Préférence européenne sur la défense ? De l’enfumage et de la tromperie
Les décisions du Conseil européen du 20 mars sur l’instauration supposée d’une « préférence européenne » en matière de défense sont de l’enfumage et de la tromperie.
L’annonce faite hier déclare que 65% des composants achetés avec l’enveloppe de 150 milliards d’euros de fonds supplémentaires de l’UE devront être produits par des entreprises européennes ou éventuellement sur le sol européen. Cela ne porte pas sur les dépenses nationales.
C’est un tour de passe-passe qui entérine la soumission de l’UE aux intérêts des marchands de canon, en piétinant une fois de plus l’exigence de sécurité des peuples qui repose sur une politique de paix et sur la construction d’un espace européen de sécurité collective hors de l’OTAN.
Cela entérine le fait que 35% des fonds de l’UE profiteront aux industries américaines, soumises au Patriot Act, britanniques ou turques. L’UE finance donc les intérêts de Trump et d’Erdogan.
Cette décision, sous le nom ronflant de « préférence européenne », confirme en réalité le contraire. La France a reculé : elle abandonné dès novembre 2024 son opposition initiale à l’accès des entreprises extra-européennes aux achats d’armement par l’UE.
De plus, sont exclues de cette « préférence européenne » toutes les initiatives concernant l’IA et la défense antiaérienne, pour lesquelles les Etats-Unis bénéficient d’une prééminence. Cela porte par exemple sur les dépenses faites dans le cadre de l’initiative « Sky Shield » qui regroupe 21 pays européens autour de l’Allemagne.
La politique de défense que nous portons nécessite la construction d’un pôle public de défense, au service des besoins capacitaires de la défense nationale, et non pour le surarmement, en toute indépendance de l’OTAN et des États-Unis, et non au service des intérêts capitalistes de l’exportation d’armes.
Notre ambition doit aller de pair avec une grande politique de renouveau industriel de la France, et de l’Europe. Cela implique de déployer les investissements nécessaires en lien avec les travailleurs des industries stratégiques. Des coopérations européennes sont nécessaires, pour construire des alternatives aux GAFAM et à Starlink, notamment dans le domaine spatial avec Galileo et Iris2.
Paris, le 22 mars 2025
Parti communiste français