Les médecins Padhue en grève de la faim pour combattre la précarité !

Publié le par Les communistes de Pierre Bénite

 

Face au manque de dialogue et à la suppression de 20 % des places au concours leur permettant de travailler en France, les Padhue, ces médecins étrangers essentiels au système de santé, ont entamé un mouvement radical pour alerter sur leur détresse.

 

Le 16 janvier 2024, Emmanuel Macron plaidait pour régulariser nombre de médecins étrangers qui tiennent à bout de bras « nos services de soins », afin de lutter contre les déserts médicaux. 

 

Mais, un an plus tard, les promesses peinent toujours à se concrétiser. Ce mercredi 5 mars, près de 300 praticiens à diplôme obtenu hors de l’Union européenne (Padhue), sur les 5 000 à exercer en France, ont débuté une grève de la faim pour dénoncer l’absence de régularisation et la précarité de leur statut, a indiqué l’association Intégration des praticiens à diplôme étranger engagés contre la crise (Ipadecc).

 

« Nous ne mettons pas nos vies en danger pour le plaisir. C’est notre seul moyen de lutte. Nous ne pouvons pas nous permettre des débrayages ou des grèves classiques sur notre temps de travail sous peine d’être expulsés à la fin de nos contrats », lance Abdelhalim Bensaïdi, vice-président de l’Ipadecc, dont le contrat expire dans vingt jours. Alors qu’ils font face à des imbroglios administratifs freinant la régularisation de leur situation et à de faibles rémunérations, les résultats des dernières épreuves de vérification des connaissances (EVC) qui octroient aux Padhue le droit de travailler en France ont attisé les braises.

 

Des candidats recalés malgré des notes au-dessus de la moyenne

 

De fait, un médecin de nationalité étrangère à l’Union européenne, souhaitant travailler en France et qui dispose déjà d’un diplôme non européen, doit s’inscrire au concours des EVC. Or, pour le concours 2024, 20 % des places qui devaient être attribuées n’ont pas été accordées. Sur les 4 000 postes ouverts, seuls 3 235 candidats ont été admis sur la liste principale, et 638 candidats sont sur liste complémentaire.

 

Certains participants ont essuyé des échecs malgré des notes au-dessus de la moyenne. Cela a été le cas d’Abdelhalim Bensaïdi. Candidat aux EVC en médecine générale, ce diabétologue à l’hôpital de Nanterre a obtenu la note de 11,5 et a été recalé. « On m’exclut avec 11,5 alors qu’il restait 296 postes dans ma spécialité. Puis, derrière, on prend des réfugiés politiques avec 10 de moyenne. Cela n’a pas de sens », s’agace-t-il en dénonçant une « gestion opaque du concours ». Pourtant, en l’absence d’une réussite à aux EVC, les Padhue se retrouvent de nouveau face à la menace de ne pas être régularisés.

 

Déjà en janvier, l’Ipadecc avait alerté dans une lettre adressée à Emmanuel Macron, au premier ministre et au ministre délégué chargé de la Santé, Yannick Neuder, sur ces pertes de chances pour les Padhue, appelant à réformer leur statut et à en finir avec leurs examens aux quotas « discutables ». Après un premier entretien la semaine dernière, une nouvelle réunion visant à trouver un accord entre les différentes parties prenantes s’est tenue mardi, sans aboutir, selon l’association.

 

« Jamais le ministre de la Santé n’a été présent à ces réunions. Il nous supprime des postes aux EVC d’une façon arbitraire et nous demande de repasser l’année prochaine. Nous n’allons pas nous arrêter là », assène Abdelhalim Bensaïdi. 

 

Ainsi, les Padhue en grève « illimitée » continueront d’assurer les soins dans leurs établissements, mais ils se mobiliseront tous les week-ends devant le ministère de la Santé, dès 10 heures du matin, à compter de ce samedi 8 mars.

 

Samuel Eyene  Article publié dans l'Humanité

Publié dans santé, Luttes sociales

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