l’Azerbaïdjan et l’Arménie s’entendent sur un accord de paix
Un soldat russe des forces de maintien de la paix contrôle les véhicules quittant le Haut-Karabakh via le corridor de Lachin, le 2 octobre 2023. © Russian Defence Ministry / TASS / ABACA
L’Azerbaïdjan et l’Arménie ont annoncé, jeudi 13 mars, qu’un « accord de paix » est « prêt à être signé », mettant un terme à trois décennies de conflit entre les deux pays du Caucase. Le sort de la région du Haut-Karabakh, au cœur des tensions, est au centre des dernières négociations, avant qu’une date soit décidée pour la ratification de l’accord.
Après trois décennies de conflit, dont deux guerres, l’Azerbaïdjan et l’Arménie ont acté, jeudi 13 mars, une avancée majeure vers un « accord de paix ». Ce dernier serait ainsi « prêt à être signé », annonce la diplomatie arménienne. « Le processus de négociations sur le texte de l’accord de paix avec l’Arménie a été conclu », a confirmé le ministre azerbaïdjanais des Affaires étrangères, Jeïhoun Baïramov. Reste à définir la date et le lieu de la signature.
Signe de tensions néanmoins, l’Arménie a reproché dans son communiqué à l’Azerbaïdjan d’avoir fait une annonce « unilatérale », alors qu’elle souhaitait qu’elle soit « commune ». Le premier ministre arménien, Nikol Pachinian, a cependant salué un « événement important ».
« Trois générations qui considèrent l’autre camp comme l’ennemi »
« Ces deux voisins n’ont jamais établi de relations diplomatiques, ne font pas de commerce et leurs citoyens ne peuvent pas se rendre visite librement, rappelait Olesya Vartanyan, la spécialiste du Caucase à l’International Crisis Group. Les deux pays ont désormais élevé trois générations de personnes qui considèrent l’autre camp comme l’ennemi. » L'accord de paix pourrait sceller un retournement majeur et historique dans la région.
Pour rappel, l’Azerbaïdjan et l’Arménie se sont combattus dans deux guerres, l’une à la chute de l’URSS, en 1991, remportée par l’Arménie et l’autre en 2020, gagnée par l’Azerbaïdjan. Celles-ci portaient sur le contrôle de la région du Haut-Karabakh. Les forces azerbaïdjanaises l’ont finalement reprise dans sa totalité aux séparatistes arméniens en septembre 2023, après une offensive militaire éclair.
La Russie, l’Union européenne et les États-Unis ont tous, à divers moments, participé à des efforts de médiation. L’Arménie et l’Azerbaïdjan se sont aussi retrouvés face à la Cour internationale de justice (CIJ) en octobre 2023. Les premiers accusaient alors les seconds d’entreprendre une campagne de « nettoyage ethnique » pour débarrasser le Haut-Karabakh de sa population arménienne.
L’exode de 100 000 civils
Des affirmations rejetées par Bakou, qui appelait les résidents arméniens du territoire à rester et à « se réintégrer » en Azerbaïdjan. L’offensive de septembre 2023 a poussé à l’exode la quasi-totalité de la population arménienne, soit quelque 100 000 civils.
Les négociations bilatérales ayant abouti jeudi 13 mars durent depuis des années et ont été marquées par des périodes d’avancées comme de grandes tensions. C’est en janvier 2025 que le 1er ministre arménien, Nikol Pachinian, a annoncé un progrès significatif, soulignant que deux articles du traité de paix restaient alors en suspens. Le chef de la diplomatie azerbaïdjanaise avait, de son côté, assuré que l’Arménie avait « accepté les propositions de l’Azerbaïdjan » sur ces points.
Bakou, plus riche et mieux armé que sa voisine – grâce à sa manne pétrolière et à son alliance avec la Turquie -, attend désormais que l’Arménie amende sa Constitution, qui fait référence à sa déclaration d’indépendance, un document mentionnant les vues d’Erevan sur le Haut-Karabakh.
L’Arménie a déjà reconnu la souveraineté azerbaïdjanaise sur cette région montagneuse que les deux pays considèrent comme centrales dans le contexte de leur histoire et d’où la population ethniquement azerbaïdjanaise avait fui dans les années 1990 après la victoire militaire arménienne. Bakou ambitionne une intégration à l’Union européenne.