidaire.

 

« Si l’organisation terroriste du Hamas continue à refuser de libérer les otages, j’ai donné pour instruction (à l’armée) de s’emparer de zones supplémentaires, d’évacuer la population et d’étendre la zone de sécurité autour de la bande de Gaza pour la protection des communautés israéliennes et des soldats (israéliens), grâce à une prise de contrôle permanente de la zone par Israël », a ajouté le même ministre, dans un communiqué relayé par la presse vendredi 21 mars.

 

Le Hamas a appelé, le 20 mars, la Ligue arabe et l’Organisation de la coopération islamique (OCI) à faire pression pour « mettre fin au génocide » dans la bande de Gaza. Le chef de l’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa), Philippe Lazzarini, a déploré jeudi « un déchaînement sans fin des épreuves les plus inhumaines » pour la population, assiégée et frappée par une crise humanitaire majeure. Cinq membres de l’Unrwa ont été tués cette semaine, portant à 284 le nombre de personnels tombés pendant la guerre.

 

Le scénario écrit par Israël et les États-Unis apparaît comme bien ficelé. Outre le fait accompli de la rupture du cessez-le-feu, Washington et Tel Aviv ont pris soin de museler toute opposition à leur projet. Emmanuel Macron a bien annoncé qu’il se rendrait en Égypte les 7 et 8 avril où il entend échanger notamment sur le plan arabe pour la reconstruction de Gaza. Le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, a rappelé que la France s’opposait à toute annexion de la bande de Gaza par Israël.

 

Mais l’Europe, embarqué dans un bras de fer avec Trump semble bien incapable d’imposer d’autres choix, si tant est qu’elle le veuille. Car la situation ne requiert pas des mots mais des actes concrets comme la prise de sanctions contre Israël, l’arrêt de livraisons de toutes armes ou composants utilisés par l’armée, l’exécution du mandat d’arrêt émis par la Cour pénale internationale (CPI) à l’encontre de Netanyahou. 

 

Et surtout, Emmanuel Macron devrait annoncer la reconnaissance de l’État de Palestine. Ce serait là un véritable acte politique susceptible de faire bouger les lignes.

 

Pierre Barbancey Article publié dans l'Humanité

Publié dans Moyen Orient, Israël, Palestine

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